par Jean-Jacques Reboux, ex-directeur des
éditions Après la Lune,
premier éditeur en France de Yasmina Khadra
premier éditeur en France de Yasmina Khadra
Se faire entuber n’est pas chose agréable. Le reconnaître
moins encore. C’est avouer qu’on a pêché par excès de confiance, par naïveté,
voire par bêtise. À présent que j’ai mis fin à mes activités de petit éditeur
indépendant, j’ai décidé, non sans quelque hésitation, de narrer ma
collaboration douloureuse avec l’écrivain mondialement reconnu, célébré,
traduit dans 43 langues, Yasmina Khadra, dont je fus, que cela lui plaise ou
non (et cela lui déplaît profondément),
le premier éditeur en France, et qui devint, douze ans plus tard, mon associé
dans une entreprise qui connut ses heures de gloire et vient de fermer ses
portes, après 7 ans d’exercice et 69 titres publiés : les éditions Après
la Lune.
Entuber. Formule triviale, que j’emploie à
dessein tant elle est en adéquation avec la rhétorique caporaliste du
commandant Khadra lorsqu’il se met en colère, ce qui est fréquent, pour des
raisons pas toujours dignes des nobles causes qu’il prétend défendre. Yasmina
Khadra, c’est un peu la Mamie Nova de la littérature, on ne lui dit pas merci,
on ne l’aime jamais assez, on l’accuse de tous les maux. Mais il ne se laisse
pas faire. Dès qu’il y a un pet de travers, c’est plus fort que lui, il s’énerve,
souffre et endosse l’habit du martyr. Critiques, éditeurs, journalistes,
chroniqueurs, tous sont suspects et en prennent pour leur grade. Leur
faute ? Refuser de reconnaître à sa juste valeur son génie, qui est
immensissime, comme l’ignorent encore quelques indécrottables béotiens au
mauvais goût navrant, complices (il n’y a pas de hasard) de l’abominable
complot littéraire dont il est victime de la part des organisateurs des prix littéraires, à tel point que, se prenant à rêver d’un destin à la Émile
Ajar, il décida de confondre les larrons en publiant en 2004 chez Fayard un faux premier
roman, Frenchie, sous le pseudo
Benjamin Cros. Mais n’est pas Romain Gary qui veut, et le feu d’artifice
agonisa dans le ciel germanopratin tel un pétard mouillé. Ne parlons même pas
ici des accusations de plagiat dont il est l’objet (Tahar Ouettar et Youcef Dris, dont Les amants de Padovani auraient été allègrement pillés dans Ce que le jour doit à la nuit), ou des affreux ragots colportés contre
lui par la terrible ministre de la Culture algérienne.
Youcef Dris |
Yasmina Khadra,
personne ne l’aime, mais il est le seul à le savoir
Il lui faut par conséquent le crier sur les toits, en se
gardant d’y mettre les formes. Il a beau avoir quitté l’armée algérienne,
lorsqu’il s’agit de prendre l’ascendant sur le militaire Mohamed Moulessehoul
qu’il est resté, l’écrivain Yasmina Khadra est à la peine. Il lui manque pour
cela un petit quelque chose, qui
pourrait s’appeler humilité, modestie voire, tout simplement, humanité. Comme souvent les mégalomanes, les paranoïaques,
les pervers narcissiques, les persécutés, notre grand incompris souffre d’un
mal pernicieux, encore méconnu (la psychologie a encore de beaux jours devant
elle) : le « syndrome de Hulk », du nom de ce super-Zorro
hypersensible que les injustices font exploser de verdeur. Mais revenons quelques années en arrière. Seize ans
exactement. À l’époque où je fus amené à entendre sa voix. Une époque où
personne en France ne connaissait son existence. Encore moins sa véritable
identité.
La voix de Yasmina
Khadra
La première fois que j’entendis la voix de Yasmina Khadra,
c’était au téléphone, et la voix était celle de sa femme. C’était en 1997, je
travaillais alors aux éditions Baleine, dont le succès insolent de la
collection Le Poulpe avait permis de racheter Canaille, la maisonnette d’édition que j’avais bâtie de mes propres mains en 1992. La dernière
fois que je l’ai entendue, c’était sur mon répondeur téléphonique, en juin 2013.
Le ton avait résolument changé. La voix douce était fielleuse, la menace
tangible : « Si tu ne me rends pas les droits de La rose de Blida, je vais être obligé de te faire un procès. » J’avais collectionné les procès depuis 2006 (un 1er contre un flic pour outrage, un 2e contre l’Opus Dei pour
diffamation, un 3e contre une ex-flic devenue romancière), et bien
qu'averti de la forfanterie belliqueuse du monsieur (je ne suis pas le seul
de ses éditeurs qu’il ait menacé de procès), qui m’avait auparavant traité
d’escroc, je lui rendis les droits qu’il me réclamait, portant sur la cession
en poche de La rose de Blida (et autres
nouvelles). Ce qui me mit en fâcheuse posture avec l’éditeur, Univers Poche, qui m’avait
versé une confortable avance, dont je n’avais reversé à l’auteur, pour cause de
trésorerie défaillante, qu’un tiers de la part qui lui revenait. Entre ces deux moments, treize ans ont passé. Le cadet en
culottes courtes de Blida est devenu un écrivain célébré dans le monde entier.
Flash-back.
Morituri, histoire d’un manuscrit explosif
1997, donc. Lors d’un cocktail des éditions Baleine, une journaliste du Figaroscope, excellente connaisseuse de l’Algérie, me tend un manuscrit au titre prometteur, Morituri. « Lis ça, c’est génial. Ça dit tout sur l’Algérie actuelle ! Gallimard devait le publier mais ils ont la trouille des GIA, ces cons ! » L’attentat de Saint-Michel, attribué au GIA algérien, était tout frais, et si les grands éditeurs ont les moyens financiers de leurs ambitions, il arrive que le courage leur fasse défaut. Intrigué, je dévore le roman dans la nuit. Bluffé, j’en parle à Antoine de Kerversau, patron des éditions Baleine, qui me donne le feu vert. Le calendrier de la collection que je dirigeais [Canaille/Revolver] étant complet pour de longs mois, nous décidons de le publier très vite dans une autre collection.
À l’époque, Internet n’existait pas, la seule façon de communiquer avec Amal B. (le nom figurant sur le manuscrit) était le téléphone et le fax. Je disposais d’un numéro à Oran, avec créneau horaire limité : le mardi en début d’après-midi. La voix de celle qui ne se faisait pas encore appeler Yasmina Khadra était peu assurée. On la sentait confrontée à une situation qui la dépassait, dans un pays miné par la tragédie et la paranoïa. Et pour cause, c’était l’épouse de l’écrivain, que j’aurai au téléphone cinq ou six fois en deux mois. Cela, nous ne le sûmes que plus tard. Toujours est-il que Morituri parut, très vite suivi de Double blanc et L’Automne des chimères. Relayées par une couverture médiatique de choc, les aventures du commissaire Llob captivèrent des dizaines de milliers de lecteurs, les droits poche rachetés par Folio, tandis que le rideau se levait peu à peu sur l’identité de l’auteure, qui avait pris comme pseudonyme les 2e et 3e prénoms de sa femme, Yamina Khadra, que je pris, pour la petite histoire, la liberté de transformer en Yasmina, pour des raisons de sonorité.
À l’époque, Internet n’existait pas, la seule façon de communiquer avec Amal B. (le nom figurant sur le manuscrit) était le téléphone et le fax. Je disposais d’un numéro à Oran, avec créneau horaire limité : le mardi en début d’après-midi. La voix de celle qui ne se faisait pas encore appeler Yasmina Khadra était peu assurée. On la sentait confrontée à une situation qui la dépassait, dans un pays miné par la tragédie et la paranoïa. Et pour cause, c’était l’épouse de l’écrivain, que j’aurai au téléphone cinq ou six fois en deux mois. Cela, nous ne le sûmes que plus tard. Toujours est-il que Morituri parut, très vite suivi de Double blanc et L’Automne des chimères. Relayées par une couverture médiatique de choc, les aventures du commissaire Llob captivèrent des dizaines de milliers de lecteurs, les droits poche rachetés par Folio, tandis que le rideau se levait peu à peu sur l’identité de l’auteure, qui avait pris comme pseudonyme les 2e et 3e prénoms de sa femme, Yamina Khadra, que je pris, pour la petite histoire, la liberté de transformer en Yasmina, pour des raisons de sonorité.
Les années passèrent. Licencié des éditions Baleine en 1998
pour cause d’explosion en plein vol du Poulpe, je plaçai en 2000
un 4e roman de Khadra chez Flammarion (Le dingue au bistouri). Mes contacts avec l’auteur, qui avait
regagné la France en passant par le Mexique et était désormais publié chez
Julliard, s’espacèrent. Jusqu’à ce que nous nous retrouvions au salon du livre
de Paris. Puis au salon du polar de Montigny-les-Cormeilles 2005, où La part du mort venait d’être primé. Je
lui parlai de mon projet fou de monter une maison d’édition et lui demandai un
texte. Il accepta chaleureusement, heureux de donner un coup de pouce à son
premier éditeur en France. La Rose de
Blida paraîtra en mars 2006 dans la merveilleuse collection La
Maîtresse en maillot de bain, qui s’intéressait aux « petits
arrangements avec l’enfance » et n’eut hélas pas le succès qu’elle méritait,
en raison notamment de son petit format et de son manque de visibilité en
librairie. Deux ans passèrent.
Juin 2007. Les éditions Après la Lune, criblées de dettes,
essoufflées, malgré quelques jolis succès, sont sur le point de fermer boutique
lorsqu’un coup de tonnerre surgit. L’Opus Dei, s’estimant diffamée par le
roman Camino 999 de Catherine
Fradier, envoie les huissiers. Branle-bas de combat. Souscription pour payer
l’avocat. Soutien décisif du cabinet de lecture de Rue 89. Passé l’état de
choc, nous nous défendîmes. Grâce à la publicité engrangée par ce procès très
médiatisé, qui s’étalera sur plus d’un an et demi [l’Opus Dei perdra en appel
en janvier 2009] et à l’obtention sur la lancée du prix Polar SNCF, les dettes
furent remboursées en trois mois. Les affaires reprirent. Hélas trop timidement
pour permettre aux éditions de rebondir, encore moins de payer leur unique
salarié (ma pomme) qui se faisait exploiter par le gérant (ma pomme) en
travaillant bénévolement depuis plusieurs années. C’est alors qu’eut lieu un
second coup de théâtre.
YK, le retour
Printemps 2010. Après moult procrastination, j’appelle Yasmina
Khadra, dont je gardais au fond de mon portefeuille le courriel plein de
prévenance qu’il m’avait envoyé un jour où, terrassé par le burning-out, je lui
disais ma lassitude de faire vivre un maison d’édition dans des conditions
aussi précaires. Il me reçut dans son bureau, au 7e étage du Centre
culturel algérien, dont il avait été nommé directeur par le président
Bouteflika, qui ne se déplaçait pas encore en fauteuil roulant. L’homme n’avait
pas changé. Il avait toujours au fond des yeux cette fronde pétillante et
malicieuse qui m’avait séduit lors de nos premières rencontres. Il était
content de me revoir. Moi aussi. Dans le feu de la conversation, il me proposa
– ô miracle ! – d’investir de l’argent dans les éditions Après la Lune,
afin de leur donner un nouveau souffle. « Tu auras un bureau, une attachée
de presse, un salaire, je te donnerai un roman inédit… » YK racheta les
parts de la moitié de mes 26 associés, entra dans le capital à hauteur de 29 %,
promit de donner un peu d’air à la SARL en lui prêtant quelques milliers d’euros
puis me fit part de son vieux rêve : créer une collection de littérature
qui donnerait leur chance à des écrivains algériens connus au pays mais inconnus en France. « Je l’appellerai Bel Horizon ! [nom
touristique donné à sa bonne ville d’Oran] Nous irons en faire la promotion au
salon du livre d’Alger ! Tu viendras avec moi ! Le ministère de la
Culture algérien nous achètera plusieurs centaines de livres pour les
bibliothèques. » [Entretemps, l’homme s’est fâché tout cru avec la
ministre, et ça ne s’est pas arrangé.] Depuis toujours passionné par l’Algérie, sa littérature, son
histoire (la guerre d’Algérie est au cœur de mon roman Le massacre des innocents), je me faisais une joie de fouler le sol
de ce pays. Faut-il préciser que je n’y ai jamais mis les pieds, pas plus que
je n’ai vu la couleur ni de l’argent, ni du roman inédit promis. Pas plus que
la concrétisation des autres projets alléchants qu’il m’avait fait miroiter
(rachat par un grand éditeur, puis par un richissime homme d’affaires
algérien).
La bonne foi m’oblige à préciser qu’il se trouva à l’époque
quelques amis pour me dissuader de pareille association. « Ne va pas te mettre dans les pattes
de Khadra ! L’anar et le militaire, vous n’êtes pas faits pour vous
entendre ! » Jusqu’à cette insulte au vitriol envoyée via
Facebook par la journaliste qui m’avait confié le manuscrit de Morituri, m’accusant de collusion avec
le « collabo-traître à la solde de Bouteflika ». D’un naturel têtu,
peu méfiant, et surtout alléché par la belle aventure qui se profilait et
allait me permettre d’effectuer dans des conditions décentes ce travail
d’éditeur qui me passionnait, en me versant de nouveau un salaire (ce dont le
sieur Khadra, je le compris un peu tard, se contrefichait allègrement), je
décidai de foncer. J’étais d’autant plus confiant que « l’ami »
Khadra m’abreuvait avec une belle constance de
ses jérémiades sur son éditeur Julliard, accusé de ne pas être à la hauteur de
l’immense écrivain qu’il était. Il ne faisait pour moi aucun doute que mon
nouvel associé s’inspirait de l’initiative de l’écrivain suédois Henning Mankel, lequel,
profitant de sa célébrité, créa sa propre maison d’édition, Leopart förlag, et déclarait
à L’Express : « J'avais le même éditeur depuis trente ans et
je ne voulais plus que tout cet argent continue à passer uniquement dans les
poches des riches. Il faut que les revenus des livres soient investis dans de
nouveaux livres. » De toute évidence,
mon associé allait mettre le paquet pour, primo, renflouer la maison, secundo, lui
permettre de prospérer, tierco, en tirer de subtantiels bénéfices, quarto,
donner leur chance à des inconnus. Il me faudra quelque temps pour comprendre qu’entre
les paroles et les actes il y avait un fossé : celui de l’argent.
Un homme
profondément désintéressé par l’argent
L’argent, on le sait, est, avec la soif éperdue de
reconnaissance, l’une des plus lancinantes fixations de Yasmina Khadra. Pas un
débat, une interview où la chose ne revienne en force, alors que personne à ma
connaissance ne lui a jamais reproché de gagner confortablement sa vie grâce à ses livres.
C’est ainsi qu’annonçant en novembre 2013 sa candidature aux élections présidentielles
algériennes de 2014, avant même d’évoquer son programme (son non-programme,
diront les mauvais esprits), il clamait : « Je ne m’intéresse pas à
l’argent. » Je peux, quant à moi, témoigner que cet homme-là ne
s’intéresse pas, mais alors pas du tout, à l’argent. Tenez… Même quand il place
quelques milliers d’euros dans une affaire, il pousse le désintéressement
jusqu’à faire tout ce qui est en son pouvoir pour que les affaires ne soient
pas florissantes. J’en connais qui, taraudés par l’appât du gain – tel Henning
Mankel, dont la maison d’édition, qui publie, tiens, tiens, des auteurs
africains, se porte bien –, auraient déplacé des montagnes pour permettre au
fleuve Pactole de couler à flots. Pas Yasmina Khadra, dont le slogan christique
« Les Algériens ne s’aiment pas assez ! », à défaut de marquer
l’histoire de son pays, rappelle opportunément qu’il ne tient pas les marchands
du Temple en odeur de sainteté.
Je n’aurai donc pas la cruauté de rappeler ici que le 20 juin
2011, YK recevait le prix Jean Gal de l’Académie française, doté de 40.000
euros, ce qui ne
l’empêchera pas, peu après, de refuser de prêter aux éditions Après la Lune les
quelques malheureux milliers d’euros qu’il avait promis, et qui feront
cruellement défaut au moment de mettre en chantier la collection Bel Horizon,
fin 2011, empêchant notamment toute possibilité de promotion.
Collection Bel Horizon (bouché)
Le plus rageant dans tout cela, ce n’est pas tant le mépris avec lequel j’ai été traité par ce monsieur. Même si j’ai sincèrement cru
qu’après les emmerdes, les vaches maigres, les poursuites de l’Opus Dei, la
précarité, ainsi que – comme me le disait un des mes associés – une
« certaine incapacité chronique à vouloir m’enrichir », un miracle
était possible. Le plus rageant dans cette affaire, c’est la façon dont ce
monsieur a fait croire à des auteurs algériens (Hamid Grine, Fatéma Bakhaï,
Francis Pornon, qui lui, est, français) que sa notoriété allait servir de
caisse de résonnance à leurs écrits. Au lieu de ça, ce fut un enterrement de
première classe, malgré de très beaux textes, mis en valeur par les belles
maquettes de Philippe Routier. À part un article de Claude Combet dans Livres hebdo, il fallait être drôlement
dégourdi pour savoir, en novembre 2011, que l’écrivain algérien le plus célèbre
tendait la main à ses « frères de lettres » dans la maison d’édition
créée par l’éditeur qui le fit connaître en France. Les
écrivains algériens qui l’accusèrent de censure au Centre culturel algérien
seront ravis d’apprendre que Yasmina Khadra se paya le luxe d’autocensurer les
auteurs qu’il publia et ne leva pas le petit doigt pour les défendre. Y compris
lorsque Camus dans
le narguilé, de Hamid Grine, poussé par une critique élogieuse de Gérard Collard à
la télévision, connut un joli
succès d’estime [950 réassorts en dix jours, ce qui n’est pas rien] qui aurait
pu se transformer en best-seller pour peu que quelques moyens y fussent
consacrés. Ce qui aurait eu, il est vrai, l’inconvénient de prouver que la
langue d’écrivains algériens tels que Hamid Grine et Fatéma Bakhaï valait bien
celle du maître.
« Pour moi,
tu n’es qu’un accident de parcours. »
Voilà. Je me suis fait duper par Yasmina Khadra et je n’en
suis pas très fier. Cela aura au moins eu le mérite de m’ôter mes dernières
illusions de petit éditeur allant cherchant la pitance avec les dents, défiant les lois du sérail, et ayant
compris, mais un peu tard, que la crise, les restructurations du métier de l’édition et la révolution numérique avaient
définitivement azimuté la galaxie Gutenberg, et que dans ce bouleversement de
civilisation les petits éditeurs iconoclastes et désargentés ne peuvent pas
jouer dans la cour des grands. Reste cette question, qui restera à jamais une
énigme : « Pourquoi m’as-tu fait croire, Mohammed Moulessehoul, que
tu m’aiderais ? Pourquoi avoir fermé ce « bel horizon » que tu
promettais à tes compatriotes écrivains ? » Relisant ses derniers courriels écorchés, j’ai bien un début
de réponse, que je m’abstiendrai de livrer ici, de peur de passer pour trop
cruel.
« Tu m’as
déçu. Tu as essayé de m’entuber. (…)
« De grâce, ne
t'attribue pas le beau rôle. Ne dis pas qu'aucun éditeur ne voulait de
Morituri. Gallimard l'avait accepté avec un rare enthousiasme avant de se
rétracter suite à l'attentat de Saint-Michel. [sic] D'autres éditeurs le
voulaient avant que Baleine se manifeste. Baleine a été la mauvaise porte, pour
moi. Hormis l'à-valoir, je n'ai JAMAIS reçu un sou des droits de vente sur
l'ensemble de la trilogie. La preuve, j'en subis encore les frais via
Platet/Folio. On me rémunère au compte-gouttes. Des misères. Et seulement
lorsque je les réclame. C'est-à-dire une année sur cinq. (…)
« Qu'espères-tu
en te faisant passer pour une victime ? Je subis la mauvaise foi depuis 15 ans.
J'avance toujours. Parce que je suis un homme droit. Inutile de nous
écrire. Pour moi, tu n’es
qu’un accident de parcours. Tu m’as pris mon argent. Je te le donne. L’avenir
nous dira qui a été bon et qui ne l’a pas été. Adieu. »
Est-il besoin de préciser que je n’ai jamais « pris
l’argent » de ce monsieur et que son entrée dans le capital des éditions
fut dûment signée devant mon avocat ? Mais foin des aigreurs ! Il y
a une vie après l’édition (l’écriture, par exemple). Si l’avenir de l’Algérie, après la réélection du fauteuil roulant de Bouteflika, est inquiétant, celui de Yasmina Khadra m’indiffère. Quant aux accidents de
parcours, dont j’ai eu plus que ma part, ils sont parfois salutaires, pourvu qu’on n’y laisse pas sa peau.
"Fin de la catharsis. Vive la littérature !"
RépondreSupprimerEt c'est là que tout commence vraiment.
Bravo, belle catharsis en effet, j'espère qu'elle va te faire du bien, c'est clair et émouvant comme une belle histoire d'amitié qui finit mal... Comme un début ou une trame de roman à écrire ! Je comprends enfin tes exclamations contre cet étrange et complexe personnage...
RépondreSupprimerBon, et ton roman quantique, quand est-ce qu'il sort, cher Jean-Jacques ? nous l'attendons impatiemment !
Marianne Ghirardi, avec des bises de Raymond aussi
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerCe qui est certain c'est que Yasmina Khadra écrit bien. Vous pas. Encore un vautour ! Yasmina Khadra était célèbre et connu sous son vrai nom. Personne ne vous le dit. Il a des romans qui ont été édités en France avant Morituri et sous son vrai nom, par exemple Amen. Et il s'est avéré que le monde de l'édition est marécageux. Heureusement pour lui et nos félicitations à ces braves gens chez Julliard.
RépondreSupprimerÇa s'appelle un mauvais karma Jean-Jacques, j'en connais quelque chose et ce qui ne te tue pas te rend plus fort !
RépondreSupprimerJe remarque qu'en ces temps de frustrations multiples et qu'on soit reconnu ou pas, il y a un sport qui se pratique de plus en plus : renverser les choses et rendre coupables les autres de sa mégalomanie, de son narcissisme, de son goût du pouvoir, que sais-je encore des tréfonds malsains de sa petite personne. C'est bien ce qui semble ronger YK (marrant YK, DSK... même combat !) et j'en suis sûre, au bout du compte il perdra.
Fais-en de la littérature !
Dans une affaire plus perso, c'est ce que je suis en train de faire et j'espère bien remettre les choses à leur place.
Courage !
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerOUh là là, vous avez été rudement blessé : ça saigne encore, dites-donc. Vous êtes-vous cependant demandé quelle serait votre position vis-à-vis de cet écrivain, si le succès avait couronné (sans sa pseudo "aide") vos entreprises ? Ne l'auriez-vous pas gardé dans vos collections ?
RépondreSupprimerJe dis ça, je dis rien, hein...
Je suis la fameuse journaliste du Figaro à qui Patrick Raynal, à l'époque directeur de la Série Noire chez Gallimard a confié le manuscrit de Morituri, n'arrivant pas à convaincre Antoine Gallimard de le publier. Jean-Jacques, je n'ai pas de souvenir de ce cocktail où cours duquel je t'aurais parlé de Morituri, je me souviens juste de t'avoir appelé et de t'avoir expliqué ce que j'en pensais. Lorsque tu as pris la décision de publier, il a fallu faire des pieds et des mains pour établir le contact avec Yasmina Khadra - il n'y avait pas internet à l'époque - et nous échangions difficilement par fax et par téléphone... J'ai gardé certains fax où "elle" se plaint de son mari et de sa jalousie... Ni à Oran ni à Alger, je n'avais réussi à "la" rencontrer... On sait maintenant pourquoi. Le succès de ses deux premiers a été foudroyant, et là que mes souvenirs divergent encore une fois avec les tiens. Je me souviens que nous avons appris par la presse qu'"elle" changeait" d'éditeur et qu'elle te plantait comme une merde alors que, c'est toi qui avait fait le vrai premier boulot d'éditeur... Je me souviens très bien du fax que je lui ai adressé alors qui se terminait par cette insulte:"la chouma alik" et je me souviens encore mieux du fax reçu en retour... Dans sa colère, Yasmina Khadra a baissé la garde, tombé le masque car elle savait qu'elle n'aurait plus rien à cacher très vite, où alors était-ce un sublime bras d'honneur qu'"elle" me faisait en sachant que j'allais le comprendre. Son fax était parti depuis Le Club des Pins, la "zone vert" algérienne, refuge des militaires et du membres du pouvoir. J'ai compris alors que nous nous étions faits entubés!! Je te l'ai alors bien expliqué... La suite on la connaît. Nos chemins se sont séparés pour d'autre raisons et là, tu peux raconter ce que tu veux, je n'y étais pas, je n'ai donc rien à en dire. Puis, un jour, tu as réapparu pour m'inviter à un pince-fesse au Centre Culturel Algérien avec ton nouvel associé, le colonel Khadra en mai 2011!! La révolution tunisienne nous avait mis dans la bouche ce joli mot DEGAGE et j'en usais avec appétit sur facebook. "J'aime ta citation, c'est la mienne aussi" m'écrivais-tu aussi. J'en suis restée sur le cul et je t'ai répondu: toi et ton représentant du pouvoir algérien: DEGAGEZ TOUS LES DEUX.
RépondreSupprimerAujourd'hui, tu bats ta coulpe comme un misérable. Je suis désolée mais tu es allé t'associer avec le diable en sachant qu'il était le diable. Les pactes faustiens finissent mal en général... Et en plus, tu n'as même pas gagné de pognon, c'est vraiment nul!!!
Je prends cette info avec une réserve. Le lectorat n'a pas à lire entre lignes. Ce que nous préférons, c'est de la littérature. Dans le cas des romans de YK, nous sommes bien servis.
RépondreSupprimerLahouari Belmadani
Jean Jacques Reboux, pour ces histoires de plagiats, vous mettez un lien qui renvoie vers un article de Rachid Mokhtari sur l'Est Républicain
RépondreSupprimer1 Mokhtari est un "admirateur" de Khadra
2 Mokhtari croit que les accusations de plagiat sont motivées par les deux prénoms Amélie/Emilie! (sic)
3 Mokhtari n'a rien compris à l'histoire du premier plagiat, du roman de tahar Ouettar (écrit - précision de taille - en LANGUE ARABE en 74). Je cite Mokhtari : "Mais Jonathan Klein ne se fonde pas sur des éléments textuels. Il se contente de faits qui restent à vérifier"
Or, il est impossible de vérifier quoi que ce soit, puisque le roman a été retiré des librairies et publié quelques années après, sans les passages incriminés, comme il est précisé sur le site de l'encyclopédie.
4 L'Est Républicain n'est pas un "journal"; c'est une sorte de blog tenu par un fan de Khadra qui a supprimé tous les commentaires négatifs; on ne peut même pas en laisser un; des dizaines de personnes ont voté contre son point de vue.
5 L'Est Républicain est cité également sur la fiche Wikipédia de Yasmina Khadra (section Accusations de plagiats): ici, en plus des prises de positions des rédacteurs, les paroles de Tahar Ouettar (cité sur le site de l'encyclopédie en anglais) sont attribuées à Yasmina Khadra! C'est dire le sérieux de Wikipedia et la justesse des soutiens de Yasmina Khadra.
RépondreSupprimerLe plagiats du roman de Tahar Ouettar:
http://encyclopedia.jrank.org/articles/pages/5769/Khadra-Yasmina-Muhammad-Moulessehoul-1955.html
« Yasmina Khadra also published several early novels under his real name. Two, Houria and Amen ! (both 1984) were published in Algeria. He published three more novels under his real name, one in France—De l’autre coté de la ville (1988; The other side of the city)—and two in Algeria : La fille du pont (1985 ; The girl on the bridge) and Le privilège du phénix (1989; The privilege of the phoenix), Written during his youth, at age twenty, Le privilège du phénix was blocked because of the presence of a character in the novel named Llaz. He was accused of plagiarism and the novel was withdrawn. It was many years later and only after he made changes that this novel was finally published. Though Khadra refrained from mentioning the name of the writer who accused him of plagiarism, it was in all robability AL-TAHER WATTAR, author of the novel Al-Laz (1974). According to its author, Le privilège du phénix is a modest novel, « managed in an acceptable manner and partially completed » (Ghellal, 2004, p. 310.)
Le plagiat du roman de Youcef Dris
L’époque où commence l’histoire, dans les deux livres, ce sont les années trente.
Le lieu : l’Algérie.
Dans les deux livres, il est question de deux Arabes qui tombent amoureux d’une européenne.
Dans le livre de Youcef Dris, les amoureux s’appellent d’abord Amélie et Dahmane. Dans celui de Yasmina Khadra, Emilie et Younes.
Le héros de Youcef Dris débarque à Alger, celui de Yasmina Khadra à Oran.
Dans les deux livres, les deux Arabes changeront ensuite d’identité, troquant leur prénom arabe contre un prénom chrétien pour l’un, hébraïque pour l’autre. Chez Youcef Dris, Dahmane devient Dédé, chez Yasmina Khadra, Younes devient Jonas.
C’est grâce à l’intervention directe de l’Européen que le petit arabe est scolarisé, dans les deux livres
Dans les deux livres, l’arabe est empêché de vivre son amour avec la jeune Amélie/Emilie.
Dans les deux livres, leur union est empêchée par la volonté des parents de la fille : le père d’Amélie dans le livre de Dris, la mère d’Emilie dans le livre de Khadra.
Après cet interdit, dans les deux livres les deux amoureux sont séparés durant de longues années.
Dans les deux livres, ils assistent au départ des Français d’Algérie.
Et pendant ce temps, les deux Arabes dans les deux livres sont victimes de racisme.
Outre la séparation forcée par l’autorité d’un tiers, dans les deux livres ils sont rejetés parce qu’Arabes : à l’école, par les copains pour l’un, par les filles pour l’autre.
L’histoire du bagne, dans les deux livres.
Dans les deux livres, la fin se passe dans le sud de la France : à Aix dans le livre de Yasmina Khadra, où l’auteur a vécu, à Saint-Raphaël dans le livre de Youcef Dris, qui a respecté la vraie histoire de son cousin.
Dans les deux livres, Amélie et Emilie accouchent.
Dans les deux livres, Amélie et Emilie meurent, mais pas l’enfant.
Dans les deux livres, les deux Arabes retrouvent le fils d’Amélie/Emilie à la fin.
Dans les deux livres, l’Arabe ne sera pas le père.
Dans les deux livres, Amélie et Emilie ont écrit une lettre à Dédé et à Jonas.
Et les ressemblances ne s’arrêtent pas qu’au texte. A la fin du récit Les amants de Padovani, il y a quatre photos, des daguerréotypes que Youcef Dris avait retrouvés chez sa mère dans une vieille caisse, dont celle de la femme au chapeau.
Yasmina Khadra:
« À l’âge de onze ans j’ai écrit "Le Petit Mohammed" qui est un plagiat du "Petit Poucet". »
http://dalimen.com/actualite/273-accuse-de-plagiat-ce-que-khadra-doit-a-dris
http://karimsarroub.com/2009/11/29/ce-que-yasmina-khadra-doit-a-youcef-dris/
Yasmina Khadra a toujours voulu écrire et être reconnu, admiré, mais il est aidé, il n'est pas seul à écrire ses romans; devenir célèbre quitte à piocher dans les romans des autres (même les romans en langue arabe, le cachottier!)
RépondreSupprimerDu statut d'ex-instrument de propagande pour "humaniser" l'armée algérienne, il a continué, puisque ça marche (presque aussi bien que du Marc Lévy).
quelqu'un qui nie les plagiats avec une telle effronterie, il ne reconnaitra rien avec vous;
dris et ouettar ont eu de la chance qu'il n'ait pas porté plainte contre eux !!
vous vous êtes fait entuber, vous êtes désormais comme "une offrande sacrificielle"!!! (sa phrase fétiche)
Les éditeurs qui mettent la clé sous la porte se retournent généralement contre ceux qui utilisent leurs services d’édition….Surtout si « l’ édité » a connu ou connait une certaine notoriété ; de laquelle découlent argent et célébrité.
RépondreSupprimerD’un côté il s’attaque à l’écrivain, mais de l’autre il prend un malin et malsain plaisir à faire resurgir le Commandant de la Sécurité Militaire pour mieux égayer et donner du crédit à sa « drôle » d’affaire qui, au final n’en est même pas une.
Cette histoire abracadabrante prend les allures d’une tentative d’extorsion de fonds ; ni plus ni moins.
je me suis bien bidonné avec l'article de karim sarroub, sans pitié
RépondreSupprimerA Mohamed Bakounine (on dirait du Khadra!), nan, c'est bien khadra qui s'exprime sur le site de l'encylopédie, et sur wikipedia ses soutiens prêtent à sourire
A Benatia, cessez de copier-coller vos commentaires (TSA Algérie)
A cette fameuse journaliste du Figaro, qui est désolée que Jean Jacques Reboux se soit associé avec le diable en sachant qu'il était le diable (les pactes faustiens finissent mal en général!) Elle aurait dû envoyer un mail en privé, comme ça on en saura encore moins.
Sans aucun doute, c'est sa femme qui l'aide à rédiger ses livres, ça doit être dit dans toutes les langues
RépondreSupprimerUndoubtedly, it is his wife who helps him write his books, it must be said in all languages
It's a very disrespectful sir, contrary to the image which he wants to show
A Mohammed Bakounine
RépondreSupprimerJ'ai rectifié le lien sur le plagiat et ajouté les noms de Youcel Dris et Ouattar.
C'est effectivement beaucoup plus parlant que le lien sur l'Est républicain.
Bien à vous, et merci!
Je découvre ce pamphlet contre un auteur que vous continuez néanmoins à admirer... 2 ans après tout de même !
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