Brigitte Lamy, défenseure incorruptible de la raison d’État |
Brigitte Lamy est magistrate, procureure de la République, plus précisément. Dans la bonne ville de Nantes. Est-elle mariée? A-t-elle des enfants? "Allons, allons ! La vie privée des magistrats ne nous regarde pas! Vous n'êtes pas sur le marche de Nort-sur-Erdre, jeune homme!" La chose a pourtant son importance. Car si Brigitte Lamy a un fils, ou une fille, on les plaint. Car Brigitte Lamy, au cas (vraiment très) malheureux mais toujours possible où son rejeton viendrait à rentrer un soir avec un œil crevé suite à un tir d’arme de guerre par un Robocop fasciste à qui l’État a délivré un permis de tirer les manifestants comme des lapins (en english, on dit "licensed to kill"), n’aurait de cesse de lui répondre : "Qu'est-ce que tu racontes, mon garçon? La police t’a tiré dessus? Mais tu es sûr que tu n’as pas glissé? Disposes-tu d’éléments permettant de caractériser cet abominable forfait? Allez, va te coucher, au lieu de raconter des bêtises! Et essuie-moi cet œil qui coule, s'il te plaît!"
Convenez que ces propos, dans la bouche d’une mère, en de telles circonstances, auraient de quoi choquer. Tout comme peut choquer le fait que dans la France post-sarkozyste-néo-lepénisto-hollandiste de 2014, des jeunes gens se fassent crever un œil dans la rue en se faisant tirer comme des lapins par des policiers, comme c’est arrivé à Quentin Torselli, Damien, Emmanuel et quelques autres, le 22 février 2014, à Nantes.
Quatre jeunes mutilés par la raison d’État, Nantes, 2014 |
Brigitte Lamy, donc, est procureure de la République. Lors de son installation à Nantes en mai 2012, le quotidien Ouest-France dressait d'elle ce portrait plutôt flatteur (reprenant, il est vrai, son propre discours d’installation), dans l’espèce de novlangue tautologique et pontifiant en usage dans les feuilles locales lorsqu’un notable prend ses fonctions dans une de nos lointaines provinces.
Brigitte Lamy est considérée par ses pairs comme « une magistrate de terrain », dotée d'une « éthique exigeante » [rien à voir avec l’éthique molle de certaines magistrates, telle Laurence Mollaret, présidente du tribunal de Bobigny qui vient de faire condamner un policier pour usage intempestif du flash-ball] soucieuse « d'entretenir des partenariats » (forces de l’ordre, collectivités locales, travailleurs sociaux) [no comment] car « la paix publique est l’affaire de tous » [mais pas des flics fascistes qui tirent les manifestants pacifistes comme des lapins, exemptés].
Trois ans plus tard, le 7 avril 2015, Brigitte Lamy, dont il ne me viendrait pas à l’idée de juger les compétences professionnelles mais dont la collusion avec des forces de police peu dignes d'une démocratie ne laisse pas de m’interroger, a de nouveau les honneurs de Ouest-France [ICI].
La procureure de la République a classé sans suite les six plaintes pour blessures déposées suite à la manifestation anti-aéroport Notre-Dame-des-Landes du 22 février 2014, estimant, je cite : « Nous ne disposons pas d'éléments permettant de caractériser une infraction. » Rappelons que l'un de ces manifestants, Quentin Torselli, a été énucléé et vit avec une prothèse oculaire, et que deux autres ont partiellement perdu la vue.
La procureure de la République a classé sans suite les six plaintes pour blessures déposées suite à la manifestation anti-aéroport Notre-Dame-des-Landes du 22 février 2014, estimant, je cite : « Nous ne disposons pas d'éléments permettant de caractériser une infraction. » Rappelons que l'un de ces manifestants, Quentin Torselli, a été énucléé et vit avec une prothèse oculaire, et que deux autres ont partiellement perdu la vue.
Mise à jour : Après avoir attaqué en justice le site Nantes Révoltée pour avoir diffusé l'article et la photo ci-dessus, Brigitte Lamy me poursuit en justice pour "injures publiques".
Le compte-rendu de mon audition (1er octobre 2015) se trouve ici.
Cette affaire a été classée sans suite au printemps 2016, pour prescription. J'ignore à quelle date précise, étant donné que l'information m'a été transmise par un journaliste nantais, et non par le tribunal de Nantes.
Le compte-rendu de mon audition (1er octobre 2015) se trouve ici.
Cette affaire a été classée sans suite au printemps 2016, pour prescription. J'ignore à quelle date précise, étant donné que l'information m'a été transmise par un journaliste nantais, et non par le tribunal de Nantes.
La violence est bien sûr la première réponse des mauvais dirigeants. Malheureusement le cas ne se limite ni à cette dame, ni même à la France. Vive la "démocratie".
RépondreSupprimer