C’était en 1986. Je quittai Rouen, la place des Emmurées, où j’officiais aux Chèques Postaux [aux GV, puis à la SOG, où je rencontrai la terrifiante Simone Dubois, qui m’inspira Poste Mortem], pour commencer à la capitale une fulgurante carrière de postier, au centre de traitement Carte bleue de la Poste, rue Georges-Pitard, puis rue Castagnary, dans le 15e arrondissement.
Le quartier n’était pas franchement riant mais je garde le souvenir de belles rencontres, en particulier M. Edouard, ce boucher aux moustaches en guidon de vélo qui avait été arpète chez un louchebem de Montmartre, fumait la pipe, lisait Le Figaro entre deux coups de saigne-bique et s’impatientait d’être à la retraite, ses hanches le faisant terriblement souffrir. À défaut de lui acheter moult bidoche, j'aimais tailler le bout du gras avec cet homme élégant, aussi improbable qu’une lueur de compassion dans le cerveau de Philippe Macron, qui portait le prénom de mon père et dénotait force d’âme, noblesse d’esprit et humour pétaradant. Et dont je crains, hélas, qu’il ne soit plus de ce monde.
Trente-quatre ans plus tard, les hasards de la vie font que je travaille de nouveau dans ce quartier où je pensais bien ne jamais remettre les pieds, et qui n’a pas beaucoup changé. À quelques détails près…
Ce matin, à 8h14, en allant prendre le métro (mon boulot de veilleur de nuit étant incompatible avec le télétravail), je m’arrêtai au dernier carrefour du 15e avant le 14e arrondissement, qui porte le nom de place du Général-Monclar, et me livrai à l’exercice perecquien consistant à noter tout ce que l’on voit à un point donné du cadastre. Il avait fallu trois jours à Georges Perec pour venir à bout de la place Saint-Sulpice, en octobre 1974. J’allais, mais ne le savais pas encore, le battre à plate couture.
Excepté les symphonies de trilles de dizaines d’oiseaux fêtant leur victoire sur la bagnole, il n’y avait âme qui vive. Pas de jogger. Pas de vieille dame tôt levée. Pas l’ombre d’un 62. Pas même un chat errant.
L’affaire fut pliée en une petite minute, le temps de faire ces quelques photographies. Non content de tuer les foules, le covid-19 a rendu obsolète l’usage du calepin.
Excepté les symphonies de trilles de dizaines d’oiseaux fêtant leur victoire sur la bagnole, il n’y avait âme qui vive. Pas de jogger. Pas de vieille dame tôt levée. Pas l’ombre d’un 62. Pas même un chat errant.
Rue de Vouillé, rue Castagnary (côté sud). |
Rue de Vouilé, rue Saint-Amand, place du Général-Monclar, bains-douches. |
Rue Saint-Amand, rue Castagnary (côté nord), rue Georges-Pitard
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Rue de Vouillé, vers la rue d’Alésia et le 14e. Sous ce pont dort depuis un mois un homme. |
Georges Perec, Jules-Antoine Castagnary, Georges Pitard |
Jules-Antoine Castagnary (1830-1888). Critique d’art, journaliste, ami et défenseur de Courbet
Roger Magrin-Vernerey, dit Général Monclar (1892-1964). Officier français, membre des FFF.
Georges Pitard (1897-1941) Avocat, communiste, militant, otage fusillé par les Nazis le 20 septembre 1941 au Mont-Valérien.
Saint-Amand. Saint du calendrier, qui donna son nom à un propriétaire, qui donna son nom à la rue.
Vouillé. Localité de la Vienne célèbre pour sa bataille (507) qui vit la victoire de Clovis sur les Wisigoths.
À demain, si vous le voulez bien !
Tous au trou, par Charles Maestracci
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Virus-Malus-Mortibus, exercice de style, par Maurice Rajsfus
Virus-Malus-Mortibus, exercice de style, par Maurice Rajsfus
C'est super toutes ces photos, Paris vide !!
RépondreSupprimerBonne journée
Super
RépondreSupprimerBelles photos Paris vide
"Super belles photos
RépondreSupprimerSuper
RépondreSupprimerPlaisir d ecrire plaisir de lire
RépondreSupprimerSalutations distancees de Buffalo NY USA terre systeme solaire Galaxie pres de na nebuleuse d Andromede.