dimanche 7 juin 2020

4 septembre. Procès pour outrage et rébellion de Maré Ndiaye, aide-soignante mise en garde à vue lors de la visite de Macron à Mulhouse.

La morgue d’un président désincarné, déshumanisé. La lumière et l’humanité de celle qui sauve des vies : Maré Ndiaye.

Souvenez-vous. C’était le 25 mars 2020. Emmanuel Macron était à Mulhouse pour la grande opération de com’ autour de ce fabuleux hôpital de campagne doté de trente lits, que les Chinois (dit-on) nous envient. Les personnels soignants venus dire leur exaspération et leur mécontentement au président avaient été soigneusement tenus à l’écart derrière les grilles protégeant la marionnette masquée Macron et sa misérable opération de propagande.
Parmi eux, Maré Ndiaye, aide-soignante, un peu plus en colère que les autres, comme on peut le voir sur cette vidéo, qui s’arrête au moment où elle va être interpellée (en présence de manifestants étrangement passifs et peu solidaires, dont certains, d’après Maré, ne seraient pas des soignants).

Pour avoir crié sa colère et tenté d’interpeller Macron, cette aide-soignante de Reidisheim a été interpellée, frappée et mise en garde à vue par trois policiers, Jean-François Legrand-Desmery, Jessica Boulanger, Stéphanie Bauer, qui l’accusent de leur avoir dit : « vous êtes des chiens ». Ce qu’elle nie. Et comme nous sommes en France, ce merveilleux pays où les victimes de violences policières sont systématiquement poursuivies par leurs bourreaux, elle est convoquée le 4 septembre 2020 à 8 h 30 devant la chambre 120 du tribunal correctionnel de Mulhouse, pour répondre du délit d’outrage.
Elle est également poursuivie pour rébellion, accusée d’avoir, « seule et sans arme, opposé une résistance violente lors de son arrestation » aux mêmes  Legrand-Desmery, Boulanger et Bauerce.

[Pour en savoir plus sur ce délit inique, dégueulasse, typiquement français, dont nous redemanderons la dépénalisation à l’occasion du procès de Maré Ndiaye, se reporter au site du CODEDO, que j’entretiens depuis maintenant… douze ans.]

Dans cette seconde vidéo de vingt minutes, Maré Ndiaye dit sa souffrance, sa colère, son indignation, son incompréhension, avec une dignité et un infini respect. Le respect des gens qui soignent. À l’opposé de la brutalité de ceux qui cognent, dont on rappellera qu’on les appelle en argot les cognes. Et de leurs donneurs d’ordre politiques aux mains tachées de sang.
Tout un symbole, les mains ! À plusieurs reprises, Maré montre ses mains, ses belles mains qui soignent et qui « donnent de la valeur à l’humain ». À l’opposé des mains rudes et crasseuses des Macron-Castaner-Lallement, et de tous ces préfets, procureurs et autres larbins d’un capitalisme mortifère qui nous a mené à la catastrophe que nous sommes en train de vivre.

Je reprends ci-dessous [17’] quelques-uns des propos poignants, parfois naïfs, de cette femme – notamment quand elle s’adresse à son homonyme Sibeth Ndiaye, ne pouvant imaginer à quel point la porte-parole de Macron au salaire de 9500 € par mois [cinq fois la paie d’une infirmière !] et dont vous apprendrez, si vous cliquez ici, pourquoi elle est devenue ce qu’elle devenue, doit bien se contreficher de sa douleur. Et s’en laver les mains. Les mains, toujours les mains…

Maré Ndiaye. Je respectais les hommes politiques, mais maintenant j'ai des doutes. On a l’impression qu’on n’est pas des humains. (…)
Ils m'ont plaqué par terre, ils m'ont mis des coups de pied sur le dos, dans la voiture des policiers, j’avais tellement mal au ventre que j’ai dit que j’étais enceinte pour qu’ils lèvent la pression. Je dis que c’est honteux de faire ça à une soignante.
Je ne vous dirai pas merci d’être venu à Mulhouse, monsieur Macron, parce que vous n’avez même pas écouté les soignants.
J’attire aussi l’attention de Mme Ndiaye, votre porte-parole, car elle ne doit pas être à l’aise. Ça doit être lourd de ne pas dire la vérité, de mentir tout le temps tout le temps. Je sais que vous ne devez pas être heureuse d’exercer vos fonctions, que ça ne doit pas être facile pour vous. Je tenais à vous faire partager ma souffrance. Ma souffrance, ils ne vont jamais vous la dire. Maintenant, je vous ai tout dit, j’espère que cette vidéo va être diffusée partout. Si j’ai souffert aujourd'hui, j'ai souffert au nom de tous les soignants.

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