dimanche 24 novembre 2019

Chili. Daniela Carrasco, Albertina Martinez Burgos, Carolina Muñoz Manguello, trois femmes victimes des escadrons de la mort

La sanglante répression par les carabiniers, la police militaire du Chili, pays où 23 personnes ont été tuées, 220 éborgnées, 2.500 blessées, des femmes violées (70 plaintes de violences sexuelles par les forces de l’ordre), 7.000 arrêtées), s’est accompagnée de ce qu’il faut bien appeler des “escadrons de la mort” (de sinistre mémoire en Argentine et dans d’autres ex-dictatures d’Amérique latine), dont certains, on le lira plus bas, ne se donnent même pas la peine d’agir en secret.
Albertina Martinez Burgos / Daniela Carrasco, dite “La Mimo”
En octobre, Daniela Carrasco, 36 ans, artiste de rue surnommée La Mimo car elle apparaissait déguisée en clown, était découverte pendue à un arbre, quelques heures après son arrestation par la police, après avoir été violée et torturée (après que l’on eût tenté de faire croire à un suicide…).

Le 22 novembre, Albertina Martinez Burgos, 38 ans, photographe militante ayant couvert les manifestations et effectué un travail d’investigation sur les violences militaires et policières au Chili, était retrouvée assassinée chez elle. Tous les disques durs de son ordinateur ont disparu. À lire sur le site Persil.
Le même jour, Carolina Muñoz Manguello est enlevée pendant une manifestation, comme le rapporte Tenemos Notifias qui publie la vidéo de l’enlèvement [ci-dessous] dans un article intitulé : Comme sous Pinochet. Comment les carabiniers font disparaître des manifestants. Elle n’a pas reparu depuis.
À ces trois exemples, qui constituent la partie visible de cet iceberg de terreur imposée par un régime qui n’a rien à envier à celui de Pinochet sur des manifestants (en l’occurence, des femmes), ajoutons le cas, rapporté par le site piensaChile.com, de cette femme déshabillée par des militaires lors d’une manifestation, sur la place du tribunal, dans la ville de Concepción.
 
À l’image d’un Castaner ou d’un Macron niant les violences policières contre les Gilets jaunes, le président chilien Sebastian Piñera, dont on connaît les nombreuses « parentés » avec le régime Pinochet, a déclaré à l’école des sous-officiers des carabiniers [vidéo ici] « Il y a eu un usage excessif de la force,  il y a eu des abus et on n’a pas respecté les droits de tous ». Parmi les mesures annoncées à cette occasion, on apprend que la France va apporter son savoir-faire au Chili en matière de maintien de l’ordre et de répression dans ce papier.
Si l’on n’en est pas encore arrivé à ce stade en France, il convient néanmoins de remarquer les similitudes entre un régime chilien qui tue des manifestants pour faire peur et un régime macronien qui crève les yeux des manifestants pour les mêmes raisons. On rappellera que l’actuel préfet de police, Didier Lallement, déclara récemment à une manifestante Gilets jaunes, mettant son mouchoir par-dessus son devoir de neutralité républicain : « Nous ne sommes pas dans le même camp, madame ! », assertion qui vient à point pour rappeler que le substantif « camp » peut être compris de diverses façons, selon que l’on se situe sur un terrain sportif ou un terrain purement politique.

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