jeudi 4 février 2021

Couvre-feu story : notre envoyé spécial en direct de l’héroïque ligne 13

Jeudi 4 février. Ligne 13, métro Carrefour Pleyel, 17h40 et des brouettes.

La rame est bondée de chez Bonduelle (version ”petits pois”, surpassant la version ”sardines" chère à Parmentier, enfonçant la version ”thon" de Petit Navire).


“Mesdames et messieurs, suite à un bagage oublié [oublié, et non pas abandonné, ni suspect, ce qui suppose qu'on est à peu près certain, à 99,999999 %, que le bagage n'a pas été déposé par un Daechien enragé, mais plutôt oublié par un étudiant déprimé] à la station Saint-Denis Université, nous vous invitons à descendre. Reprise du service vers 18h45.”
Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas la grandiose ligne 13, entre Carrefour Pleyel et Université, il y a deux stations : Porte de Paris (où je crèche) et Basilique. À chaque fois qu'un bagage est abandonné dans le secteur, va savoir pourquoi, c'est presque toujours au métro Université qu'ils le sont (en tout cas, les 4 fois en 5 semaines où j'en ai été le témoin), la RATP, plutôt que de faire rouler les trains jusqu'à Porte de Paris (ou un tiers des voyageurs restant descendent), les arrête systématiquement à Carrefour Pleyel.
Essayons de trouver une raison à cette fantastique imbécillité.

Sept hypothèses me viennent à l'esprit.
1. Dans un souci de pérenniser l'adage “Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?”, cher à l'administration française (qui surpasse en ce domaine l'ensemble des Nations, on ne le dit pas assez).
2. Pour faire bien chier les voyageurs.
3. Pour rentabiliser les bus de la ligne 255, dans lesquels s'engouffrent (j'ai compté) jusqu'à 63 passagers par fournée, dans pareilles circonstances.
4. Pour rentabiliser la collecte des PV pour non-respect du couvre-feu effectuée par les vaillantes Brigades de vigilance Lallement, à Carrefour Pleyel.
5. Parce que les rames de métro ne peuvent pas faire demi-tour à Porte de Paris ou à Basilique.
6. Pour faire remonter le 9.3 dans le classement interdépartemental des clusters (où il en a beaucoup perdu, ces derniers temps).
7. Last but no least, la version subliminale. Pour ancrer dans la tête des braves gens que la présence répétée de bagages abandonnés dans la ville où furent délogés les terroristes du Bataclan (où vit, par ailleurs, une densité étonnante d'Arabes et de pas Français) justifie, pour une part, le vote de la loi contre le Séparatisme islamiste défendue par Darmanin.

lundi 25 janvier 2021

”Qui veut la peau du préfet de police ?” [comment j’ai infiltré le cerveau de la Bête]

 Paris, hiver 2021.

Quatre concepts cardinaux régissent la vie du préfet de police : autorité, ordre, répression, humiliation, sous la tutelle symbolique de sa belle casquette à feuilles de chêne, dont certains prétendent qu’elle serait un prolongement naturel de son cerveau.

Arrogant, ne supportant pas d’être contredit, dirigeant ses troupes d’une main de fer, il fait l’unanimité contre lui et n’a que des ennemis (y compris dans la police). Ce qui ne le dérange pas, bien au contraire. Car le conflit est son moteur. Plus on le hait, mieux il se porte. Plus il se sent bien, plus il cogne. Et plus il cogne, plus il est haï.

Seules deux choses pourraient mettre fin à ce cercle vicieux : le limogeage ou la mort. Mais ça n’en prend pas le chemin. Car ses appétences « fascisantes » conviennent fort bien au pouvoir, qui les utilise à merveille, et il a une baraka d’enfer.

Une troisième solution existe pourtant. C’est celle qu’a choisi un groupe de mystérieux activistes de la cellule Bodoni, à travers une opération minutieusement préparée, et totalement inimaginable.

« Monsieur le préfet, nous n’allons pas vous tuer. Ce serait trop facile. Mais ne vous réjouissez pas trop vite : vos crimes sont nombreux, la magnanimité n’est pas dans notre ADN. Et cela risque d’être encore pire. »

Lorsqu’il entend ces mots, ficelé sur un lit d’hôpital, le préfet comprend qu’il est perdu. Et qu’il n’aurait peut-être dû citer Trotski dans ses vœux pour 2021.

Alors, en attendant cette chose qui pourrait être pire que la mort, il replonge dans les fantasmes de son enfance, qui ont fait de lui le monstre froid qu’il est devenu.



Qui veut la peau du préfet de police ?  évoque la chute d’un homme (qui ressemble fort à Didier Lallement).

Pendant cinq semaines, j’ai infiltré le cerveau de la Bête, avec tous les risques, aussi bien physiques que psychologiques, que cela comporte. Il en est revenu quelque peu secoué, en possession d’éléments stupéfiants, qui vous surprendront, et qui lui ont permis de livrer ce récit, à mi-chemin entre farce satirique et pamphlet !

Tout ce qui est raconté est vrai – vous apprendrez notamment pourquoi le préfet de police n’a pas effectué son service militaire –, à part deux ou trois choses inventées par l’auteur, qui pourraient bien – le hasard se faisant parfois l’allié de la littérature – s’avérer authentiques.


Ce livre est dédié à la mémoire de Cédric Chouviat, assassiné le 3 janvier 2020 par trois policiers usant – et jouissant – de leur pouvoir de vie et de mort, avec la complicité tacite des autorités. Et de l’ami Maurice Rajsfus, disparu le 13 juin 2020.



L’une de ces six personnes n’a jamais créé de police typographique.

Contrairement à Je suis partout (les derniers jours de Nicolas Sarkozy), écrit sous le coup d’une méchante sarkozia volubilis contractée au début du quinquennat de l’agité de Neuilly, le présent livre est le fruit du hasard. Je ne me suis pas réveillé un matin en me disant : “Il faut que je rentre dans le lard du préfet Lallemort !”

Qui veut la peau du préfet de police ? devait théoriquement inaugurer la collection Que fait la police ? des éditions Tendance Négative, à l’invitation de son graphiste, Clément Buée. Le principe (alléchant, quand on a été comme moi typographe amateur) consistant à s’emparer d’une police typographique et de broder un polar autour. Comme je le raconte ici, j'ai jeté mon dévolu sur la police Bodoni. Hélas, les éditeurs ont décidé que le pamphlet pointait trop sous le roman et m'ont proposé de le “délallementer”, tout en repoussant la parution d'un an. Ce qui était inacceptable, d'un point de vue éthique. Cela seul explique la parution dans une autre maison d’édition, vraisemblablement à l'enseigne d'Après la Lune. Et sans diffuseur, à l'heure où j'écris ces lignes…

Qui veut la peau du préfet de police ? LE SITE.

Qui veut la peau du préfet de police ? 80 pages, 10 €. En librairie en mai 2021. 

dimanche 20 décembre 2020

Rien ne va plus, texte paru dans le magazine FLUID (Seattle, Paris, New York)

Ce texte paraîtra dans le n° 3 de FLUID CULTURE (Paris, New York & Seattle), qui publia dans son n° 1 (2019) un reportage sur le plus vieux café du canal Saint-Martin, le Pont Tournant (qui ferma ses portes en 2018) et mon roman L’Esprit Bénuchot, qui le suivit de peu, après un baroud d’honneur en juin 2019 lors du festival de street-art, de chansons et de littérature Le Printemps bénuchot.

Il s’ajoute aux 77 autres publiés pendant l’assignation à résidence hiver-printemps 2020, que vous pouvez lire sur ce même blog.


  Rien ne va plus. Les avions ne décollent plus. Les aiguilleurs du ciel jouent au morpion pour ne pas perdre la main. Les hôtesses de l’air deviennent neurasthéniques. Seuls volent les hélicoptères de la police. Les eaux de Venise deviennent vertes mais il n’y a plus personne pour les regarder. Les dauphins narguent les matelots à quai en poussant leurs cris d’écorchés. Les corneilles, les pigeons et les pies n’ont plus rien à boulotter et envisagent de quitter la ville. Des trilles d’oiseaux magnifiques couvrent le bruit des autobus. On voit circuler dans les villes du monde entier des jaguars, des chimpanzés, des daims, un hippopotame, des hyènes. À Paris, des familles entières de canards vont à l’opéra, qui est gratuit mais hélas fermé. Les gardiens du Louvre arthritiques comptent leurs points-retraite en buvant des rasades de rhum arrangé sur What’s app. La Joconde se marre comme une baleine. Le Penseur de Rodin s’endort pendant le service. La tour Eiffel a froid aux pieds. Les bateaux mouche rouillent. Les sportifs rêvent que leurs muscles fondent.

  Certains se mettent à écrire de la poésie, se demandant si le moment n’est pas venu d’écrire le roman de leur vie, mais ils n’y parviennent pas. D’autres n’arrivent plus à lire. Dans les maisons de retraite, les vieux ne peuvent plus sucrer les fraises et s’éteignent à l’heure du souper, doucement, sans faire de bruit.

  Les gens ne respectent vraiment plus rien. L’autorité n’est plus respectée. À la campagne, on voit des gendarmes exténués dresser des contraventions aux vieilles dames qui enfreignent la loi et vont toquer à la vitre de leur époux avec une ardoise ou arroser leurs salades à l’autre bout du village. En Normandie, sept membres d’une famille éplorée écopent d’une contravention de 135 euros pour avoir assisté à l’enterrement de leur vieille mère alors que c’était interdit. À Paris, une femme sans laissez-passer refusant de payer la contravention se fait molester par des policiers qui la menottent et l’embarquent au commissariat.


  Les dealeurs, les cambrioleurs, les mendiants, les curés, les pasteurs, les imams, les rabbins, les ramoneurs, les raboteurs de parquet, les musiciens, les comédiens, les régisseurs, les loueurs de voiture, les VRP multicartes, les émeutiers, les laveurs de vitre, les dentistes, les cafetiers, les kinésithérapeutes, les fleuristes, les libraires, les bibliothécaires, les vendeurs de Marlboro, James Bond, sont au chômage technique. Les infirmières, les urgentistes, les médecins, les aide-soignantes pleurent en comptant les morts. Et leurs morts… Les croque-morts ne savent plus où donner de la tête.

  Et puis arrive l’été. Le bel été. Chacun est autorisé à sortir comme il lui plaît, à faire ce qu’il veut. La vie reprend son cours. C’est la fin du confinement.

  Et puis arrive l’automne et ses feuilles mortes qui emportent les mauvais souvenirs. Et de nouveau, l’horloge du temps s’est arrêtée. À Paris, à New York, à Seattle et partout dans le monde, il est Covid-19.

samedi 12 décembre 2020

Contre Castex et les équarrisseurs de la culture : désobéissance (avant que nous soyons tous morts)

La mesure disciplinaire du pouvoir macronien consistant à ne pas rouvrir les lieux de culture (cinémas, théâtres, musées, concerts, concours de Scrabble, etc.), pour des motifs oiseux, totalement ineptes, et les cris d’orfraie, non suivis d’appels à la désobéissance, du milieu de la ”culture" [je parle des gens qui ont pivot sur micro] m’ont inspiré ces lignes matutinales, en écho (et pour le prolonger) à un post de l'ami Richard Gaillard sur FB.

La frilosité des gens de culture ”reconnus", c'est-à-dire celles et ceux qui disposent d'un accès aux médias, dont les radios et les télés vont chercher la parole dès que ça gratte, dès que ça menace, dès que ça nous claque dans la gueule, dès que ça matraque (sur ce plan, ça ne fait que commencer, janvier va être ”brutal”, le lion Darmicron va entrer dans l'arène, avec ses nettoyeurs de Beauvau, remplacez le gel hydroalcoolique par le sérum physiologique !), me laisse pantois, pour ne pas dire sur le cul !
À moins d'avoir un petit pois dans le ciboulot, on sait bien que la seule façon de contrecarrer les plans dégueulasses des tarés-salauds-criminels qui nous gouvernent, et qui s'accommoderont très bien de notre mort sociale – personnellement, cela fait longtemps que mes livres ne sont plus en librairie et que je vis d'autre chose que de mes ”talents”, je ne prêche donc pas pour moi, étant ”déjà mort”, artistiquement parlant… –, c'est un appel à la désobéissance, à la résistance, à la rébellion concrète – comme le fit, avec le succès que l’on sait, Florence Kammermann, cette magnifique libraire de Cannes !
Florence Kammermman, libraire à Cannes

Qu'attendent (je prends cet exemple car je vais beaucoup au cinéma, je suis même critique, à mes heures perdues, sur le site Double Marge, et que c'est le truc qui me rend le plus dingue !) les distributeurs de films, producteurs, exploitants, etc., pour lancer un appel à la réouverture sauvage des cinémas, avec constitution de groupes de spectateurs solidaires pour empêcher les CRS d'entrer dans les salles ? Utopique ? Doux rêveur ? Suicidaire ? Tttt-ttt-ttt : réaliste et tout à fait faisable… (Vous imaginez un peu : Lallement battant de l'aile pour rassembler ses poulets aux quatre coins de Paris !)
Au lieu de ça, on pleure dans les médias, on s'escagasse, on dit sa détresse, son incompréhension, mais on reste les bras croisés… sous le regard sadique des bons gros salopards d'énarques du faux-demeuré Castex (un des nuisibles qui a activement agi contre l'hôpital sous Sarkozy-le-Malfaiteur, rappelons-le).
Foule irresponsable entrant dans un théâtre (Bernard Bretonnière)

Au lieu de cela, après (l'indigeste et protopétainiste) Sylvain Tesson [dont chaque lecteur du Figaro possède le bréviaire accroché au-dessus de son lit] et sa grotesque croisière sur Seine pour sauver la librairie, nous avons un Grand corps malade (je prends volontiers le cas d'un mec que j'aime bien) qui met en ligne un slam très prout-prout-tralala nous informant que, accrochez-vous les petits, on va entrer dans le dur du dur… ”La culture c'est essentiel" (Aux dernières nouvelles, il paraîtrait que Maâme Bachelot, l'entendant, aurait repris une tasse de thé et couiné en s'extasiant : ”Mais quel grand fou !”)
Mais, bon sang, Grand corps malade, tu veux pas plutôt profiter de ta notoriété pour balancer quelque chose qui ressemblerait à un cocktail molotov bien salé à la face de Macron l’Indigent et de ses sbires dopés aux GAFA ? Un truc qui appelait les gens, jeunes ou vieux, malades ou bien portants (personnellement, ça va, malgré une très grosse fatigue mentale), à la fin de l'abrutissement et de l'asservissement par voie intra-sanitaire ?

Liz Cherhal et Morvan Prat présentant le 1er EP
Qu'attendez-vous, mesdames et messieurs les artistes, et tous les réprouvés de la culture dont la mort pend au bout du nez ? (Encore une fois, je parle des gens qui ont pignon sur micro : les autres font ce qu’ils peuvent, chacun dans son coin…) Parce que c'est ça, le truc, et au JT ils pleureront sur le fromager de Saint-Denis qui ferme, à peine ouvert, ou sur l'esthéticienne obligée de bosser dans un abattoir [salut à toi, Malvina Tréfine !], mais pas sur les artistes qui s'évanouiront dans les étoiles, dans une intermittence définitive ?)
  Oui, qu'attendez-vous ? Le 7e confinement ? Que nous soyons tous bien confinés dans nos cercueils, et que nos enfants racontent notre triste histoire à leurs propres enfants ?
Que le 7 janvier, Castex, juste après avoir annoncé que Jérôme Salomon sera jeté aux lions en sa qualité de Grand bouc émissaire de la Santé, nous assène, avec sa gueule faisandée de conseiller général UDR allant consulter le général à Solferino : ”Ben non, désolé, vous n'êtes pas encore tout à fait morts, on vous reconfine encore un petit peu, mais c'est pour votre bien!"?


J'en profite pour vous informer de la création d'une émission de radio urticante que nous allons lancer avec la (glorieuse et magnifique) camarade Claire Le Gac : Les Gaulois parlent aux Gaulois. Et comme nous retournons dans un couvre-feu (putain, rien que ce mot !! et y a pas eu UN SEUL grand intellectuel pour aller gueuler sur un plateau télé !!), nous émettrons d'un coin de Paris peuplé d'irréductibles Gaulois résistant à l'envahisseur Lallement : le Blachois (en hommage à Robert Blache, journaliste et résistant fusillé le 5 août 1944).
D'ici peu, donc : RADIO BLACHOIS : la radio de la Résistance !
La fréquence vous sera communiquée ultérieurement : on ne sait jamais.

lundi 30 novembre 2020

« Nique les cops. Fuck le 17 ! » 4 h de garde à vue, outrage et interdiction de manif pour 2 pancartes

Samedi 28 novembre 2020. M. Soleil radieux, Mmes Longitude, Latitude et Déconfinitude se prennent par la main, déversant dans les rues de France 500.000 personnes manifestant contre la scélérate loi de l’Hyper-Flic, dite loi de « Sécurité Globale », à l’initiative de l’ex-patron du RAID Jean-Michel Fauvergues (recyclé dans la politique et les affaires*) et de cinq autres députés, dont les laborieuses Alice Thourot et Yaël Braun-Pivet, sans oublier le riant transfuge du PS Pacôme Rupin (qui me fait penser à quelqu’un dont je ne peux écrire ici le nom).
  Loi portée par l’infâme Darmanin et, dans l’ombre, par le directeur de cabinet de Macron Patrick Strodza (surnommé M. Flashball en 2016, alors qu'il était préfet de Bretagne et que la police crevait les yeux des manifestants à Rennes, et dont les médias, curieusement, négligent de citer son influence autoritariste sur le président) et votée par 388 députés, croqués ici par des dessinateurs inspirés.


  Normalement, nous aurions dû être 500.002, si un obscur policier de Saint-Germain-en-Laye, un certain Thomas Rodrigues, en méconnaissance totale de la loi qu’il est censé faire respecter et abusant du pouvoir, déjà immense, qui est le sien, n’avait décidé d’interdire à deux jeunes femmes de se rendre à la manifestation de Paris.

  Comment ? En leur infligeant 4 heures en garde à vue.

  Motif ? Outrage, chef !

  Motif de l’outrage ? « Sur leurs pancartes, ces vilaines ont écrit FUCK LE 17 et NIQUE LES COPS, ça m’a foutu un tel coup au moral que je me suis senti outragé dans l’exercice de mes extrêmes-fonctions ! Hop, au trou, mesdemoiselles ! Ça vous fera réfléchir ! »


NIQUE LES COPS et FUCK LE 17 n’iront pas manifester

 

 Voici donc l’histoire, hélas banale dans une France où les libertés publiques sont bafouées chaque jour par une police qui s’apparente de plus en plus à une milice au service exclusif du Pouvoir. Autour d’un délit à la mode (28.000 poursuites en 2019) de plus en plus souvent utilisé à des fins politiques, et dont nous demandons la dépénalisation dans une pétition : le délit d’outrage.


  Le 28 novembre, en fin de matinée, Mathilde et Sabrina [prénoms modifiés à la demande des intéressées] prennent le train avec des amies à la gare de Saint-Germain-en-Laye (78) pour aller manifester à Paris. C’est alors que le très vigilant agent Thomas Rodrigues, apercevant leurs pancartes et subodorant qu’elles ne sont pas à la gloire de sa profession, contrôle les papiers des filles, et leurs pancartes. Découvrant les messages NIQUE LES COPS - FUCK LE 17, notre policier, dont il est permis de supposer que son QI est quelque peu inférieur à celui des jeunes filles dont il va voler quatre heures de leur vie, se fâche tout cru. Et les fait embarquer en garde à vue (action qui, nous dit la littérature, procure au policier un sentiment de puissance, le revigore et le venge du boulot assez peu palpitant qui est le sien).

  Quatre heures plus tard, Mathilde et Sabrina sont relâchéesTrop tard, évidemment, pour se rendre à la manifestationElles repartent sans leurs pancartes, mais avec une convocation pour « rappel à la loi » au tribunal de Versailles le 13 janvier 2021. Espérons que le délégué du procureur qui les recevra connaît un peu mieux la loi que ce pathétique agent de police et ses confrères. Et que le « rappel à la loi » sera retourné à l’envoyeur.



   Comme l'analysent brillamment Mathilde et Sabrina dans le texte ci-dessous, les policiers (dont il n’est pas inutile de rappeler qu’ils doivent avoir, comme le chantait Bourvil, de très longs pieds) outrepassent leurs pouvoirs et ignorent la loi, en l’occurrence le fait que l’outrage sanctionne des paroles, dessins ou gestes « non publics », raison pour laquelle les poursuites contre le député Henri Guaino en 2014 et celles contre les poseurs de pancartes MACRONAVIRUS, s’étaient soldées par des relaxes.


LIRE Qui sont les 6 députés obsédés par l’impunité policière à l’origine de la proposition de loi de « sécurité globale » ?


Signez, partagez notre pétition

* Le Canard Enchaîné rappelle que le député Fauvergues a créé en 2019, Fauhestia.Cons, une société ayant pour but la formation dans les domaines du management et de la sécurité, ce qui crée un conflit d'intérêts patent avec des sujets dont la loi de Sécurité Globale fait la part belle.

vendredi 6 novembre 2020

Qui sont les 6 députés obsédés par l’impunité policière à l’origine de la proposition de loi de « sécurité globale » ?

Soutenue par les groupes LREM et Agir ensemble, la proposition de loi de « curité globale » visant, notamment (mais pas que), à interdire la diffusion d’images et de vidéos non floutés des forces de l’ordre, qui empêcherait de démontrer la véracité des violences policières, a été déposée par 6 députés. Elle sera débattue au Parlement le 17 novembre.

On peut leur écrire à l’Assemblée pour manifester sa désapprobation. Ces gens-là sont trop occupés pour lire leurs courriels, mais leurs assistants se chargent de la besogne. Il arrive même parfois qu’ils répondent, comme en témoigne le magnifique “Elsa, on répond à ce con ?” qui me fut envoyé par mégarde en 2010 par l'assistante parlementaire d’un certain… Thierry Mariani.

Ci-dessous le courriel que je viens de leur envoyer.

Comme je l’avais fait en mai lors de l’offensive (avortée) des 29 députés demandant l’interdiction de publier des photos des policiers dans les médias, voici un trombinoscope de ces individus, qu’il est possible de qualifier d’ennemis du peuple ou d’équarrisseurs de la démocratie. Les qualifier de fascistes serait passible des tribunaux, nous nous abstiendrons donc de cette appellation, pourtant tentante.

LIRE : Le trombinoscope des 29 députés demandant l’interdiction de publier des photos des policiers dans les médias


Commençons par le maître d’œuvre de ce projet d’inspiration totalitaire, dont il n’est pas déraisonnable de penser qu’il a été inspiré par le très droitier directeur de cabinet de Macron, Patrick Strodza, sous le regard gourmand des sieurs Darmanin et Lallement.

Jean-Michel Fauvergues, député de Seine-et-Marne, est quasiment né flic. Sa longue carrière le mena à la tête du RAID. Il mena l'assaut contre les terroristes de Saint-Denis, ce qui lui vaudra par la suite (et par la bande) d’être évincé de ce posteQualifié par Le Monde « d’atout-muscle » de Macron, il rallie la macronie en 2017. Il est à l’origine de ce projet de loi scélérat, en binôme avec Alice Thourot, avec qui il remit ( un rapport parlementaire sur le « continuum de sécurité » proposant de renforcer les polices municipales, avec la création d'une école nationale et l'armement obligatoire, rapport dont s’inspirera la proposition de lo « vers une sécurité globale »On peut lui écrire ici (pas de gros mots, s’il vous plaît !).

Alice Thourot, députée de la Drôme, avocate spécialisée dans la construction et l’immobilier, est membre de la commission des lois. C’est, avec l’ex-soldat du RAID, la cheville policière de ce projet de loi, dont les fondations furent posées en septembre 2018. En , elle est nommée rapporteur pour la proposition de loi visant à prévenir les violences lors des manifestations et à sanctionner leurs auteurs. Le média participatif Ricochets lui taille un costard ici. On peut lui écrire à cette adresse (tout en restant poli).

Christophe Castaner. On ne lui fera pas l’injure de le présenter. Depuis qu’il a quitté la place Beauvau pour devenir président du groupe LREM à l'Assemblée, son appétence pour la répression policière ne l’a pas quitté :  la preuve. On peut lui écrire ici (en restant calme).


Olivier Becht. Ex-PS, ami de Delors, ce terne énarque alsacien, qui ne semble pas avoir inventé le sens giratoire, se présente comme un « centriste pragmatique » (« girouette » en français). Il fut magistrat au tribunal administratif de Nancy, en qualité de conseiller. Membre de la commission de la Défense nationale et des Forces armées, il défend cette proposition de loi au nom du groupe Agir ensemble, qu’il dirige, après avoir (rare exploit) été élu député en battant une candidate LREM. On lui écrit ici (pas de méchancetés, s’il vous plaît !).

Yaël Braun-Pivet, députée des Yvelines, ex-PS (elle exerça la lourde charge de trésorière de la section PS de Tokyo, où elle avait suivi son mari, cadre supérieur à L’Oréal) passée à LREM en 2016, cette avocate officiant à Neuilly préside la commission des Lois, où ses débuts quelque peu chaotiques, on s’en souvient, furent raillés par les puristes. En 2020, elle défendit avec son confrère Raphaël Gauvain une proposition de loi visant à instaurer des mesures de sûreté pour les terroristes sortant de prison, qui sera censurée par le Conseil constitutionnel, après que des collectifs d’avocats l’eurent qualifiée de « loi de double peine ». Son site est ici. On lui écrit ici (poliment).


Pacôme Rupin, député de la 7e circonscription de Paris, c’est le jeunot de la bande. Né en 1985, nourri à la bibine des Jeunes socialistes dans le Val d’Oise, il est élu conseiller municipal du 4e arrondissement de Paris en 2014. Est-ce à cause de son patronyme évoquant la rondeur bourgeoise des beaux quartiers ? Toujours est-il que, attiré par la philosophie de la start-up nation prônée par En Marche et le parler-vrai de Macron, il finit par trahir et rejoindre les rangs de la macronie dominante, devenant directeur de campagne de Benjamin Grivaux aux municipales de 2020 (mauvaise pioche). Depuis, Pacôme Rupin est devenu un (tout) petit notable de la Macronie non dénué d’appétit. Est-ce à dire que si un régime ouvertement fasciste s'installait demain en France, le jeune homme ne serait pas le dernier à se coucher pour un maroquin ? La réponse à cette question semble être écrite dans sa collaboration active à la présente proposition de loi. On lui écrit ici (inutile de lui rappeler d’où il vient).


Raphaël Kempf et Arié Alimi font partie des avocats signataires de la pétition demandant la dépénalisation du délit d’outrage, systématiquement utilisé par les policiers violents, que vous pouvez signer ci-dessous.

lundi 2 novembre 2020

Une lettre de mon libraire (confiné), Dominique Garnier, Librairie L’Invit’à lire, Paris 10e

Je publie la lettre de Dominique Garnier, libraire de L’Invit’à lire, 12, rue du Château-Landon, Paris 10e. En complément, un appel à la désobéissance civique (dû à mon irascible plume) pour soutenir les libraires, consécutif à la décision de Jean Castex [de Nœud] de ne pas considérer le livre comme un produit de première nécessité et d’interdire l’ouverture des librairies, tout en autorisant les prédateurs tels que Amazon à vendre des livres. L’écrivain Philippe Claudel, membre de l’académie Goncourt, a pris une position allant dans le même sens, appelant les libraires à désobéir dans une tribune publiée par Le Figaro.



Chères Toutes, Chers Tous,

Suite à l’annonce mercredi soir du reconfinement, j'ai reçu un grand nombre de messages de soutien qui m'ont ému et donné du courage pour les jours et les semaines à venir. La fermeture de la librairie, en cette période d’avant Noël, risque effectivement d’être fatale à l’Invit’à lire, comme à un grand nombre de librairies indépendantes…

Cependant, face à l'accélération de la pandémie, j'avoue être plus choqué par la concurrence déloyale due à la poursuite d’activité d'Amazon et consorts – au péril de leurs propres salariés et sous-traitants – que par la fermeture des librairies elle-même. Tout ce battage médiatique – systématique et souvent hypocrite – autour de la librairie me paraît, pour tout vous dire, plutôt malsain, alors qu’aucun mot n’est prononcé concernant notamment le personnel soignant…

Depuis 18 ans (eh oui, j'ai “repris” la librairie en juillet 2002 !), j'ai eu la chance d'attirer et de conserver une clientèle que je sais réellement intéressée par le livre mais aussi les échanges, les discussions et l’humour que j’ai essayé de cultiver dans ma modeste échoppe. (!)

C’est grâce à vous que j'espère donc passer ce nouvel obstacle, et éviter que nous ne nous laissions tous engloutir dans la numérisation et l'ubérisation...

Dés le vendredi 6 novembre je souhaite ouvrir la librairie pour des enlèvements de commandes : les mardis et vendredis de 16H à 20H. Vous pourrez ainsi, si vous le souhaitez, me passer ces commandes : soit sur mon répondeur téléphonique, soit par mail. Je vous contacterai systématiquement en retour dès que j'aurai les ouvrages pour vous confirmer leur disponibilité à la librairie si problème (livre indisponible chez les fournisseurs, délais trop longs) pour vous le signaler.

J’ai souhaité, avant de vous expédier ce mail, m’assurer que tous les Distributeurs allaient, malgré ce confinement, poursuivre leurs approvisionnements auprès des libraires, ce dont j'ai eu confirmation. Je vous suggère cependant, concernant notamment les cadeaux de fin d'année, de passer vos commandes AU PLUS TOT, les délais d'approvisionnement se trouvant parfois allongés du fait des consignes sanitaires chez les fournisseurs, transporteurs et comptoirs libraires.

Je continuerai, pour ma part, à me déplacer tous les matins vers mes différents points de prise en charge, afin d'assurer une mise à disposition des ouvrages au plus tôt. Enfin, demeurant non loin de la librairie, dans le XIXe arrondissement, je suis naturellement disponible pour remettre ponctuellement une commande en dehors des horaires proposés les mardis et vendredis si ceux-ci ne vous convenaient pas.

N'hésitez-pas, du reste, à me faire part de vos commentaires sur le choix de ces plages horaires de ce… “click and collect” (ça y est je l'ai dit!). Je sais pouvoir compter sur votre confiance et votre soutien.

Je vous en remercie par avance et surtout vous prie de faire attention à vous et à vos proches. Dans cette période de liesse générale, j’ai quand même souhaité mettre, en pièce jointe, un petit dessin “trop gnon” !

AU PLAISIR DE VOUS REVOIR

Dominique


LIRE. Giambattista Bodoni ou la métaphysique de la typographie, tendance négative