Paris, hiver 2021.
Quatre concepts cardinaux régissent la vie du préfet de police : autorité, ordre, répression, humiliation, sous la tutelle symbolique de sa belle casquette à feuilles de chêne, dont certains prétendent qu’elle serait un prolongement naturel de son cerveau.
Arrogant, ne supportant pas d’être contredit, dirigeant ses troupes d’une main de fer, il fait l’unanimité contre lui et n’a que des ennemis (y compris dans la police). Ce qui ne le dérange pas, bien au contraire. Car le conflit est son moteur. Plus on le hait, mieux il se porte. Plus il se sent bien, plus il cogne. Et plus il cogne, plus il est haï.
Seules deux choses pourraient mettre fin à ce cercle vicieux : le limogeage ou la mort. Mais ça n’en prend pas le chemin. Car ses appétences « fascisantes » conviennent fort bien au pouvoir, qui les utilise à merveille, et il a une baraka d’enfer.
Une troisième solution existe pourtant. C’est celle qu’a choisi un groupe de mystérieux activistes de la cellule Bodoni, à travers une opération minutieusement préparée, et totalement inimaginable.
« Monsieur le préfet, nous n’allons pas vous tuer. Ce serait trop facile. Mais ne vous réjouissez pas trop vite : vos crimes sont nombreux, la magnanimité n’est pas dans notre ADN. Et cela risque d’être encore pire. »
Lorsqu’il entend ces mots, ficelé sur un lit d’hôpital, le préfet comprend qu’il est perdu. Et qu’il n’aurait peut-être dû citer Trotski dans ses vœux pour 2021.
Alors, en attendant cette chose qui pourrait être pire que la mort, il replonge dans les fantasmes de son enfance, qui ont fait de lui le monstre froid qu’il est devenu.
Qui veut la peau du préfet de police ? évoque la chute d’un homme (qui ressemble fort à Didier Lallement).
Pendant cinq semaines, j’ai infiltré le cerveau de la Bête, avec tous les risques, aussi bien physiques que psychologiques, que cela comporte. Il en est revenu quelque peu secoué, en possession d’éléments stupéfiants, qui vous surprendront, et qui lui ont permis de livrer ce récit, à mi-chemin entre farce satirique et pamphlet !
Tout ce qui est raconté est vrai – vous apprendrez notamment pourquoi le préfet de police n’a pas effectué son service militaire –, à part deux ou trois choses inventées par l’auteur, qui pourraient bien – le hasard se faisant parfois l’allié de la littérature – s’avérer authentiques.
Ce livre est dédié à la mémoire de Cédric Chouviat, assassiné le 3 janvier 2020 par trois policiers usant – et jouissant – de leur pouvoir de vie et de mort, avec la complicité tacite des autorités. Et de l’ami Maurice Rajsfus, disparu le 13 juin 2020.
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L’une de ces six personnes n’a jamais créé de police typographique.
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Contrairement à Je suis partout (les derniers jours de Nicolas Sarkozy), écrit sous le coup d’une méchante sarkozia volubilis contractée au début du quinquennat de l’agité de Neuilly, le présent livre est le fruit du hasard. Je ne me suis pas réveillé un matin en me disant : “Il faut que je rentre dans le lard du préfet Lallemort !”Qui veut la peau du préfet de police ? devait théoriquement inaugurer la collection Que fait la police ? des éditions Tendance Négative, à l’invitation de son graphiste, Clément Buée. Le principe (alléchant, quand on a été comme moi typographe amateur) consistant à s’emparer d’une police typographique et de broder un polar autour. Comme je le raconte ici, j'ai jeté mon dévolu sur la police Bodoni. Hélas, les éditeurs ont décidé que le pamphlet pointait trop sous le roman et m'ont proposé de le “délallementer”, tout en repoussant la parution d'un an. Ce qui était inacceptable, d'un point de vue éthique. Cela seul explique la parution dans une autre maison d’édition, vraisemblablement à l'enseigne d'Après la Lune. Et sans diffuseur, à l'heure où j'écris ces lignes…
Qui veut la peau du préfet de police ? LE SITE.
Qui veut la peau du préfet de police ? 80 pages, 10 €. En librairie en mai 2021.