Il y a fort longtemps, en des temps que les confinés de moins de 80 ans ne peuvent pas connaître, Winston Churchill, Premier ministre britannique, avait promis à ses concitoyens De la sueur, du sang et des larmes.
18 juin 1940. L’appel de Londres de Charles de Gaulle
Deux mois plus tard, alors que François Mitterrand, confiné à Vichy en compagnie de René Bousquet et de quelques vieilles barbes de La Francisque, entamait le grand-œuvre machiavélique qui le conduirait quarante ans plus tard aux plus hautes fonctions, Charles de Gaulle, confiné à Londres pour les raisons que l’on sait, lançait son fameux appel à rejoindre les Français libres, qui entreront dans la postérité sous le nom de “compagnons de la Libération”. Appel dont l’enregistrement fut subtilisé par un technicien de la BBC à la solde de Churchill (qui n’aimait guère De Gaulle, comme chacun sait).
6 décembre 1978. L’appel de Cochin de Jacques Chirac
Dans un passé plus récent, rappelons le fameux “appel de Cochin”, lancé le 6 décembre 1978 (ce qui ne rajeunira pas les anciens) par Jacques Chirac, fraîchement déconfiné de Matignon (la cohabitation avec le duo schizophrène Giscard-Destaing lui causait des crises urticantes), et qui devra encore attendre 17 ans avant d’être élu président.
23 février 2008. L’appel aux pov’cons de Nicolas Sarkozy
Il arriva aussi que Nicolas Sarkozy, se souvenant du temps où Jacques Chirac lui apprenait, dans les coulisses du congrès de Nice, à déchiffrer les cartes d’état-major du 8e arrondissement, fût tenté par des accents gaulliens. Mais cela ne lui réussit guère. L’Histoire, intraitable avec les petits, ne retint de Nicolas Minus, dont je raconte dans un roman la plongée dans la folie, que deux appels.
Travailler plus pour gagner plus et l’inoubliable Casse-toi pov’con !, qui me valut de vivre d’intrépides aventures sous l’identité de Fernand Buron, en compagnie de l’ami Hervé Éon, grâce à qui la France fut contrainte, en juillet 2013, de chasser de son code pénal le délit d’offense au chef de l’État.
16 septembre 2018. L’appel à traverser la rue d’Emmanuel Macron
On se souvient que le président Macron, plus à l’aise avec les endimanchés de Rothschild qu’avec ces “gens qui ne sont rien” qui allaient se révolter deux mois plus tard sous le nom de Gilets jaunes, avait conseillé à un jeune horticulteur ne trouvant pas de travail de “traverser la rue”, méthode efficace, selon lui, pour trouver du travail. Le jeune homme en trouva, grâce au buzz créé par l’incident, et sans avoir à traverser la rue.
Bref. S’il était encore besoin de le prouver, le niveau des adresses présidentielles avait tendance à baisser dans notre douce France, ce qui ne manquèrent pas de noter les médias français, toujours prompts à moquer notre nation d’irréductibles Gaulois bravaches et fiers !
Et voilà qu’en 2020, miracle ! À la faveur d’une pandémie de coronavirus plongeant la France et un milliard de Terriens dans un confinement physique, métaphysique et métabolique, un homme inattendu sort de l’ombre ! À moins d’être adhérent de LREM ou abonné aux réseaux sociaux, cet homme, vous ne le connaissez pas. Il s’agit de Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture de Philippe Macron, que l’on ne confondra pas avec un autre Guillaume, François, ministre de l’Agriculture de Chirac durant sa cohabitation avec l’homme qui voyait des esprits partout.
Pas bien futé, pas plus habile avec le cul des vaches qu’avec les journalistes (on le voit ci-dessous arracher le micro d’un reporter lui cherchant querelle), très lié à Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, ce syndicat paysan dont les dirigeants gagnent 10.000 euros par mois en restant le cul dans leur fauteuil et en palpant les backchich de Monsanto, notre ministre de la Propagande agricole, des Glyphosates et de la Terre qui ne ment pas vient de lancer cet appel vibrant à la Nation, demandant aux Français désœuvrés ne supportant plus le confinement dans leur modeste HLM de migrer dans nos belles provinces afin de pallier au manque de main d’œuvre saisonnière retenue à l’étranger depuis que le généralissime Coronavirus a cloué les avions au sol.
Mais laissons la parole au ministre, dont le vocabulaire guerrier, en totale concordance avec la tonalité belliciste de la dernière allocution présidentielle, ne laisse pas douter qu’il sera entendu par ces Françaises et ces Français qui ne savent plus comment occuper leur confinement et qui n’ont pas la chance, comme ces grands écrivains que sont Marie Darrieusecq, Leïla Slimani ou Sylvain Tesson, de s’adonner aux travaux de la langue, où qu’ils se trouvent, dans leur gourbi de Sibérie, leur fermette de chaume normande, leur loft-palombière au Pays basque.
24 mars 2020. L’appel de Didier Guillaume aux coiffeurs, aux serveurs, aux hôtesses de France désœuvrés
« Je veux lancer un grand appel à l’armée des ombres, un grand appel aux femmes et aux hommes qui aujourd'hui ne travaillent pas, un grand appel à celles et ceux qui sont confinés chez eux dans leur appartement, dans leur maison. A celles et ceux qui sont serveurs dans un restaurant, hôtesses d’accueil dans un hôtel, aux coiffeurs, à celles et ceux qui n’ont plus d’activité, je leur dis rejoignez la grande armée de l’agriculture française, rejoignez celles et ceux qui vont nous permettre de nous nourrir de façon propre, saine. »
Un coiffeur qui n’a plus aucune activité ne peut-il pas aller faire du travail dans les champs, ramasser les fruits, les fraises, aller dans une entreprise agroalimentaire mettre des yaourts dans des boîtes ? Il faut envisager de nouvelles solidarités.
Il faut que les travaux des champs se fassent et, pour qu’ils se fassent, il faut de la main-d’œuvre. Nous avons besoin de la solidarité nationale pour que nous puissions tous manger. »
Reste à savoir comment pourra s’effectuer le transit de ces futures troupes citadines, dont beaucoup n’ont jamais vu en vrai un champ de maïs, un maraîchage ou un potager, vers nos verdoyantes campagnes, à qui l’infâme virus a redonné leur éclat naturel, à défaut de leur rendre le chant de ses oiseaux, le crépitement de ses insectes disparus, le tumulte de ses centres-bourg, la maternité, l’hôpital qui permet de se soigner sans avoir à faire cent bornes dans une bagnole consommant dix litres d’essence à 6,95 € au cent kilomètres.
Elisabeth Borne, ministre des Transports, n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations.
À demain, si vous le voulez bien !
2 commentaires:
je trouve que jj Reboux est très injuste... après l'appel musclé que notre Président adressa via Castaner aux Hospitaliers en colère Nous avons encore le droit chaque soir à 20 heures de taper sur des casseroles et d'applaudir tous nos soignants du fait qu'ils restent sur une barricade sans boucliers avec , il est vrai la certitude (toute relative) que les projectiles corona-riveront bien à atteindre quelques uns d'entre eux seulement .
Et surtout ne pas hésiter à diminuer la dépense publique ; que ce soit celle de la Santé (qui nous coûte beaucoup trop cher) de l'Education (aucun retour sur investissement) la Justice qui se met à condamner quelque coupable de haut rang (sans les emprisonner nécessairement) (car la prison coûte aussi cher que la justice est pauvre)
Une bonne nouvelle La française des jeux vous donne une demi heure de plus chaque jour
pour parier et enrichir cette Société privée
Si j'ai bien compris les Marchés sont fermés mais on peut encore trouver où dépenser son argent !
Avant La Loterie nationale c'était un nouvel impôt pour les pauvres (le bénéfice allait à l'Etat)
Maintenant c'est encore un impôt mais le bénéfice va aux riches ! Gloire à Dieu !
Merci de me dire si je me trompe
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