mardi 26 novembre 2019

Les promesses du président Sebastián Piñera aux carabiniers se concrétisent : la France va apporter son savoir-faire au Chili, en matière de répression

Ill. Nantes Révoltée
Dimanche 24 novembre 2019, 37e jour de mobilisation au Chili (rappelons que son point de départ fut une révolte contre l’augmentation du ticket de métro), le président Sebastián Piñera, en visite à l’École des sous-officiers des carabiniers, a communiqué une série de mesures liées à la situation de crise sociale, sous la forme d’un projet de loi pour que les forces armées puissent collaborer dans la protection des infrastructures du pays, déclarant : “Nos carabiniers et la police d’investigation ont besoin du soutien du gouvernement pour restaurer la dignité de notre police.”
Son discours est visible ici.
Le président multimilliardaire chilien a également évoqué le nombre de troupes qui entreront au service actif des carabiniers et de la police d'investigation (PDI) dans les prochaines semaines, après certaines dispositions prises dans le domaine de l'ordre public, déclarant :
“Je tiens à annoncer que, grâce à la réintégration du personnel récemment retraité avec de bonnes qualifications, et à l'anticipation de la remise des diplômes des nouvelles générations des écoles d'officiers et de sous-officiers des carabiniers et de la police d'investigation, dans les 60 prochains jours, nous allons augmenter de 4.354 le nombre de carabiniers et de policiers pour protéger la paix et la sécurité des citoyens.”
Cet accord pour la “paix et la sécurité”, véritable insulte aux victimes de la répression, qui constitue ni plus ni moins un appel à la reddition par la force, comprend :
* La réintégration des policiers à la retraite
* Une sortie anticipée des écoles de police (sans instruction complète)
* Plus de ressources pour les carabiniers
* Plus de pouvoirs pour les carabiniers (modernisation)
* Plus d’attributions présidentielles (militaires à la rue sans état d’exception)
* Conseil international en matière de police (France, Espagne et Angleterre).
Ces informations sont confirmées mardi 26 novembre par le sous-secrétaire d’État à l’Intérieur Rodrigo Ubilla sur le site (en espagnol) El Mostrador.
La France, qui avait déjà apporté son aide au régime du général Pinochet en 1973, comme le rappelle Nantes Révoltée, va donc apporter son aide et son sinistre savoir-faire en matière de maintien de l’ordre et de répression au Chili.

lundi 25 novembre 2019

Les promesses inquiétantes du président Sebastián Piñera aux carabiniers chiliens

Le présent papier du lundi 25 novembre a été considérablement modifié, en tenant compte de précisions apportées par le journal El Mostrador.

dimanche 24 novembre 2019

Chili. Daniela Carrasco, Albertina Martinez Burgos, Carolina Muñoz Manguello, trois femmes victimes des escadrons de la mort

La sanglante répression par les carabiniers, la police militaire du Chili, pays où 23 personnes ont été tuées, 220 éborgnées, 2.500 blessées, des femmes violées (70 plaintes de violences sexuelles par les forces de l’ordre), 7.000 arrêtées), s’est accompagnée de ce qu’il faut bien appeler des “escadrons de la mort” (de sinistre mémoire en Argentine et dans d’autres ex-dictatures d’Amérique latine), dont certains, on le lira plus bas, ne se donnent même pas la peine d’agir en secret.
Albertina Martinez Burgos / Daniela Carrasco, dite “La Mimo”
En octobre, Daniela Carrasco, 36 ans, artiste de rue surnommée La Mimo car elle apparaissait déguisée en clown, était découverte pendue à un arbre, quelques heures après son arrestation par la police, après avoir été violée et torturée (après que l’on eût tenté de faire croire à un suicide…).

Le 22 novembre, Albertina Martinez Burgos, 38 ans, photographe militante ayant couvert les manifestations et effectué un travail d’investigation sur les violences militaires et policières au Chili, était retrouvée assassinée chez elle. Tous les disques durs de son ordinateur ont disparu. À lire sur le site Persil.
Le même jour, Carolina Muñoz Manguello est enlevée pendant une manifestation, comme le rapporte Tenemos Notifias qui publie la vidéo de l’enlèvement [ci-dessous] dans un article intitulé : Comme sous Pinochet. Comment les carabiniers font disparaître des manifestants. Elle n’a pas reparu depuis.
À ces trois exemples, qui constituent la partie visible de cet iceberg de terreur imposée par un régime qui n’a rien à envier à celui de Pinochet sur des manifestants (en l’occurence, des femmes), ajoutons le cas, rapporté par le site piensaChile.com, de cette femme déshabillée par des militaires lors d’une manifestation, sur la place du tribunal, dans la ville de Concepción.
 
À l’image d’un Castaner ou d’un Macron niant les violences policières contre les Gilets jaunes, le président chilien Sebastian Piñera, dont on connaît les nombreuses « parentés » avec le régime Pinochet, a déclaré à l’école des sous-officiers des carabiniers [vidéo ici] « Il y a eu un usage excessif de la force,  il y a eu des abus et on n’a pas respecté les droits de tous ». Parmi les mesures annoncées à cette occasion, on apprend que la France va apporter son savoir-faire au Chili en matière de maintien de l’ordre et de répression dans ce papier.
Si l’on n’en est pas encore arrivé à ce stade en France, il convient néanmoins de remarquer les similitudes entre un régime chilien qui tue des manifestants pour faire peur et un régime macronien qui crève les yeux des manifestants pour les mêmes raisons. On rappellera que l’actuel préfet de police, Didier Lallement, déclara récemment à une manifestante Gilets jaunes, mettant son mouchoir par-dessus son devoir de neutralité républicain : « Nous ne sommes pas dans le même camp, madame ! », assertion qui vient à point pour rappeler que le substantif « camp » peut être compris de diverses façons, selon que l’on se situe sur un terrain sportif ou un terrain purement politique.

lundi 18 novembre 2019

Réveillé par les propos du préfet de police Didier Lallement, Maurice Papon se retourne dans sa tombe !

EN DIRECT DE GRETZ-ARMAINVILLIERS (SEINE-ET-MARNE)

La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre dans le paisible bourg de Gretz-Armainvilliers, où il est enterré depuis février 2007. Maurice Papon, notoirement connu – entre autres – pour avoir participé à la déportation de juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, où il était en fonction à la préfecture de Bordeaux et à la noyade par balles d’Algériens le 17 octobre 1961, alors qu’il était préfet de police de Paris, se serait retourné dans sa tombe dimanche 17 novembre 2019, aux alentours de 14 heures 30.

UNE OCTOGÉNAIRE EN ÉTAT DE CHOC

Josette Perrin, 82 ans, demeurant à Ozoir-la-Ferrière, témoigne : “Je me rendais, comme tous les 17 novembre, date anniversaire du décès de mon pauvre époux, sur sa tombe, lorsque j’ai entendu un bruit provenant de la sépulture voisine de mon Roger… Comme si quelqu’un descellait le marbre à la barre à mine. L’an dernier, des jeunes ont essayé d’ouvrir la tombe de Papon pour lui voler sa légion d’honneur, alors, vous savez !… Je regarde. Personne… Malgré ça, les coups continuaient ! Tout à coup, j’ai pris peur… C’est alors que je me suis rendue compte que les coups venaient de l’intérieur de la tombe… Ensuite, j’ai entendu comme un cri… Comme quelqu’un qui se cogne contre un meuble !”


DES COÏNCIDENCES TROUBLANTES

En état de choc, l’octogénaire rentra chez elle au volant de sa voiturette sans permis. “J’étais tellement mal en point que j’en ai oublié de saluer mon Roger… J’ai allumé la télé. J’ai mis BFM pour voir ce qui se passait avec les Gilets jaunes qui fêtaient leur premier anniversaire. Et c’est à ce moment-là que j’ai vu un homme en uniforme répondre à une dame énervée : “Nous ne sommes pas dans le même camp, Madame !” Sur le coup, j’ai pensé que j’étais tombée sur un téléfilm… Le monsieur s’appelait Lallement, vous pensez ! J’aime bien regarder les films historiques, ça m’occupe, depuis que mon Roger est parti ! Mais non, c’était pas un film. C’était les informations ! Après, j’ai su que c’était le nouveau préfet de police, alors forcément, j’ai fait le rapprochement avec M. Papon, qui était du métier, lui aussi…”
Y a-t-il un rapport entre la réponse surprenante faite à une dame Gilet jaune par le préfet de police Didier Lallement – qui aurait dérogé à son devoir de neutralité – et la curieuse découverte effectuée par Josette Perrin au cimetière de Gretz-Armainvilliers ? Quel lien pourrait-il bien avoir entre le préfet de police qui présida à la féroce répression des Algériens de Paris en 1961 et celui qui préside à la non-moins féroce répression contre les Gilets jaunes en 2019 ? La question, même si elle peut paraître quelque peu hasardeuse, voire incongrue, mérite d’être posée…
Mme Josette Perrin, à qui elle le fut – en attendant le tour des nécromanciens, des biologistes et des historiens, qui ne manqueront pas de signaler que les deux hommes firent, à sept décennies d’écart, leur première expérience répressive dans la ville de Bordeaux, s’en tira par cette pirouette : “Je demanderai à mon Roger quand je retournerai sur sa tombe… Si les morts parlent entre eux, il aura peut-être son idée…” Sagesse de nos aînés !

mardi 5 novembre 2019

380 € d’amende pour avoir oublié de signer un document de la cour de cassation : les petits rackets de la justice “au nom du peuple français”


Le dialogue qui suit (totalement imaginaire) résume la rocambolesque et authentique affaire [je défie mes confrères auteurs d’inventer un scénario aussi tordu] qui m’opposa, quatre ans et demi durant, à Églantine Laval.
Si vous ne connaissez pas cette lamentable affaire (où un simple “Et vous arrivez à dormir la nuit ?” glissé à l’oreille d’une fragile jeune femme se transforma en “coups de poing sur la figure”, suivis d’un procès pour violences volontaires, d’un procès en appel, d’un pourvoi en cassation – rejeté au motif que je n’aurais pas signé un document ! –, puis de deux plaintes en diffamation – classées), vous pouvez lire les trois actes et l’épilogue de cette bouffonnade, qui se clôt par une amende de 380 € pour “droit fixe de procédure” (ils n’étaient que de 90 € avant mon pourvoi en cassation).


ET VOUS ARRIVEZ À DORMIR LA NUIT ?
ACTE 1 ACTE 2 / ACTE 3 ÉPILOGUE 

C’est parti.
– Mon chéri, tu as du courrier !
M. SOULARD président
– Tiens donc, du courrier… Par la Poste !  C’est devenu rare ! Tu veux pas me l’ouvrir, s’il te plaît, j’aimerais bien terminer mes œufs à la coque tranquillement.
  Ma compagne, de ses doigts de fée fraîchement manucurés, lacère l’enveloppe en rugissant (elle est du signe du lion).
– C’est signé M. SOULARD président. 
– T’es sûre que c’est pas un canular ? Soulard…
– Dis donc, tu dois être quelqu’un d’important ! C’est écrit RÉPUBLIQUE FRANÇAISE / AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS.
– Encore une blague de mes potes Gilets jaunes, je lirai ça après ma douche !
–  Ouh-la, mais tu as vraiment dû faire une grosse bêtise, toi ! COUR DE CASSATION, CHAMBRE CRIMINELLE. Tu me caches quelque chose !
– Ma biquette, qu’est-ce que tu vas imaginer ?
– Ouh-la, mais c’est grave, ça ! “M. Reboux, déclaré coupable de VIOLENCES AYANT ENTRAÎNÉ UNE INCAPACITÉ DE TRAVAIL N’EXCÉDANT PAS 8 JOURS”
– C’est des conneries, tout ça…
– Amende contraventionnelle de 800 € avec sursis. Mais  c’est quoi, ce truc !
– Je peux tout te raconter, mon amour !
– Essuie ta bouche, tu ressembles à un poussin.
– J’ai été accusé par une certaine Églantine LAVAL de lui avoir donné des coups de poing… Devant l’entrée du tribunal, à deux mètres du vigile, tu imagines le truc !
– Quel tribunal ?
– Ce serait trop long à expliquer… Elle a tout inventé !
– Écoute-moi, chéri, c’est grave, ces accusations…
– Mais je te jure que je n’ai RIEN fait !
– Pourquoi as-tu été condamné si tu n’as rien fait ?
– C’est cette juge de Montreuil ! Pour elle, un homme est potentiellement capable de frapper une femme. Capable, coupable, elle a franchi le pas ! Les flics qui nous ont confrontés ont déclaré que mon accusatrice était une mythomane, mais le parquet n’a pas classé l’affaire…
– Mais tu ne t’es pas défendu ? Tu n’avais pas d’avocat ?
– Ben si. Une avocate. Comme je suis au RSA, j’ai eu l’assistance judiciaire. Mais j’ai fait un truc très con, j’ai loupé mon procès.
– Tu as… loupé ton procès ? Tu te fous de moi ?
– Hélas non. Je me suis trompé de date, figure-toi. C’était le 13 juin, j’ai noté le 16 sur mon agenda.  J’étais fatigué, j’ai pas fait attention. Comme j’étais absent à mon procès, j’ai été condamné à 800 € d’amende…
– C’est malin !
Capture d’écran du site d’Églantine Laval.
– Évidemment, j’ai fait appel. Et là, j’ai fait la connerie de ma vie…
– Tu as frappé la juge !!!
– Mais non, chérie ! Je me suis défendu tout seul. À force d’assister à des procès, je me suis dit La justice, c’est jamais que du théâtre. Sur ton CV,  ça aura de la gueule, allons-y, Alonzo ! Au début, ça s’est plutôt bien passé. J’étais sûr de mon droit. C’est quand j’ai mimé, avec force décibels, la grande scène de la pseudo-agression que ça s’est envenimé. Quand j’ai crié dans le prétoire : “S’il vous plaît, madame, ce monsieur m’agresse ! J’ai besoin d’un témoin, aidez-moi !”, j’ai cru qu’elle allait lâcher les lions… Le pompon, c’est quand elle m’a proposé de couper la poire en deux avec une condamnation à 400 € d’amende… Je lui ai lancé dans les gencives, façon Dupont-Moretti : “Madame l’avocate générale, je suis innocent. Même si j’étais condamné à un centime d’euro avec sursis, je me pourvoirai en cassation !” Alors là, elle n’a pas du tout apprécié ! La présidente a même lancé : “la cour appréciera”.
– Abrège, tes œufs vont être froids !
– Résultat des courses : j’ai été déclaré coupable. Dans sa grande mansuétude, la présidente m’a accordé un amende de 800 € avec sursis. Quand je suis venu chercher la délibéré, quelques semaines plus tard, comme elle me parlait mal, je lui ai fait remarquer que la personne à qui elle s’adressait n’était pas un chien, mais un être humain ! T’auras vu le regard qu’elle m’a lancé !
Sainte Églantine
– Et tu t’es pourvu en cassation !
– Exact.
– Et ton pourvoi a été refusé !
– Exact. Et tu sais pourquoi ? J’aurais oublié de parapher ma déclaration !
– Comment ça, tu “aurais” ? Tu l'as signée ou tu l’as pas signée ?
– En tout cas, si j’ai oublié de la signer, la greffière a étudié mon dossier pendant cinq minutes, elle aurait dû s’en apercevoir, et me le dire…
– Et tu ne peux pas aller plus haut ?
– Comment ça, plus haut ? La cour de cassation est la plus haute juridiction de France. Plus haut, c’est Dieu, et il fait pas ce genre d’intervention.
– Qu’est-ce que tu vas faire ?
– Comment ça, qu’est-ce que tu vas faire ? Je ne vais pas payer, il n’en est pas question !
– Tu n’as qu’à porter plainte pour dénonciation calomnieuse !
– Eh non ! Je n’en ai pas le droit… La chose jugée faisant autorité, je suis considéré comme coupable. Même si j’ai été condamné à du sursis…
– Du sursis ? C’est pas ce qui est écrit sur son courrier, à M. SOULARD président ! Tu es condamné à verser la somme de 380 € au fisc !
– QUOI !!!
Trèves de plaisanterie. Le courrier en question émane bien de la chambre criminelle de la cour de cassation, dont le président, un certain Soulard, m’informe que, mon pourvoi ayant été rejeté, ma condamnation à une amende de 800 € avec sursis s’accompagne du paiement d’un droit fixe de procédure de 380 €.

dimanche 3 novembre 2019

“Rap français, les femmes de l’ombre”, un documentaire de Gabrielle Niang

Le rap, ce n’est pas seulement des gros bras machos qui se battent en duel à Orly, ou des types qui disent du mal de la police pour faire de la peine à Castaner !
Ce chouette documentaire a été réalisé par ma fille, Gabrielle ! Fier, je suis, eh, eh !!