vendredi 30 octobre 2020

Désobéissance civique contre l’assignation à résidence. Comment aider efficacement nos libraires

Le présent coup de gueule fait suite à un commentaire d’un ami écrivain sur la page FB d’un autre ami écrivain.

Photo Nantes Révoltée. Librairie L’Invit’à Lire, 12, rue du Château-Landon, 75011 Paris

J’écrivais : Je pense que la seule chose un peu efficace, et assez simple à organiser, serait un acte de désobéissance civique général des libraires, et de leurs clients, etc. Ils ne pourraient pas arrêter tout le monde. On a applaudi les infirmières à 20h, on pourrait tout à fait imaginer un truc similaire, par exemple : ”Il est 18h, je remplis ma petite attestation ”acheter des produits de première nécessité" – ce que sont les livres –, et je rends visite à mon libraire."

À quoi il me fut répondu : Bien sûr, vous raquerez les amendes que les flics colleront au libraire.

Avec un serrement de cœur pour le grand monsieur qu’était Alain Rey, qui ne connaîtra pas l’épilogue [emprunt (1339-1348) au latin epilogus, du grec epilogos “péroraison”, composé de epi (= épi) et de logos (= logue)] du traumatisme qui nous est infligé, je réponds ceci :

Crédit photo Caroline de Benedetti, Nantes.

Je suis personnellement très frappé, et un peu désespéré aussi, par le manque total d'imagination (et de courage ?) qui sévit en ces temps merdouilleux. Et je doute fort que ce soit avec des arguments à la noix, du genre : “le prix Goncourt, ayant délibéré avec le chat de Didier Decoin, attendra la fin de l’enfermement non médicalisé pour annoncer le nom de son lauréat, gna-gna-gna…” qu'on fera avancer le schmilblick !

Trente, quarante, cinquante personnes devant 300 librairies à la même heure tous les jours, munies de leur autorisation de sortie (très faciles à bidouiller), etc, ça aurait vraiment de la gueule. Marre des pleurnicheries : désobéissance civique ! Il ferait beau voir, Simone (ah, ah !) que les CRS balançassent de la lacrymo dans les librairies. Il n'y a que comme cela qu'on arrivera à faire reculer les débiles profonds criminels qui nous gouvernent ! (Personnellement, oui, je suis prêt à filer un peu de fric à mon libraire (que je ne “tague“ pas ici car il n'est pas sur FB), au besoin. Et encore davantage à empêcher les flics de rentrer dans ladite librairie (vu que c'est la plus petite librairie de Paris, il y aurait matière à littérature). Mais je doute que si telle opération se mettait en route, les fantoches qui nous gouvernent auraient les couilles d’ordonner la fermeture administrative de librairies.

N’étant qu’un escrivaillon moins connu pour ses bouquins (presque tous absents des librairies) que pour ses coups de gueule, pétitions et autres prises d’assaut de l’Elysée, je n’ai hélas pas la notoriété pour lancer une telle opération, qui, j’en suis certain, serait bien plus efficace que tous les appels dans le désert, aussi sympathiques et sincères soient-ils, qui fleurissent actuellement (et qui n’auront aucun effet car Castex et sa bande conchient la culture chaque matin en faisant leur petit caca). Ce serait marrant de connaître l'avis de gens comme Pennac, Jardin, Musso, Piccouly, sur ce sujet. Rien que d’imaginer la gueule enfarinée de Mâme Bachelot qui-gâgne-moins-bien-sa-vie-depuis-qu'elle-est-payée-à-rien-foutre-rue-de-Vallllois, j’en salive… 

Voilà. Je pose cette idée sur la table. À bon entendeur…

Depuis, plusieurs libraires (Bulles, au Mans, Tschann, à Paris, Place Ronde, à Lille), sont entrées en résistance, affirmant qu’elles ouvriraient leurs portes pendant le confinement. À suivre.


 LIRE. 
La prophétie du canard madré

 LIRE. Les grandes questions survivront-elles au Covid-19 ?

lundi 26 octobre 2020

François Braud encense ”L’Esprit Bénuchot” sur Bro Blog Black

François Braud, qui présida aux destinées du légendaire festival Polar de La Roche-sur-Yon (où je fis la connaissance, en 1990, des sieurs Pouy, Raynal, Lebrun, Chevron et Robin Cook), de la revue Caïn  (où je sévissais sous le pseudo Johnny Boxeur), et des éditions de La Loupiote, m’a demandé quelles étaient mes ZAD (zones à défendre). Mes réponses (fournies avant le grand enfermement du Covid-19) sur son blog BRO BLOG BLACK.

Dans ce même papier, voici ce qu’il écrit à propos de L’Esprit Bénuchot (roman fusillé par son éditeur en 2006, ressuscité lors du Printemps bénuchot en 2019, puis re-disparu [on peut l’acheter ici], dont le foisonnant site est provisoirement HS, suite à un problème technique).

Il est des affirmations troublantes. Celles qui sèment plus qu’elles ne récoltent parce qu’elles assènent une vérité déguisée en mensonge mais, au fur et à mesure, qu’elles vous hantent, vous squattent, vous taraudent, elles se révèlent être, en fait, des mensonges grimés en vérité. Sûr de vous, vous finirez par douter. Avec le sentiment de vous mordre la queue alors que vous n’y arrivez pas, vous le savez, vous avez essayé, jeune.

« Le jour se lève et c’est déjà la nuit. », page 180, en est une. Je ne vois pas le temps passer, disait le poète. Le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle l’avait précédé l’autre. On a beau la retourner dans tous les sens, cette sentence assénée par le père Bénuchot avant que de s’évaporer reste un mystère. Pour nous et surtout pour Jules Bénuchot, qui a définitivement basculé dans la dernière partie de sa vie, sans en oublier toutes les autres : celle où il fut chauffeur de taxi, celle où il collectait dans de petits carnets noirs la grande aventure humaine grâce à des témoins qu’il choisissait, celle où la physique quantique a bouleversé son existence, celle où il changeait le destin d’une vie… Changeait ? À 82 ans, il n’a rien renié, rien oublié, et il vit encore afin de bousculer la vie de Léa jeune artiste en herbe à qui il demande d’écrire sa biographie.
Car à la question : « Y a-t-il une vie avant la mort ? » (page 175), Bénuchot a déjà répondu. Mais toutes les unes, tous les autres, cette marée humaine qu’il a croisée, qu’il croise, qu’il croisera, y a-t-elle répondu ? Y a-t-elle elle-même pensé ? Et vous ?
Avec L’esprit Bénuchot, Jean-Jacques Reboux a pondu [S]a vie mode d’emploi, affirmait Jean-Bernard Pouy. C’est en réalité moins que ça et plus que ça. Plus, car Bénuchot est un arpenteur de Paris qui court d’artères en boulevard et de rue en ruelle et ne vit que loin de son immeuble. Moins, car Bénuchot ne s’intéresse pas aux détails mais aux courbes, trajectoires, cassures de la vie et leurs interférences, leurs parallélismes, leurs paraboles.


Perec avait écrit une tentative d’épuisement exhaustive, Reboux un essai d’embrassement (embrasement ?) intuitif.
Bénuchot c’est l’homme qui se souvient pour mieux oublier ou qui oublie pour mieux se souvenir. C’est surtout celui qui profite du hasard et qui l’attire.
C’est foisonnant, drôle, profond, dérision dérisoire de la vie, hymne à la liberté, coup de pied au cul aux aigris. Bénuchot est un passeur. Reboux un conteur.

dimanche 18 octobre 2020

Giambattista Bodoni ou la métaphysique de la typographie, tendance négative

 J’ai toujours été un grand hésitant. Sans doute est-ce dû au fait de porter deux prénoms. Un jour Jacques, le lendemain Jean. Le jour Gros-Jean comme devant, la nuit à faire le Jacques. À moins que cela ne soit dû à ma grand-mère Marie-Louise, qui hésitait toujours, quand elle sarclait le bourrier, entre les planches de salade et les rames de haricots. Peu importe la cause, nous ne sommes pas au divan. Mais cette obsession maladive de la “valse-hésitation” n’est pas sans charme. Cela permet à l’esprit de faire le vide, d’apporter un peu d’air à des problématiques a priori irréductibles alors qu’elles coulent le plus souvent de source. Le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt. Au fond du puits (ou du seau, si on n’a pas les moyens), pourvu qu’on les laisse respirer, les vérités les plus intransigeantes (parfois si trompeuses qu’on en arrive à se demander si l’on n’a pas été victime d’un faussaire prodigieux) se libèrent de leurs scories. Et c’est le grand moment de la dé-brouille ! La route défile, l’horizon s’étale jusqu’à l’infini, on n’est pas loin de penser qu’on a franchi le mur de la lumière. Et tout à coup, c’est l’horizon des événements, comme disait ma grand-mère Pauline quand ses mains cuivrées ouvraient la porte du four sur un plat de pommes cuites croustillantes (qu’il nous arrivait d’accompagner d’un vin chaud). À moins que ces mots aient été prononcés par quelqu’un d’autre ? Un affreux doute m’assaille. Le trou noir. Comme dirait Roger Penrose, brillant prix Nobel de physique 2020.

Devant moi, une figure géométaphysique à cinq branches. Ni pentagone, ni pentacle. Cinq voies s’offrent à moi. Leurs voix, hélas, ne sont pas parvenues jusqu’à nous ; nous restent les mains, rapportées par les peintres. Cinq noms prestigieux. De gauche à droite : William Caslon (1692-1766). John Baskerville (1706-1775). Claude Garamont (1499-1561). Firmin Didot (1764-1836), Giambattista Bodoni (1740-1813). À eux cinq, ces créateurs de génie ont donné au plomb ses lettres de noblesse, et à l’imprimerie sa quintessence, en inventant, de mon point de vue, les cinq plus belles polices typographiques de la galaxie Gutenberg. 

Oui, mais voilà : entre les cinq, il me faut choisir. De ces cinq bijoux typographiques – dont je possède quelques casses, acquises dans les années 1980, à l’époque où j’éditais une revue de poésie, ainsi qu’une presse à épreuves, achetée à l’imprimerie Kiéné, rue Adélaïde Delahaye à Bagnolet –, lequel sera l’élu ?

L’élégance noble du caslon me ravit. La rondeur tout en retenue du baskerville me séduit. La fluidité farouche du garamond (avec un “d”, la maison n’admet pas les coquilles) m’émeut. Le mélange de finesse et de dureté du didot me donne le frisson. Le classicisme limpide du bodoni me fait fondre (comme un plomb).


Mais pourquoi diantre, me direz-vous, ce choix cornélien ? A-t-il décidé de prendre des cours du soir de linotypie (avec le couvre-feu, ce ne serait guère raisonnable) ? De s’inscrire au Cercle des amateurs de soldats de plomb (où les impétrants se doivent de répondre à un tortueux questionnaire sur l’élément atomique 82) ?

Rien de tout cela. La vérité n’est jamais là où on l’attend. Une petite maison d’édition, Tendance Négative, vient de me passer une commande étonnante, qui risque de bouleverser ma vie d’écrivain, bien décidé, depuis le désastre Bénuchot, que plus jamais, au grand jamais, je n’écrirais de fiction – ce truc qui vous fait vibrer quand vous l’écrivez, et qui vous rend fou de rage quand votre éditeur fait tout ce qu’il faut pour qu’on ne trouve pas votre bouquin en librairie. Ce qui fut mon cas avec des éditeurs aussi méconnus que Flammarion, Le Masque.

Le rapport avec la typographie ? Tendance Négative, maison d’édition atypique, qui a publié en quatre ans cinq livres (des livres époustouflants !), vient de lancer une collection de polar qui s’intitulera, attention les yeux ça pique, “Que fait la police?” La police typographique, bien entendu. Principe de la collection : l’auteur choisit une police, dans laquelle le livre sera imprimé, et qui sera le nœud de l’intrigue.

Après mûre réflexion, j’ai jeté mon dévolu sur celle de Giambattista Bodoni, le Mozart de l’imprimerie de Parme, qui imprimera des ouvrages en 155 langues, auteur d’un Manuel de typographie qui fit autorité, et dont je possède une casse de caractères (corps 12), avec lesquels je me souviens avoir fabriqué en 1981 le premier recueil de poésie imprimé sur papier hygiénique (authentique). On comprend pourquoi je n’ai pas pu refuser l’alléchante proposition de Clément Buée, graphiste très inspiré de Tendance Négative. (Et je ne dis pas ça parce que le quatuor présidant aux destinées de la maison m’a fait un pont d’or pour entrer dans son catalogue…)

Pourquoi ce choix ? Pour répondre, il faudra lire le roman “Qui veut la peau du préfet de police ? qui racontera la chute du préfet de police de Paris (dont j’ai déjà parlé dans mon journal déconfiné, ignorant que m’incomberait la tâche de raconter sa biographie non autorisée), avec des révélations palpitantes sur sa jeunesse, qui feront jaser dans les chaumières de la maison Poulaga. Vous n’imaginez pas tout ce que ce pauvre homme a enduré pour être devenu aussi méchant !

Qui veut la peau du préfet de police ?

Sortie en librairie : mai 2021.

samedi 17 octobre 2020

Tous dans la rue en bas de chez soi à 21h pour braver le couvre-feu et gripper la mécanique répressive de Macron !

Photo Rouen dans ma rue

Après la grande assignation à résidence présentée aux Français sous le vocable « confinement », près de 20 millions de Français, 30% de la population (Paris, Ile-de-France et 8 grandes villes), rejoints une semaine plus tard par 38 autres départements, ce qui porte la jauge de l’enfermement à 46 millions) se voient interdire de sortir de chez eux de 21h à 6h, pour une durée minimum d’un mois, susceptible d’être reconduite. Cette fois, pas de précaution oratoire : celui que le spécialiste des trous noirs Jean-Pierre Luminet nomme « le dingue de l’Elysée », plutôt que de nous infliger un « enfermement nocturne » aux consonances par trop psychiatriques, n’a pas hésité à utiliser l’expression guerrière de « couvre-feu », rappelant les souvenirs douloureux de l’Occupation nazie, de la guerre d’Algérie [fâcheux “hasard”, il démarre le jour anniversaire du 17 octobre 1961, quand, sous un sinistre couvre-feu, la police de Papon envoya 400 Arabes dans la Seine] et, dans une moindre mesure, celui qui suivit les émeutes des banlieues de 2005.

Chacun aura compris que cette mesure, scientifiquement stupide, humainement insupportable, économiquement destructrice, historiquement déplacée, qui entre en vigueur le 17 octobre 2020, prolonge la batterie d’injonctions vexatoires, sur le mode « Surveiller et Punir », adressée par un Pouvoir dont le plus ardent désir est de faire payer au peuple français une responsabilité dont il n’est pas redevable dans cette crise sanitaire où l’incurie, la faillite et l’absence de compassion des autorités de santé ont été totales.

Un couvre-feu qui sonne comme une déclaration de guerre

On se dispensera de rappeler qu’au lieu de profiter de l’été pour améliorer les capacités hospitalières en matière de lits de réanimation en prévision d’une deuxième vague du Covid-19 [principale raison invoquée pour justifier ce couvre-feu] et montrer par des actes forts aux personnels des hôpitaux que leur efficacité, leur dévouement, leur générosité avaient été bien entendus, le gouvernement, après avoir programmé 65 millions d’euros pour l’achat de 89 blindés (à 700.000 € pièce) destinés à la gendarmerie mobile et à écraser les révoltes à venir, vient d’augmenter le budget de la police de 325 millions d’euros et d’annoncer des primes pour les « nuiteux » (dont les 12.000 flics chargés de surveiller le couvre-feu), sur fond d’état d’urgence sanitaire reconduit en catimini par 26 godillots LREM (19 voix contre), dans un Palais Bourbon presque vide.

Ce couvre-feu sonne comme une déclaration de guerre, sur fond de politique de la peur et de liquidation des libertés publiques, dans une France (pour prendre un exemple scandaleux parmi d’autres) où des instituteurs ne sont même pas prioritaires pour passer un test de dépistage, y compris lorsque des cas de Covid-19 sont détectés dans leur classe… Au prétexte de « sauver le dispositif de traçage des cas-contacts », à défaut de juguler l’épidémie, Macron et son glacis totalitaire d’énarques veulent nous empêcher de vivre, de respirer, de nous distraire, de nous cultiver. Ces gens-là ont perdu tout sens de l’humanité. La seule chose qui compte pour eux, c’est le travail, l’économie. La seule peur qui les anime est celle de la récession. Le seul vertige qui les saisit celui de la décroissance. Sauf quand, dans un accès de cynisme ahurissant, ils laissent crever l’hôtellerie, la restauration, la culture, etc.

Face à tant d’imbécillité criminelle, que faire ?

Déprimer chez soi en regardant crever nos théâtres, nos cinémas, nos bars, nos restaurants (et tous les gens qui en vivent et les font vivre) ? Se résigner à vivre en serrant les dents dans un pays qui se tient sage (pour reprendre le titre du formidable film de David Dufresne sur les violences policières, actuellement à l’affiche) ?

Pour braver le couvre-feu : une méthode simple, pratique, agréable, susceptible de gripper la lessiveuse répressive des Lallement et des Darmacron

Pendant le confinement, on nous avait cordialement invités à applaudir les personnels soignants à nos fenêtres, à l’heure où le vampire de la rue de Ségur égrenait les morts à la télévision. Pour lutter contre le couvre-feu, et dire non à ce gouvernement de Versaillais obsédés de mise au pas et de répression, il existe une solution simple, pratique, agréable, susceptible de gripper la lessiveuse répressive des Lallement et des Darmacron, et qui vous offrira la possibilité géniale de vous faire des amis : chaque soir à 21 h à partir du 17 octobre et jusqu’à ce que prenne fin cette abomination mortifère, sortez de votre appartement, de votre maison, postez-vous, masqués et statiques (qu’on ne vous accusât pas de manifester sans autorisation !) sur votre bout de trottoir, et là, manifestez-vous, faites du bruit, criez, discutez, hurlez, gazouillez, imitez le cri de vos animaux préférés, tapez sur des casseroles, chantez à gorge déployée, par exemple ce refrain, emballant, primesautier, des Gilets jaunes :

On est là, on est là !

Même si Macron ne veut pas nous on est là !

Pour l’honneur des travailleurs et pour un monde meilleur

Même si Macron ne veut pas, nous on est là !

Vous craignez de vous voir infliger une amende de 135€ ? Laissez donc vos papiers à la maison ! Il ferait beau voir que les « forces de l’ordre » embastillassent en garde à vue tout un pâté de maison, toute une rue, voire un quartier si cette manifestation de mauvaise humeur dans la bonne humeur venait à être contagieuse. Et il sera, de toute façon possible aux personnes qui le souhaiteront de réintégrer leur immeuble, au cas où les préfets enverraient la cavalerie pour châtier les contrevenants !

Quant aux 47.000 millions de personnes ne vivant pas dans les zones de guerre concernées, il va de soi qu’elles sont cordialement invitées à se joindre au tapage. Un tapage qui, s’il prenait l’ampleur souhaitée par les millions de nos compatriotes qui n’en peuvent plus de ce Pouvoir mortifère, méprisant, criminel – rêver sans prendre le risque de se faire crever les yeux reste possible en France – pourrait conduire à la destitution du petit homme taillé dans l’acier froid, coupant, de la banque, de la morgue et des ors de la rue Saint-Honoré.
À l’heure où Sarkozy vient d’être mis en examen pour « association de malfaiteurs », il n’est que temps de crier « Macron, destitution ! »

À l’heure où le malfaiteur Sarkozy (père spirituel de Darmanin et maître à penser de Macron, rappelons-le) vient d’être mis en examen pour « association de malfaiteurs », il n’est que temps de crier « Macron, destitution ! »

Pour rappeler comment ce gouvernement remercie son personnel soignant, évoquons le sort de Maré Ndiaye, aide-soignante à Mulhouse, et Farida Chikh, infirmière à Montrouge, poursuivies par la justice pour avoir crié leur colère, et dont les procès pour outrage et rébellion (en appel pour Maré Ndiaye) auront lieu en 2021. À cette occasion, signez (c’est important) la pétition demandant la dépénalisation du délit d’outrage, qui sera remise au printemps aux autorités exécutives, judiciaires et policières, dans le but d’appuyer une proposition de loi à l’Assemblée avant la fin du quinquennat Macron.

Hervé ÉonJean-Jacques Reboux

16 octobre 2020

mardi 13 octobre 2020

Plan Schiappa de lutte contre la délinquance : le courrier que Pôle Emploi va adresser aux dealers !

Dans une interview au Figaro du 11 octobreMarlène Schiappa, l’opiniâtre ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, dévoile les grandes lignes de sa nouvelle stratégie de prévention de la délinquance. Indemnités financières pour les jeunes impliqués dans le trafic de drogue, prévention de la délinquance dès l’âge de 10 ans, lutte contre la prostitution des mineurs, la ministre prépare un plan “choc” de 40 mesures, avec comme objectif, excusez du peu, “d’empêcher les mineurs d’entrer dans la spirale du crime”.

De ce plan ambitieux, une mesure phare se dégage : le travail alternatif payé à la journée (TAPAJ), inspiré d’un dispositif créé par nos cousins québécois. Assurant que cela donnera [aux jeunes] le goût de l’effort, le goût du travail, la ministre ajoute : “C’est un programme d’insertion global qui s’adresse aux 16-25 ans en situation de grande précarité et qui leur propose d’éviter ce risque de basculement vers la délinquance en leur proposant des activités rémunérées à la fin de la journée.”

Concernant le délicat problème du trafic de stupéfiants, véritable serpent de mer de la société française, Marlène Schiappa ajoute : “Face aux dealers, il s’agit de proposer un contre-modèle.” Ce que la ministre omet de préciser, c’est qu’elle ne compte pas s’en tenir à des actions envers les jeunes impliqués de façon auxiliaire dans le trafic de drogue, dans des tâches subalternes mais indispensables au bon déroulement de l’activité (les fameux “guetteurs”)Les dealers ne seront pas oubliés ! Comment ?

Ayant gardé, depuis un fameux ”stage du lendemain” (2006, époque ANPE), quelques contacts utiles dans cette institution (consolidés depuis que j'ai publié ce papier (avril 2018) sur une aberration structurelle de l’agence, je suis en mesure de vous livrer, en exclusivité, le courrier que Pôle Emploi s’apprête à envoyer aux jeunes dealeurs qui seraient désireux d’abandonner les voies du commerce clandestin de la drogue (lucratives, mais où l’on risque sa vie) et de rentrer dans le rang, tout en continuant à exercer leur savoir-faire.

EXCLUSIVITÉ !

Le courrier de Pôle Emploi aux dealers

vendredi 2 octobre 2020

”Un pays qui se tient sage”, le documentaire de David Dufresne sur les violences policières

« Le Pouvoir ne souhaite pas que les gens comprennent qu’ils peuvent provoquer des changements. » écrivait au siècle dernier le linguiste Noam Chomsky. Vingt-cinq ans plus tard, on ajoutera : « Et il fait en sorte que les gens qui seraient tentés de provoquer ces changements, ou simplement d’exprimer publiquement leur désaccord avec les gouvernants, en soient empêchés. Par tous les moyens… »
Lesquels moyens consistent en une force publique qui n’a rien à voir avec celle évoquée dans l’article 12 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 – et dans le présent film par la juriste Monique Chemillier-Gendreau –, étant donné que la liberté de manifester, énoncée dans l’article 10 de ladite Déclaration mais non inscrite dans la Constitution, n’existe plus de facto depuis le printemps 2016, date à laquelle l’État, sous la magistrature de Hollande, la houlette du sinistre dégauchi Valls et de Cazeneuve, instaura une politique d’abattage répressive dont les zadistes de Sivens et de Notre-Dame-des-Landes firent les frais, bien avant que les hordes de « Gaulois réfractaires » fustigées par Macron envahissent rues et ronds-points, revêtus de gilets jaunes.

LA SUITE sur DOUBLE MARGE

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lundi 14 septembre 2020

Je ne porte pas le masque dans la rue et je ne me sens pas coupable (Journal déconfiné #70)

Je remercie le groupe Effondrement et résilience et l’ami Christian Roux pour m’avoir transmis ce calicot marqué sous le coin du bon sens, qui m’a inspiré ce papier noctambule, ambulatoire et déconfiné.

On pourrait pousser le raisonnement plus avant en ajoutant : et si les médias énonçaient chaque soir le nombre des morts en les répartissant par catégorie : cancers (et ses 29 sous-catégories), hépatites, grippe (”normale”, présomption de Covid, résurgences belliqueuses), AVC, sida-HIV, broncho-pneumopathie,  vieillesse, homicide, féminicide, suicide (branche adulte, branche adolescente), détresse respiratoire, dengue, lèpre, variole, morbidité pondérale, Ebola, dépression (suites de), désespoir (suites de), accidents de la route, accidents domestiques (on meurt deux fois plus d'accident domestique que sur la route en France), glissades sur peaux de banane (branche rare des accidents domestiques, non reconnue par l'OMS, pour d), démence sénile, maladie de Parkinson, maladie d'Alzheimer, maladie de la fin de vie (dite “mort naturelle”), malnutrition, prématurité, tuberculose, diabète, maladies orphelines, consultation intempestive des oracles, tremblante du mouton, accidents de la route (non, ça, c'est déjà fait), accidents de la surlibido (rarissimes mais non négligeables, surtout en temps de confinement), désordres anthropologiques rares, et, enfin – et ce sera l'occasion de rendre hommage, non pas au Professeur Debré, qui vient de nous quitter, et qui a raconté, et fait, pas mal de conneries, mais au Professeur Thiéfaine, mon maître à penser – d'un claquage de la bite, d'un durillon du clitoris, d'un anthrax-max aux roubignolles, d’oversode de chagatte folle, d'un lent pourrissement scrofuleux du scrotum ou du gland, de gonocoques  de bléno, de tréponèmes, de chancre mou ou de salpingite…

Et tant que je suis là…

Je commence à en avoir plein le cérébral des regards noirs reçus dans la rue par l'armée des trouillards assujettis au confinement extérieur volontaire, parce que je ne porte de masque dans l'espace public, ou dans le bus parce que je savoure mon pain au chocolat en sortant du boulot et qu'à travers le masque je risque de m'étouffer. Et de ma collègue Ludivine (le prénom a été modifié) qui me fit remarquer en geignant et en composant le 17 dans sa tête que je ne le porte pas (le masque) au boulot et que c'est pas bien, alors que j'exerce la noble et incorruptible profession de veilleur de nuit, retranché derrière une barrière de plexiglas hygiaphonique repousseuse de virus, que même Christopher Nolan serait incapable de la transpercer avec ses appareils modernes de transgression du temps.



Et puisque vous êtes de passage ici…

Signez notre pétition

13 RAISONS POUR EN FINIR AVEC LE DÉLIT D’OUTRAGE



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En raison du virus Papagayo-19, le Printemps bénuchot 2020 n’aura pas lieu (#69) /
 
Stéphane Espic, l’homme qui murmure à l’oreille des flics du préfet Lallement (#68)Pulsions. Camélia Jordana, Christophe Castaner, Philippe Besson : la vie, la mort et le néant (#67) / Le trombinoscope des 29 députés demandant l’interdiction de publier des photos des policiers dans les médias (#66) / La littérature est morte, vive la littérature ! par Louise Chennevière (#65) / Georges-François, le préfet-gugusse du 9.3 qui refuse que les habitants de Saint-Denis profitent de leur jardin public (#64) /

10 bonnes raisons desoutenir les soignants des hôpitaux Tenon et Robert-Debré (#63) / Bientôt, les goélands danseront sur les cadavres de Castaner et Lallement (#62) / Où sont les masques ? Olivier Ancel, libraire à l’Amour du noir, passe aux aveux (#61) / Aujourd’hui, j’ai dû interdire à des enfants de 4 à 7 ans de jouer au ballon et de s’assoir côte à côte (#60) / On ne vous a pas appris la politesse, à l’école de police ? (#59) / Classement ®ConfinFrance des préfets préférés de Castaner. Didier Lallement écrase la concurrence ! (#58) / Etc.

samedi 5 septembre 2020

13 raisons pour en finir avec le délit d’outrage, la pétition

Le 30 décembre 2008, Libération accueillait l’appel POUR LA FIN DU DÉLIT D’OUTRAGE, signé par Romain Dunand, Hervé Éon, Eunice Barber, Yves Baumgarten, M’hmed Bellouti, Jean-Paul Desbruères, Jean-Claude Lenoir, Simone Levavasseur, Valérie Martinez, Patrick Mohr, Isabelle Sylvestre, Serge Szmuzskowicz, Maria Vuillet et ma pomme, sous l’œil docte et malicieux de Maurice Rajsfus, qui vient de nous quitter. Un an plus tard, le 15 février 2010, nous remettions à la Chancellerie, à l’Élysée et au ministère de l’Intérieur une pétition demandant l’abrogation des délits d’outrage et d’offense au chef de l’ÉtatAccueillie sur le site de la LDH et signée par 26.000 personnes, la pétition restera lettre morte et le délit d’outrage continuera à prospérer sur le fumier de la répression d’État, sous les quinquennats Hollande et Macron. En juillet 2013, pourtant, à la suite de l’affaire Éon-Sarkozy, portée devant la Cour européenne des droits de l’Homme, la France abrogeait le délit d’offense au président de la République. Ne restait “plus” que le délit d’outrage…

Notre manifeste dans Libération.

Dix ans plus tard, alors que le nouveau Garde des Sceaux étend le délit d’outrage aux maires de France, nous revenons à la charge, et c’est tout naturellement vers Libération que nous nous sommes tournés pour publier le présent manifeste, qui comporte, non plus 10, mais 13 raisons pour en finir avec le délit d’outrage. La tribune, signée par 4 avocats et une demi-douzaine d’outrageurs, dont Maré Ndiaye et Stéphane Espic, respectivement aide-soignante et Gilet jaune, tous deux jugés le 4 septembre, n’a pas paru hélas dans le journal “papier” (les temps changent), mais c’est un point de départ et un socle intéressant.

LIRE. 4 septembre. Procès de Maré Ndiaye, aide-soignante (Mulhouse) et Stéphane Espic, Gilet jaune (Paris)

La pétition sera remise au président de la République, au Garde des Sceaux, au ministre de l’Intérieur et aux parlementaires au printemps 2021. Une conférence de presse sera organisée devant le ministère de la Justice, place Vendôme. Notre but est de porter l’abrogation du délit d’outrage à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale avant la fin du quinquennat Macron.

Pour signer la pétition, c’est ICI !


mardi 30 juin 2020

En raison du virus Papagayo-19, le Printemps bénuchot 2020 n’aura pas lieu (Journal déconfiné #69)

La totalité des manifestations culturelles du printemps 2020 ont été annulées en raison de la Grande assignation à résidence du Covid-19. Le Printemps bénuchot 2020, dont la première édition eut lieu il y a un an, n’a pas fait exception à la règle. Mais pas pour les mêmes raisons. Créé dans le but de ressusciter un livre en perdition (une première mondiale), le Printemps bénuchot était en effet un festival “à usage unique”. Il se fallut de peu qu’il n’ait tout bonnement pas lieu, à cause d’un virus beaucoup plus discret : le Papagayo-19.
Retour sur une expérience unique et étrange, entre apothéose et catastrophe, qui se tint les 8 et 9 juin 2019 à Paris, le long du canal Saint-Martin : le 1er festival en plein air de littérature, musique, chansons et street-art !


  Sur le papier, c’était une idée un peu folle, mais faisable car basée sur un concept marketing béton, puisque bimillénaire : la résurrection.


  
Le ressuscité ? L’Esprit Bénuchot, roman « maudit » passé du berceau au caveau en avril 2016, non diffusé en librairie, et dont la lente agonie se terminera en novembre de la même année, lorsque, venu récupérer des livres chez l’éditeur, ma face déconfite croisa les poings d’un certain Philippe Lobjois, ex-reporter de guerre aux biceps en acier trempé et à la tête brûlée, auteur d’un fumeux Ne pas subir : comment réagir en cas d’attaque terroriste et ami de mon « éditueur » félon (dont le nom ne saurait écorcher ce clavier), qui m’abattra sur le crâne une doublette coup de boule/coup de chaise, épisode que j’ai prévu de raconter dans mon testament littéraire Les Chaises qu’on abat (voir plus loin).
 
Nanti de 450 exemplaires du livre (magnifiquement relooké par Audrey Malherbe), de 2.000 ex du supplément La Résurrection imprimé pour l’occasion, du pactole constitué grâce à la générosité de 96 mécènes, de l’énergie qui sied aux désespérés, je décidai donc d’organiser une kermesse urbaine, singulière et plurielle, réunissant littérature, musique, chanson, street-art, et baptisée « Printemps bénuchot » en hommage au défunt.
L’Esprit Bénuchot ayant comme centre de gravité le Pont Tournant, le plus vieux café du canal Saint-Martin, qui venait de rendre l’âme après 40 ans de bons et loyaux services, je jetai mon dévolu sur le mur de street-art de la pointe Poulmarch, dont 15 années d’œuvres sont répertoriées sur le site BénuchotL’idée était simple : occuper l’espace pendant 48 heures en invitant artistes, écrivains, musiciens, badauds et médias. Les médias ne vinrent pas, à l’exception de l’ami Hubert Prolongeauqui narra dans Télérama.fr ce qui serait le premier (et dernier) Printemps bénuchot.
Création Claire Le Gac
L’espérance de vie moyenne d’une fresque à cet endroit (partie basse) étant de 8 jours, je confiai à mes attachées de fresque Audrey et Hélène Malherbe le soin d’élever la cime de la fresque à 5 mètres de hauteur, de façon à ce que la trace du passage de Bénuchot, que ne manqueraient pas de photographier passants et touristes, restât en place plusieurs semaines, voire plusieurs mois, me permettant ainsi d'aller vendre L'Esprit Bénuchot à la criée sous ce mur de réclame.
Comme on va le voir, ce n’est pas vraiment ainsi que les choses se passeront. Un an avant le coronavirus, un autre virus guettait : le Papagayo-19 !
Le 8 juin 2019 au matin, après six mois d’un travail acharné avec ma complice Claire Le Gac, muni des autorisations nécessaires (préfecture de police, mairie de Paris, syndic de copropriété du mur), je débarque sur les lieux des festivités au volant de ma fidèle Clio 1991 chargée de pots de peinture. Un incident regrettable, imputable à la (navrante) société de location Avis nous ayant empêché de livrer la veille les échafaudages, leur arrivée sera reportée de 12 heures, pendant lesquelles se déroula à notre insu un étrange phénomène de substantiation, transformant la pointe Poulmarch en un mur instagrammable, à la base de tous mes emmerdements.

Je gare ma voiture, décharge les pots de peinture, et c’est alors qu’intervient le grain de sable (pas du tout quantique) qui fera de ce Printemps bénuchot un gymkhana urbain façon After hours, quelque peu surréaliste, sous la forme d’un vigile qui, me voyant déposer mes pots de peinture, m’interpelle :
– Euh, vous comptez peindre ?
– Bien vu, jeune homme !
– Ah, mais vous ne pouvez pas ! Le mur est déjà occupé, je suis payé pour le surveiller.
L’occupation ressemblait à ça (sans les poseuses) :
– Vous ne pouvez pas peindre, ça va pas être possible, insiste le vigile.
– Vous avez une autorisation ? fis-je, sourcilleux.
– Pas besoin d’autorisation, c'est un mur d’expression libre.
– Oui, mais quand on peint une fresque, il faut une autorisation du syndic de copropriété, surtout s’il s’agit de publicité, comme c’est le cas.
Le mec rigole, me prenant manifestement pour le blaireau de l’année.
– C’est pas moi qui organise ce truc, je suis juste payé pour surveiller, j’ai pas dormi de la nuit. Je suis très mal payé, en plus.
Plutôt que d’attendre les copains partis chercher les échafaudages à Montreuil, j’explique au gars la différence entre un artiste qui peint une œuvre et une entreprise qui organise un événement publicitaire, comme c’est le cas de PAPAGAYO. Autant pisser dans un violon. Le mec est bouché. Il finit par sortir le mot qui tue : l’abominable PAS DE SOUCI (lancé de façon inappropriée par des millions de citoyens au cerveau lyophilisé). Qu’il finira, devant mon exaspération, par répéter une quinzaine de fois, en rafale, provoquant chez moi un réflexe pavlovien, façon Jean Gabin dans Le Jour se lève.
 Mais tu vas la fermer, espèce de crétin !
La main qui part en chiquenaude. Coup de pied à la tempe du vigile. Je me retrouve à terre, valdinguent les lunettes. Lobjois m’aurait-il envoyé un fils spirituel ! Le mec s’acharne. J’esquive, me relève, récupère mon verre déboité. Le type appelle les flics, il veut porter plainte. Je textote des SOS à deux ou trois amis, me voyant déjà commencer le festival au commissariat. À la patrouille arrivée fissa sur les lieux, j’explique que je me suis pris le bec avec ce vigile surveillant une manifestation non autorisée et produis l’autorisation de la PP. Prenant note, une fliquette relève mon identité, et la patrouille repart. [Je recevrai six mois plus tard une prune digitale majorée (380 €) dressée par l’un de ces bâtards – ACAB, ACAB, ACAB ! – pour stationnement dangereux sur piste cyclable – que je ne paierai pas, grâce à mes relations à la PP, faut pas déconner.]

Making-off, côté canal (avec le concours des artistes DK Wini Lelahel, Patrick Pinon, Audrey Malherbe, Hélène Malherbe, Slice Slimene Khebour)

Les copains finissent par arriver avec la camionnette. Et quelques Lexomil pour m’aider à tenir le coup. Dominique, le libraire de L’Invit’à lire, partenaire du Printemps, est effaré de me voir dans cet état. Je n’ai qu’une envie : foutre le camp. (Pour être tout à fait honnête, plonger dans le canal et ne plus jamais entendre parler de Bénuchot m’effleure quelques instants l’esprit, mais ce ne serait pas sympa pour les amis.) Nous installons les échafaudages, le podium pour les concerts, les tentes, les tables, la sono.
Le « staff » de Papagayo.com est lui aussi arrivé, autour de son égérie Carine Arasa, sous la surveillance de la terrible créature jaune et d’un type inquiétant semblant être son époux et éprouver une grande nostalgie de l’Algérie française (j’apprendrai plus tard que ces lascars sont des amis des repris de justice Balkany, ce qui situe un peu le niveau intellectuel).



J’explique à Miss Arasa que si elle avait demandé une autorisation au syndic, selon le code de bonne conduite en usage, on lui aurait répondu que le mur n’était pas libre ce jour-là. Elle me répond qu’elle travaille sur ce projet depuis un an et se met… à pleurer.
Comme je ne suis pas un monstre, je la réconforte. Sous le regard noir du vigile qui, ayant entretemps rameuté cinq ou six potes à capuche dans le but manifeste de m’intimider, ne comprend plus rien à ce cirque, et finit par s’éclipser, dégoûté, non sans avoir été morigéné par une amie qui lui expliquera : “Mais tu te rends compte que tu aurais pu tuer un homme, petit imbécile ?”
Pendant deux jours nous devrons supporter le ballet incessant de jeunes gens de la bonne société venus se faire photographier bras en croix entre deux ailes d’une mocheté sans nom, le tout retransmis sur le site de Papagayo, grâce aux subtilités de cette profession 2.0 nouvelle, qui révolutionne, dit-on, le B.A.ba de la pub à l’ère numérique : les terribles et incontournables influenceusesdont voici le Top 6 et le Top 95, concernant la mode (milieu où elles sévissent le plus).
Le staff Papagayo, cornaqué par la terrible créature jaune (dont il m’arrive encore, un an après, de la retrouver dans mes cauchemars, crachant le feu, tel un dragon de Castaner), nous interdit de peindre le centre du mur, un comble, alors qu’ils sont là sans aucune autorisation. (Je sais, je radote.) 
Caroline Gérard, Patrick Mosconi, Pierre Butic, Sylvie Cohen, Brigitte Guilhot
Je suis tellement abattu que je ne suis plus en mesure d’assurer la table ronde que j’avais prévu d’animer avec mes invités Michel Chevron, Alexandre Dumal et Patrick Mosconi, dont le thème, « Le Diable est dans les détails », s’accorde parfaitement avec cette situation ubuesque. (Je vous revaudrai ça, les amis, promis !)
Idem pour la libération du chat de Schrödinger, qui n’aura pas lieu, au grand dam de quelques connaisseurs venus y assister, alertés par l’article de Télérama. (Ce n’est que partie remise : je sais où nichent ses ravisseurs !)

Ironie du sort : pendant l’averse (redoutée par tout organisateur de kermesse) du samedi après-midi, le staff de Papagayo trouvera l’asile sous l’auvent bénuchot. Nous en remercieront-ils ? Non, évidemment.
Avez-vous déjà vu homme aussi élégamment chapeauté ? À gauche, Pierre Brasseur.
Le concert de Nikol (Christian Roux et Nicolas Gorraguès) se déroule sous un temps mitigé. Normalement, l’ami Christian devait se produire avec son groupe Karnage Opera, mais des contraintes budgétaires nous ont empêché de programmer cinq artistes.
Christian Roux, Nicolas Gorraguès (duo Nikol + Karnage Opera)
Je termine la journée du samedi essoré, à peine revigoré par le sublime cocktail concocté par Félicie. Mais les gens sont venus, et ils ont apprécié.
La reine Christine surveillant la jauge du cocktail
Patrick Pinon, très remonté contre Papagayo-19, contraint à l’exil

     Making-off, côté rue
Hélène Malherbe et DK Winni Lelahel
Dans un univers “non-papagayo”, les 2/3 supérieurs et la bouse centrale auraient été recouverts.
Dimanche 9 juin. Cieux et dieux sont plus cléments.
Le team Papagayo est toujours là. Afin d’éviter la guerre, nous accédons à leur demande de ne pas recouvrir de peinture les ailes entre lesquelles viennent poser des escouades de fans réjouis par cette extraordinaire expérience sensuelle. Étrange coexistence entre deux mondes qui n’ont strictement rien à se dire (un peu comme si vous mettiez face à face un Gilet jaune et un CRS de Castaner). Et qui serait comique si je n’avais passé autant de temps à préparer cette fête. L’Être et le Néant. Incompréhension absolue. Impression de ne pas parler la même langue. À 15 heures, Pandémic Papagayo plie bagage. Bien évidemment, ces gens (qu’ils gèlent en enfer jusqu’à la 4e génération) n’auront pas un mot de remerciement, ni d’excuse pour nousParangons d’un libéralisme décomplexé dans le sens le plus macronien du terme, assez friqués pour s’offrir (au noir et au rabais, faut pas déconner !) les services d’un vigile, assez culottés pour privatiser l’espace public sans se soucier des règles élémentaires d’urbanité urbanistique, ces individus pensent avec le smartphone 6G qui leur sert à la fois de portefeuille, de gonades et de cerveau.
Et tout à coup, nous respirons !… car, comme le disait si bien Constance de Planck :

La table ronde avec Laurence Biberfeld, Kits Hilaire et François Muratet, sur le thème « Quand l’Histoire fait des histoires », impeccablement animée par Nicolas Jaillet, est d’une haute tenue.
Quand l’Histoire fait des histoires : Kits Hilaire, Laurence Biberfeld, Nicolas Jaillet, François Muratet
Puis Nicolas Jaillet, dont c’est le premier concert en plein air, chante et gratte la guitare, accompagné par une muse enamourée jaillie de la foule. (Cet homme est pourvu d’un magnétisme étonnant.)
Nicolas Jaillet, accompagné par sa douce, sous les yeux d’un fan aux doigts croches.
Liz Cherhal, ma chanteuse préférée, accompagnée à la basse par Morvan Prat, chante les premières chansons du duo qu’elle vient de former avec Morvan sous le nom de 28Saphyr. Et quelques chansons de son dernier album L'Alliance, traduites en langue des signes. (Eh, les mecs, je n’ai peut-être pas planté un arbre ni appris l’alphabet aux poules, mais j’ai réussi à organiser un concert de ma chanteuse préférée !)



Avec Rémi, Philippe, Violette et Isabelle / Avec Little Benji devenu grand.
Le Printemps bénuchot, ce sont aussi des amis, dont beaucoup, que je ne connaissais que virtuellement, ont fait le déplacement des quatre coins de France, Morbihan, Le Mans, Rennes, La Rochelle, Avignon, Vosges, et même de l’étranger, Londres, Oxford, Bruxelles. Et une magnifique rencontre imprévue avec le street-artiste canadien DK Winni Lelahel. On a ri, on a bu, on a dansé. Plus de 60 livres ont été vendus. 150 avec ceux de la souscription. Un partenariat réussi avec le restaurant Fric-Frac, et avec Dominique et Chantal, les merveilleux libraires de l’Invit’à lire !
Chantal, libraire du Printemps bénuchot
Mais cette kermesse héroïque aura été un enterrement de première classe pour L’Esprit Bénuchot, roman que je n’aurais jamais écrit si j’avais pu deviner qu’il m’attirerait autant d’emmerdements et de désillusions, et que je ne vendrai jamais à la criée sur le canal Saint-Martin. Car la fresque, au lieu de s’élever sur cinq mètres de hauteur, s’arrêtera à trois. Et sera barbouillée dès le lendemain (ce qui n’aurait pas été le cas si elle avait été peinte plus haut). Quand ça veut pas, ça veut pas…

L’Esprit Bénuchot restera donc un roman écrit… pour des prunes. Quatre ans de travail jetés à l’ours. (Pardon d’avance à celles et ceux qui ont adoré ce bouquin, qui reparaîtra – peut-être – sous le titre Le Jour se lève et c’est déjà la nuit, aux alentours de la 4e Grande assignation à résidence, c’est-à-dire à une date assez aléatoire.)
Fini la grande farce de la fiction. Comme l’écrit Louise Chennevière dans une tribune publiée sur lundi.matin pendant la Grande assignation, reprise et commentée sur mon Journal déconfiné : La littérature est morte, vive la littérature ! Écrire n’est pas un métier comme les autres. Écrire n’est pas un métier.

C’est pourquoi, après avoir publié 19 romans, quelques essais et une moultitude de papiers énervés sur divers sujets me hérissant le poil, et m’être bien fait cracher à la gueule par des éditeurs parfois très mal élevés (Flammarion et ses méthodes de voyou, Le Masque, l’éditueur de Bénuchot, pour n’en citer que trois), je me suis recyclé dans une activité, totalement éloignée de la littérature mais beaucoup plus lucrative, de veilleur de nuit, pendant laquelle je me consacre à l’écriture de mes mémoires, immodestement intitulées Les Chaises qu’on abat, en hommage à André Malraux, qui m’a promis une postface posthume. Cet ouvrage reprendra quelques-unes des 68 rubriques de mon Journal d’un confiné déconfiné, écrit pendant la Grande assignation à résidence ®Covid-19, ainsi que d’autres, souvent méchants. Il paraîtra aux alentours du 3e Confinement (dont la date n’est pas fixée). Ou pas.
Reboux terrassé par le virus Papagayo-19 (début XXIe siècle) sous les yeux de la terrible créature jaune
Pour acheter L’Esprit Bénuchot à la librairie Après la Lune

J’avais prévu de “démarcher” un maximum de librairies, notamment en leur proposant le principe (inédit et révolutionnaire) de vente à la criée devant la librairie. Découragé par ce très éprouvant Printemps bénuchot, j’ai (provisoirement ?) renoncé. La liste des (13) librairies disposant de L’Esprit Bénuchot est ici. Il est également possible de le commander dans n’importe quelle librairie.

Télécharger gratuitement La Résurrection (48 pages)
Les 44 rubriques du site L’Esprit Bénuchot.



Albert Montias et Marc Villard, généreux mécènes du Printemps bénuchot

Photos : Jacqueline Rol, Stéphanie Guglielmetti

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