dimanche 14 février 2016

Les "petites mains" de la Cinémathèque se révoltent. Serge Toubiana et son successeur Frédéric Bonnaud affichent leur mépris.

J'ai déjà brièvement évoqué, dans un récent papier intitulé De l’estime de soi (le scribe, la cinémathèque et Serge Toubina) que l’on peut lire ici, le combat que mènent quelques ex-employés de la Cinémathèque française, pour crier leur révolte et faire entendre leur voix, par le biais de leur porte-voix, la courageuse, téméraire et très cinéphile Anna Bosc-Molinaro, dont je partage ô combien la lutte. Les derniers développements de l’actualité m’offrent l’occasion de revenir plus longuement sur cette affaire.
Serge Toubiana
Comme un (très) grand nombre d’institutions placées sous la tutelle de l’État, des régions ou des instances territoriales, la Cinémathèque française emploie des personnels vacataires pour faire tourner la boutique et assurer des tâches les plus élémentaires, à savoir l’accueil des publics. (J'avais personnellement assuré la rédaction du CA.) Pratique pour l‘employeur, qui sous-traite avec des sociétés prestataires de services ne s’embarrassant pas de scrupules, qui ne paie pas de charges sociales et dispose d’un personnel "flexible", la méthode conduit à des situations humainement déplorables pour celles et ceux qui en font les frais… À l'extrême précarité de ces employés non salariés, dépendants de contrats avec la société City One, s’ajoute le mépris affiché par les dirigeants de la Cinémathèque – en l’occurrence Serge Toubiana –, après le coup de gueule salutaire d’une ancienne hôtesse d’accueil contre les conditions de travail des "petites gens" de l'institution. Anna Bosc-Molinaro, rejointe par plusieurs dizaines d’ex-employés de la Cinémathèque et soutenue par des cinéphiles et des critiques de cinéma tels que Pascal Le Duff.
Le départ de Serge Toubiana, à la tête de la Cinémathèque pendant treize ans, qui a tout fait pour étouffer cette affaire, notamment lors d’une grève des personnels en mai 2014, pouvait laisser espérer une attitude plus compréhensive de son successeur, Frédéric Bonnaud. qui a pris ses fonctions le 2 février. Il semblerait qu’il n’en soit rien, comme le laisse entrevoir son interview à France Musique, au cours de laquelle Frédéric Bonnaud aura ces mots quelque peu choquants dans la bouche d’un ancien journaliste qu’on a connu défendant de belles et nobles causes, notamment lorsqu’il fut viré de France Inter : "Je pense que hôtesse d’accueil, guichetier et ouvreuse, ça doit rester de petits jobs d’étudiant, au risque de choquer. Moi, je ne me vois pas bien faire un CDI à vie pour que des gens vendent des billets à la cinémathèque." 
Henri Langlois
Les cinéphiles, sans qui la Cinémathèque française, rappelons-le, ne serait qu’une coquille vide, apprécieront ce discours à faire se dresser les cheveux sur la tête-de-suaire des fantômes de Georges Franju et Henri Langlois.

On peut écrire à Anna Bosc-Molinaro sur sa page Facebook et lire les témoignages qu’elle a recueillis (24 à ce jour) sur la page Lettres ouvertes à la Cinémathèque.
Dans les médias : le témoignage de Gaëlle, dans l’Obs ; "Un remake du mépris ébranle la Cinémathèque dans Le Monde ; l’article de Libération.