lundi 30 novembre 2020

« Nique les cops. Fuck le 17 ! » 4 h de garde à vue, outrage et interdiction de manif pour 2 pancartes

Samedi 28 novembre 2020. M. Soleil radieux, Mmes Longitude, Latitude et Déconfinitude se prennent par la main, déversant dans les rues de France 500.000 personnes manifestant contre la scélérate loi de l’Hyper-Flic, dite loi de « Sécurité Globale », à l’initiative de l’ex-patron du RAID Jean-Michel Fauvergues (recyclé dans la politique et les affaires*) et de cinq autres députés, dont les laborieuses Alice Thourot et Yaël Braun-Pivet, sans oublier le riant transfuge du PS Pacôme Rupin (qui me fait penser à quelqu’un dont je ne peux écrire ici le nom).
  Loi portée par l’infâme Darmanin et, dans l’ombre, par le directeur de cabinet de Macron Patrick Strodza (surnommé M. Flashball en 2016, alors qu'il était préfet de Bretagne et que la police crevait les yeux des manifestants à Rennes, et dont les médias, curieusement, négligent de citer son influence autoritariste sur le président) et votée par 388 députés, croqués ici par des dessinateurs inspirés.


  Normalement, nous aurions dû être 500.002, si un obscur policier de Saint-Germain-en-Laye, un certain Thomas Rodrigues, en méconnaissance totale de la loi qu’il est censé faire respecter et abusant du pouvoir, déjà immense, qui est le sien, n’avait décidé d’interdire à deux jeunes femmes de se rendre à la manifestation de Paris.

  Comment ? En leur infligeant 4 heures en garde à vue.

  Motif ? Outrage, chef !

  Motif de l’outrage ? « Sur leurs pancartes, ces vilaines ont écrit FUCK LE 17 et NIQUE LES COPS, ça m’a foutu un tel coup au moral que je me suis senti outragé dans l’exercice de mes extrêmes-fonctions ! Hop, au trou, mesdemoiselles ! Ça vous fera réfléchir ! »


NIQUE LES COPS et FUCK LE 17 n’iront pas manifester

 

 Voici donc l’histoire, hélas banale dans une France où les libertés publiques sont bafouées chaque jour par une police qui s’apparente de plus en plus à une milice au service exclusif du Pouvoir. Autour d’un délit à la mode (28.000 poursuites en 2019) de plus en plus souvent utilisé à des fins politiques, et dont nous demandons la dépénalisation dans une pétition : le délit d’outrage.


  Le 28 novembre, en fin de matinée, Mathilde et Sabrina [prénoms modifiés à la demande des intéressées] prennent le train avec des amies à la gare de Saint-Germain-en-Laye (78) pour aller manifester à Paris. C’est alors que le très vigilant agent Thomas Rodrigues, apercevant leurs pancartes et subodorant qu’elles ne sont pas à la gloire de sa profession, contrôle les papiers des filles, et leurs pancartes. Découvrant les messages NIQUE LES COPS - FUCK LE 17, notre policier, dont il est permis de supposer que son QI est quelque peu inférieur à celui des jeunes filles dont il va voler quatre heures de leur vie, se fâche tout cru. Et les fait embarquer en garde à vue (action qui, nous dit la littérature, procure au policier un sentiment de puissance, le revigore et le venge du boulot assez peu palpitant qui est le sien).

  Quatre heures plus tard, Mathilde et Sabrina sont relâchéesTrop tard, évidemment, pour se rendre à la manifestationElles repartent sans leurs pancartes, mais avec une convocation pour « rappel à la loi » au tribunal de Versailles le 13 janvier 2021. Espérons que le délégué du procureur qui les recevra connaît un peu mieux la loi que ce pathétique agent de police et ses confrères. Et que le « rappel à la loi » sera retourné à l’envoyeur.



   Comme l'analysent brillamment Mathilde et Sabrina dans le texte ci-dessous, les policiers (dont il n’est pas inutile de rappeler qu’ils doivent avoir, comme le chantait Bourvil, de très longs pieds) outrepassent leurs pouvoirs et ignorent la loi, en l’occurrence le fait que l’outrage sanctionne des paroles, dessins ou gestes « non publics », raison pour laquelle les poursuites contre le député Henri Guaino en 2014 et celles contre les poseurs de pancartes MACRONAVIRUS, s’étaient soldées par des relaxes.


LIRE Qui sont les 6 députés obsédés par l’impunité policière à l’origine de la proposition de loi de « sécurité globale » ?


Signez, partagez notre pétition

* Le Canard Enchaîné rappelle que le député Fauvergues a créé en 2019, Fauhestia.Cons, une société ayant pour but la formation dans les domaines du management et de la sécurité, ce qui crée un conflit d'intérêts patent avec des sujets dont la loi de Sécurité Globale fait la part belle.

vendredi 6 novembre 2020

Qui sont les 6 députés obsédés par l’impunité policière à l’origine de la proposition de loi de « sécurité globale » ?

Soutenue par les groupes LREM et Agir ensemble, la proposition de loi de « curité globale » visant, notamment (mais pas que), à interdire la diffusion d’images et de vidéos non floutés des forces de l’ordre, qui empêcherait de démontrer la véracité des violences policières, a été déposée par 6 députés. Elle sera débattue au Parlement le 17 novembre.

On peut leur écrire à l’Assemblée pour manifester sa désapprobation. Ces gens-là sont trop occupés pour lire leurs courriels, mais leurs assistants se chargent de la besogne. Il arrive même parfois qu’ils répondent, comme en témoigne le magnifique “Elsa, on répond à ce con ?” qui me fut envoyé par mégarde en 2010 par l'assistante parlementaire d’un certain… Thierry Mariani.

Ci-dessous le courriel que je viens de leur envoyer.

Comme je l’avais fait en mai lors de l’offensive (avortée) des 29 députés demandant l’interdiction de publier des photos des policiers dans les médias, voici un trombinoscope de ces individus, qu’il est possible de qualifier d’ennemis du peuple ou d’équarrisseurs de la démocratie. Les qualifier de fascistes serait passible des tribunaux, nous nous abstiendrons donc de cette appellation, pourtant tentante.

LIRE : Le trombinoscope des 29 députés demandant l’interdiction de publier des photos des policiers dans les médias


Commençons par le maître d’œuvre de ce projet d’inspiration totalitaire, dont il n’est pas déraisonnable de penser qu’il a été inspiré par le très droitier directeur de cabinet de Macron, Patrick Strodza, sous le regard gourmand des sieurs Darmanin et Lallement.

Jean-Michel Fauvergues, député de Seine-et-Marne, est quasiment né flic. Sa longue carrière le mena à la tête du RAID. Il mena l'assaut contre les terroristes de Saint-Denis, ce qui lui vaudra par la suite (et par la bande) d’être évincé de ce posteQualifié par Le Monde « d’atout-muscle » de Macron, il rallie la macronie en 2017. Il est à l’origine de ce projet de loi scélérat, en binôme avec Alice Thourot, avec qui il remit ( un rapport parlementaire sur le « continuum de sécurité » proposant de renforcer les polices municipales, avec la création d'une école nationale et l'armement obligatoire, rapport dont s’inspirera la proposition de lo « vers une sécurité globale »On peut lui écrire ici (pas de gros mots, s’il vous plaît !).

Alice Thourot, députée de la Drôme, avocate spécialisée dans la construction et l’immobilier, est membre de la commission des lois. C’est, avec l’ex-soldat du RAID, la cheville policière de ce projet de loi, dont les fondations furent posées en septembre 2018. En , elle est nommée rapporteur pour la proposition de loi visant à prévenir les violences lors des manifestations et à sanctionner leurs auteurs. Le média participatif Ricochets lui taille un costard ici. On peut lui écrire à cette adresse (tout en restant poli).

Christophe Castaner. On ne lui fera pas l’injure de le présenter. Depuis qu’il a quitté la place Beauvau pour devenir président du groupe LREM à l'Assemblée, son appétence pour la répression policière ne l’a pas quitté :  la preuve. On peut lui écrire ici (en restant calme).


Olivier Becht. Ex-PS, ami de Delors, ce terne énarque alsacien, qui ne semble pas avoir inventé le sens giratoire, se présente comme un « centriste pragmatique » (« girouette » en français). Il fut magistrat au tribunal administratif de Nancy, en qualité de conseiller. Membre de la commission de la Défense nationale et des Forces armées, il défend cette proposition de loi au nom du groupe Agir ensemble, qu’il dirige, après avoir (rare exploit) été élu député en battant une candidate LREM. On lui écrit ici (pas de méchancetés, s’il vous plaît !).

Yaël Braun-Pivet, députée des Yvelines, ex-PS (elle exerça la lourde charge de trésorière de la section PS de Tokyo, où elle avait suivi son mari, cadre supérieur à L’Oréal) passée à LREM en 2016, cette avocate officiant à Neuilly préside la commission des Lois, où ses débuts quelque peu chaotiques, on s’en souvient, furent raillés par les puristes. En 2020, elle défendit avec son confrère Raphaël Gauvain une proposition de loi visant à instaurer des mesures de sûreté pour les terroristes sortant de prison, qui sera censurée par le Conseil constitutionnel, après que des collectifs d’avocats l’eurent qualifiée de « loi de double peine ». Son site est ici. On lui écrit ici (poliment).


Pacôme Rupin, député de la 7e circonscription de Paris, c’est le jeunot de la bande. Né en 1985, nourri à la bibine des Jeunes socialistes dans le Val d’Oise, il est élu conseiller municipal du 4e arrondissement de Paris en 2014. Est-ce à cause de son patronyme évoquant la rondeur bourgeoise des beaux quartiers ? Toujours est-il que, attiré par la philosophie de la start-up nation prônée par En Marche et le parler-vrai de Macron, il finit par trahir et rejoindre les rangs de la macronie dominante, devenant directeur de campagne de Benjamin Grivaux aux municipales de 2020 (mauvaise pioche). Depuis, Pacôme Rupin est devenu un (tout) petit notable de la Macronie non dénué d’appétit. Est-ce à dire que si un régime ouvertement fasciste s'installait demain en France, le jeune homme ne serait pas le dernier à se coucher pour un maroquin ? La réponse à cette question semble être écrite dans sa collaboration active à la présente proposition de loi. On lui écrit ici (inutile de lui rappeler d’où il vient).


Raphaël Kempf et Arié Alimi font partie des avocats signataires de la pétition demandant la dépénalisation du délit d’outrage, systématiquement utilisé par les policiers violents, que vous pouvez signer ci-dessous.

lundi 2 novembre 2020

Une lettre de mon libraire (confiné), Dominique Garnier, Librairie L’Invit’à lire, Paris 10e

Je publie la lettre de Dominique Garnier, libraire de L’Invit’à lire, 12, rue du Château-Landon, Paris 10e. En complément, un appel à la désobéissance civique (dû à mon irascible plume) pour soutenir les libraires, consécutif à la décision de Jean Castex [de Nœud] de ne pas considérer le livre comme un produit de première nécessité et d’interdire l’ouverture des librairies, tout en autorisant les prédateurs tels que Amazon à vendre des livres. L’écrivain Philippe Claudel, membre de l’académie Goncourt, a pris une position allant dans le même sens, appelant les libraires à désobéir dans une tribune publiée par Le Figaro.



Chères Toutes, Chers Tous,

Suite à l’annonce mercredi soir du reconfinement, j'ai reçu un grand nombre de messages de soutien qui m'ont ému et donné du courage pour les jours et les semaines à venir. La fermeture de la librairie, en cette période d’avant Noël, risque effectivement d’être fatale à l’Invit’à lire, comme à un grand nombre de librairies indépendantes…

Cependant, face à l'accélération de la pandémie, j'avoue être plus choqué par la concurrence déloyale due à la poursuite d’activité d'Amazon et consorts – au péril de leurs propres salariés et sous-traitants – que par la fermeture des librairies elle-même. Tout ce battage médiatique – systématique et souvent hypocrite – autour de la librairie me paraît, pour tout vous dire, plutôt malsain, alors qu’aucun mot n’est prononcé concernant notamment le personnel soignant…

Depuis 18 ans (eh oui, j'ai “repris” la librairie en juillet 2002 !), j'ai eu la chance d'attirer et de conserver une clientèle que je sais réellement intéressée par le livre mais aussi les échanges, les discussions et l’humour que j’ai essayé de cultiver dans ma modeste échoppe. (!)

C’est grâce à vous que j'espère donc passer ce nouvel obstacle, et éviter que nous ne nous laissions tous engloutir dans la numérisation et l'ubérisation...

Dés le vendredi 6 novembre je souhaite ouvrir la librairie pour des enlèvements de commandes : les mardis et vendredis de 16H à 20H. Vous pourrez ainsi, si vous le souhaitez, me passer ces commandes : soit sur mon répondeur téléphonique, soit par mail. Je vous contacterai systématiquement en retour dès que j'aurai les ouvrages pour vous confirmer leur disponibilité à la librairie si problème (livre indisponible chez les fournisseurs, délais trop longs) pour vous le signaler.

J’ai souhaité, avant de vous expédier ce mail, m’assurer que tous les Distributeurs allaient, malgré ce confinement, poursuivre leurs approvisionnements auprès des libraires, ce dont j'ai eu confirmation. Je vous suggère cependant, concernant notamment les cadeaux de fin d'année, de passer vos commandes AU PLUS TOT, les délais d'approvisionnement se trouvant parfois allongés du fait des consignes sanitaires chez les fournisseurs, transporteurs et comptoirs libraires.

Je continuerai, pour ma part, à me déplacer tous les matins vers mes différents points de prise en charge, afin d'assurer une mise à disposition des ouvrages au plus tôt. Enfin, demeurant non loin de la librairie, dans le XIXe arrondissement, je suis naturellement disponible pour remettre ponctuellement une commande en dehors des horaires proposés les mardis et vendredis si ceux-ci ne vous convenaient pas.

N'hésitez-pas, du reste, à me faire part de vos commentaires sur le choix de ces plages horaires de ce… “click and collect” (ça y est je l'ai dit!). Je sais pouvoir compter sur votre confiance et votre soutien.

Je vous en remercie par avance et surtout vous prie de faire attention à vous et à vos proches. Dans cette période de liesse générale, j’ai quand même souhaité mettre, en pièce jointe, un petit dessin “trop gnon” !

AU PLAISIR DE VOUS REVOIR

Dominique


LIRE. Giambattista Bodoni ou la métaphysique de la typographie, tendance négative