jeudi 30 mai 2019

Nicolas Jaillet en première partie de Liz Cherhal au “Printemps bénuchot“

C’est en en duo que Liz Cherhal vient présenter au Printemps bénuchot (9 juin), le long du canal Saint-Martin, à Paris, les 11 titres de son troisième album L’Alliance. Toujours accompagnée de son fidèle musicien et arrangeur, Morvan Prat (violoncelle, guitare électrique, machines), elle se tourne vers des ambiances résolument pop-rock et s’ancre de plus belle dans son époque et sa société. Des textes forts, du punch, un franc-parler et de l’émotion à tous les étages. 
Plus qu’un concert, une rencontre !
Avec, en première partie, Nicolas Jaillet !

Mais comment ces deux-là se retrouvent-ils à chanter dans le festival le plus improbable qui soit : le Printemps bénuchot ? Flash-back.
Crédit photos : François Guillement
C’était il y a une dizaine d’années… De retour du festival polar de Mauves-sur-Loire, je fis halte chez Liz Cherhal, dans la campagne nantaise, avec l’ami Nicolas Jaillet. Liz m’offrit son premier mini-CD comprenant deux chansons, Il est arrivé quelque chose et Tu vas bien nous chanter une chanson, qui rôdèrent longtemps dans mes oreilles, la gravité de l’une s’opposant à la légèreté grinçante de l’autre.
Le temps passa. En 2011, Liz Cherhal enregistra son premier album, Il est arrivé quelque chose. C’était le temps de la gravité, de la grâce et de l’accordéon.
Avec le deuxième, Les Survivantes (2015), elle abandonne l’accordéon et prend une autre dimension : celle de la chanteuse attachante, drôle, sensible, pétillante, qui “brosse le portrait de femmes battantes, survivantes à des catastrophes naturelles, humaines, inhumaines” (Télérama). Avec cet album, Liz Cherhal accède au “statut” de bourlingueuse des mots gourmande avec qui la chanson française va devoir compter.
Dans L’Alliance (2018), Liz Cherhal change de cap. Elle parle d’elle, de sa vie, de son fils Tigran, des grands bonheurs et des petits malheurs qui deviennent ceux de tout le monde par la magie de la chanson. Et cette chronique intime dépasse l’intime pour atteindre une dimension universelle, intemporelle : la vie de Liz n’est plus seulement la sienne, c’est aussi un peu la vôtre (surtout si vous êtes une femme…).
Mais surtout, grande première dans l’histoire de la chanson française (de la chanson tout court ?), elle s’adresse à celles et ceux qui ne peuvent pas entendre ses mots : les sourds. Sur scène, en plus de ses musiciens, elle est accompagnée par Cyrille Gérard, comédien venu du cirque, qui retranscrit ses émotions via la langue des signes. Une sorte de double, en quelque sorte. Et pour le coup, on entre vraiment dans une autre… dimension.
Pendant ce temps-là, Nicolas Jaillet, qui bourlingua longtemps comme metteur en scène et comédien avec son itinérante Compagnie des filles de joies, écrivit des romans, dont  deux parurent aux éditions Après la Lune (le voluptueux western métaphysique Sansalina, le drôle et cosmico-sensoriel Nous, les maîtres du monde), avant de prouver avec La Maison, magnifique roman de l’évasion conjugale ici chroniqué, qu’il était un écrivain, un vrai, ne se bornant pas, comme beaucoup, d’écrire à chaque fois (ou presque), sinon la même histoire, du moins la même rengaine, mais débroussaillant à chaque opus des chemins nouveaux, changeant de genre littéraire comme on change de chemise, ce dont il s’explique ici. Ce qui est le propre de la (bonne) littérature, non ?


Ce que j’ignorais, c’est que notre homme, même s’il avait commis quelques très belles chansons pour Alexis HK et grattait fort agréablement la guitare, projetait, dans le plus grand secret, de se lancer à l’assaut de la citadelle music-hall, se produisant successivement au Petit cabaret du bonheur, à Montmartre, puis dans deux librairies parisiennes.
Nicolas Jaillet au Petit cabaret du bonheur (2018)
Ce que j’ignorais plus encore, c’est qu’un jour, par une suite de hasards aussi incongrus qu’abracadabrants, je deviendrais “entrepreneur de spectacles en eau douce” et serais amené à organiser ce drôle de Printemps bénuchot où ils vont se retrouver, Liz et Nicolas, pour le plus grand plaisir de spectateurs, que nous espérons nombreux !
Nicolas Jaillet interprétera quelques chansons de son futur album L’Amour universel, que vous pouvez écouter en cliquant ici.









Concert Nicolas Jaillet : dimanche 9 juin, 16h
Concert Liz Cherhal : dimanche 9 juin, 17h

Spectacles gratuits. Les CD de Liz Cherhal et les livres de Nicolas Jaillet seront en vente sur place.

Printemps bénuchot, pointe Poulmarch, quai de Valmy, canal Saint-Martin, Paris 10e

Léa Raymond et sa “Boîte à clichés”, photographe du Printemps bénuchot

Léa Raymond est “photographe itinérante”. Se déplaçant dans les lieux publics (places, plages, rues) ou privés (cafés, restaurants, mariages), tel un Bénuchot obsédé par les rencontres de hasard, elle aborde les passants, leur proposant de devenir leur modèle d’un moment ! Clic, c’est dans la boîte ! À qui le tour ? Magie de l’ère numérique : la photographie vous plaît ? Vous la recevez par courriel, et votre portrait sera mis en ligne sur le site La Boîte à clichés (en construction). En attendant, on peut les retrouver sur sa page Facebook.
Léa Raymond sera présente au Printemps bénuchot les 8-9 juin. Les modèles pourront repartir avec leur portrait sous le bras, imprimé sur place, moyennant une contrepartie libre.
Contact : la.boite.a.cliches@hotmail.com

mercredi 29 mai 2019

Les invité/e/s du Printemps bénuchot. Kits Hilaire, écrivaine européenne (de Berlin à Barcelone)

Kits Hilaire sera présente au Printemps bénuchot les 8-9 juin 2019 et participera dimanche 9 juin à un débat avec François Muratet et Laurence Biberfeld, sur le thème Quand l’Histoire fait des histoires, animé par Nicolas Jaillet.
Les trois derniers romans de Kits Hilaire, Ivan, allégresse et liberté, Berlin, dernière (réédition de son roman-culte paru chez Flammarion en 1990) et Mon grand-père et moi à Barcelone ont paru aux éditions Après la Lune.

mardi 28 mai 2019

Les invité/e/s du Printemps bénuchot. Caroline Gérard, une légende dorée du XXIe siècle

Caroline Gérard vit à Avignon. Elle publie chaque matin sur Facebook un texte sur le saint ou la sainte du jour. Elle s’explique dans cette « note d’intention ». Elle déclamera quelques-uns de ses textes lors du Printemps bénuchot, le 8 juin 2019, jour de la saint Médard, dont seuls les aliborons ignorent qu’il était évêque de Noyon.

De nos jours, on souhaite plutôt les anniversaires que les fêtes mais les saints s’accrochent toujours à leur place dans le calendrier. À part quelques figures célèbres, on ignore pour la plupart ce qui leur a valu d’être gratifié d’une auréole.

Voici quelques années, je me suis mise à fouiller dans les textes hagiographiques, et en premier lieu bien sûr, dans La Légende dorée de Jacques de Voragine. Quand leur vie était assez pittoresque, je la réécrivais dans un français plus moderne, ajoutant des onomatopées pour bruiter certaines actions, commentant très discrètement certains faits. J’avais soumis ces premiers textes à mon ami Pierre Autin-Grenier qui avait écrit un journal poétique, Les Radis bleus (Le Dé bleu, rééd. Folio, puis Les Carnets des Desserts de Lune), où les dates immanquablement étaient accompagnées du saint du jour. Pour lui, bien qu’athée, cette mythologie était importante. Il m’avait encouragée dans mes premiers essais pour l’ironie et la fantaisie qui s’y cachaient. Puis Pierre Autin-Grenier nous a quittés, et mes saints ont sommeillé pendant quelques années, jusqu’au jour où j’ai décidé de les sortir de leur torpeur et de leur donner un public plus large. C’est ainsi que je les ai publiés sur Facebook, au fil du calendrier, souhaitant à chaque fois une bonne fête au porteurs des prénoms du jour. J’ai progressivement abandonné La Légende dorée comme unique source pour aller chercher d’autres saints dans les traditions locales (Bretagne, Grande-Bretagne, Provence, etc.). La « famille » s’est progressivement agrandie pour compter à ce jour 123 membres.

Aux premiers temps du christianisme, les saints et saintes jouèrent un rôle crucial dans l’élaboration de la toute nouvelle religion. Ces femmes et hommes convertis prêts à sacrifier leurs vies dans d’horribles souffrances pour gagner une auréole, et donc une place au paradis, ne pouvaient que représenter des exemples à suivre. Dans les récits qui étaient rapportés, les tortures infligées tenaient une place importante. On retrouve là un ingrédient vieux comme le monde : la violence est un moyen de capter l’attention. Puis, pour faire prospérer cette religion, il fallait qu’elle soit en quelque sorte « décentralisée ». Alors, des légendes populaires se métamorphosèrent en histoires saintes dans toute l’Europe : le merveilleux qu’on appela « miracle » fut l’autre ingrédient indispensable à l’implantation de la foi chrétienne dans les coins les plus reculés du continent. L’autre utilisation des saintes et saints fut aussi celle de faire entrer de l’argent dans l’organisation. En effet, comme l’avaient fait précédemment les Grecs, on créa des lieux de pèlerinage grâce au système des reliques. Quelques bouts d’os suffisaient à assurer la prospérité d’un lieu. Quand on n’en avait pas, on n’hésitait pas à les voler, comme ce fut le cas pour les restes de sainte Foy, qui assurent encore aujourd’hui la richesse touristique de Conques. Pudiquement, à propos de ces larcins, on utilisait l’euphémisme « translation furtive ».

Ces récits hagiographiques remaniés par mon regard d’athée du XXIe siècle forment à présent un recueil. Son but premier est de mettre en lumière des récits souvent oubliés, mais aussi de distraire avec ces aventures où se mêlent souvent les ingrédients qui font aujourd’hui le succès des séries TV : le fantastique, le gore, les bons sentiments, l’amour... Les saintes et saints qui y sont traités relèvent d’un choix purement arbitraire, qui n’est pas lié à leur renommée ou leurs origines, mais à l’aspect pittoresque de divers éléments de leur vie.

samedi 11 mai 2019

8 juin 2019, le jour où l’on libéra le chat de Schrödinger !

1935. Pour démontrer l’absurdité de la physique quantique (entre autres), Erwin Schrödinger, prix Nobel de physique 1933, invente l’expérience de pensée du “chat de Schrödinger”. Le principe est simple : dans une boîte : un chat, un atome radioactif, un marteau, une fiole de poison, un détecteur de radioactivité. Fermez la boîte. Attendez. (On ne secoue pas !) Dès que la radioactivité sera détectée, le marteau cassera la fiole de poison, qui sera lapée par le chat, qui mourra. Mais tant que vous n’aurez pas ouvert la boîte, le chat sera à la fois mort et vivant. Paradoxe que les savants nomment “états superposés”… Et ça peut durer longtemps. Très longtemps !
84 ans plus tard, personne n’a osé ouvrir la boîte – le syndrome de Pandore est tenace ! Et le pauvre chat est devenu l’objet de toutes les supputations, et de tous les fantasmes ! Mort ? Vivant ? Ni l’un ni l’autre ? Les deux à la fois ? Dans un état qu’aucun être humain n’a jamais pu imaginer ?
Le 8 juin 2019 à 15h15, alors que les Gilets jaunes entameront l’Acte 30 de leur glorieux combat contre les Tuniques bleues énucléeuses du général décérébré Castaner et que le Printemps bénuchot battra son plein devant le mur de street-art de la pointe Poulmarch, nous mettrons fin à cette ignominieuse séquestration, qui n’a que trop duré, et ouvrirons la boîte.
Et le monde macroscopique saura ENFIN dans quel état se trouve le chat de Schrödinger !