Je ne suis pas très objectif avec Nicolas Jaillet. D’une part, c’est un auteur dont j’ai publié deux romans aux éditions Après la Lune, Sansalina (magnifique western métaphysique, épuisé, réédité en Folio Policier) et Nous les maîtres du monde (sublime histoire de super-héros). D’autre part, c’est un ami…
N’empêche, en toute objectivité, son 4e roman, La maison, paru chez Rue du Départ en 2013 et réédité en septembre 2016 dans la collection Milady Thriller est, je pèse mes mots, un petit bijou! Qui figurerait dans les sélections du Livre Inter ou du prix des Lectrices de Elle s’il était publié chez Minuit, POL ou Verticales. Passons.
Le sujet du livre est (hélas) banal. Martine, maltraitée par son mari, prépare son "évasion" du foyer conjugal. Le traitement, en revanche, l’est beaucoup moins (banal).
N’empêche, en toute objectivité, son 4e roman, La maison, paru chez Rue du Départ en 2013 et réédité en septembre 2016 dans la collection Milady Thriller est, je pèse mes mots, un petit bijou! Qui figurerait dans les sélections du Livre Inter ou du prix des Lectrices de Elle s’il était publié chez Minuit, POL ou Verticales. Passons.
Le sujet du livre est (hélas) banal. Martine, maltraitée par son mari, prépare son "évasion" du foyer conjugal. Le traitement, en revanche, l’est beaucoup moins (banal).
Nicolas Jaillet, qui fait partie des rares romanciers changeant résolument de genre et de style à chaque nouvel opus, réussit le tour de force de raconter une histoire terrible sans rien dire des choses terribles, grâce à une subtile distanciation narrative (le roman est raconté du point de vue du fils de la femme battue, qui n’a évidemment, comme souvent dans ce genre de situation, "rien vu"). Tout est suggéré, sous-entendu. La peur est présente à chaque ligne. Et ça fout la trouille. C’est un livre qu’on ne lâche pas. Et c’est écrit dans une langue – je ne vous dis que ça – concise, lissée jusqu’à l’épure.
Mais je laisse la parole à Marcus Malte, qui en a écrit la préface : "Une angoisse, une oppression superbement rendue par la subtilité de l’écriture. Car écrire, c’est faire des choix : il y a ce que l’on montre, il y a ce que l’on suggère simplement. Autant d’ingrédients que Nicolas Jaillet, en fin architecte, en solide maçon, en parfait magicien, dose. Certaines maisons, paraît-il, sont hantées. Cette maison-là est de celles qui vous hantent."
Coup de cœur Emmanuel Delhomme (librairie Livre Sterling) sur France Inter
Extrait. "Il y a des souvenirs imaginaires. Nous en avons tous : parfois sans le savoir. Des images que nous gardons gravées dans notre esprit. Par leur précision, elles dépassent souvent nos vrais souvenirs. Et pourtant, ces souvenirs sont faux."
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