jeudi 27 décembre 2018

Affaire Églantine Laval : la cour de cassation rejette mon pourvoi au motif que j’aurais… oublié de le signer !

  La Cour de cassation, nul ne l’ignore, a pour mission de contrôler l’application du droit par les tribunaux et les cours d’appel. Elle ne juge pas le fond mais la forme. Sa réputation tatillonne n’est plus à faire. Les jugements impérieux de ses magistrats, qui compensent la grandeur de leur tâche en se vêtant de tenues chatoyantes à rendre jaloux un archevêque en visite biennale au Saint-Siège, inspirent crainte et respect.
  Le misérable justiciable que je suis vient d’en avoir la preuve éclatante et formelle.
Fonctionnaires de la cour de cass' en tenue d’apparat.
  Condamné en première instance (et en mon absence, ayant, c’est malin, loupé mon procès suite à une confusion d’agenda digne d’un élève de 6e amoureux de sa prof d’histoire-géo) à une amende de 800 € pour des violences prétendument infligées à une certaine Églantine Laval, jeune femme ayant réussi à convaincre une juge montreuillote de ma machiste et potentielle malfaisance, je fis donc appel, étant bien entendu innocent des faits qui m’étaient reprochés. (Je n’ai pas l’habitude de frapper les femmes à coups de poing, encore moins sur le perron d’un tribunal dûment surveillé par un vigile. Mon seul tort fut de lui dire : "Et vous arrivez à dormir la nuit, avec vos saloperies ?") Cette histoire abracadabrante est narrée ici.
  Alors que je m’étais moi-même défendu (fort mal, je ne suis pas avocat, mais le désir de m’acquitter de cette tâche, une fois au moins dans ma vie, l’emporta sur la peur de ne pas être à la hauteur), la cour d’appel confirma ma culpabilité mais atténua, on se demande bien pourquoi, la peine (800 € avec sursis). Ne pouvant accepter ce verdict hypocrite et révoltant, je me pourvus donc en cassation en déposant au greffe de ladite cour un "mémoire ampliatif".
  Las ! Tout comme je négligeai de me présenter à mon procès, j’oubliai de signer mon mémoire, ce qui échappa à la sagacité de la greffière lors de son minutieux examen de mon dossier (8 minutes environ). C’est du moins ce que prétendra l’avis du 18 décembre 2018 m’informant du rejet de mon pourvoi en cassation, non sans m’avoir rebaptisé "Jean Reboux".
  Sans aucun recours possible.
  Ce qui m’ôte toute possibilité de poursuivre pour dénonciation calomnieuse Églantine Laval (qui poussa le culot jusqu’à déposer contre moi une plainte en diffamation, dans laquelle elle m’accusa de "porter atteinte à [sa] dignité d’artiste").
  Ah oui, sinon : je n'ai jamais reçu la moindre réponse à ma demande d’aide juridictionnelle (qui m’aurait permis de disposer des services d’un avocat spécialiste de la cassation, et éviter ce genre de bévue absurde). 

dimanche 28 octobre 2018

Kits Hilaire évoque "Berlin, dernière" et "Ivan, allégresse et liberté" sur Radio Libertaire

Invitée de l’émission "La Philanthropie de l’ouvrier charpentier", sur Radio Libertaire, Kits Hilaire évoque Berlin, dernière" et Ivan, allégresse et liberté (éditions Après la Lune), mais aussi ses précédents romans, Rosa colère, Vise directement la tête et La Pitié.
Podcast de l’émission ici (à partir de 4'55")
Portrait de Kits Hilaire sur ce même blog.
Berlin, dernière et Ivan, allégresse et liberté sont disponibles à la librairie Publico, 145, rue Amelot, Paris 11e, et à la librairie Après la Lune.

dimanche 9 septembre 2018

"Berlin dernière" : le roman-culte de Kits Hilaire enfin réédité

Kits Hilaire est une écrivaine européenne à vocation transversale. Ce n’est pas une auteure confortable. Son tempérament la conduirait plutôt à gratter les plaies en voie de cicatrisation, pour qu’on ne les oublie pas.”
  Ainsi Pierre Maury commentait-il dans le journal belge Le Soir son deuxième roman La Pitié (Flammarion, 1992), qui raconte la plongée aux enfers d’une jeune femme aux prises avec un homme pervers, qu’elle prend pour Dieu. Le diagnostic visait juste.
Depuis, Kits Hilaire a peu publié (quatre romans), constituant une œuvre romanesque fulgurante, âpre et sauvage, résolument hors des sentiers battus, étrangement absente des collections de poche françaises, où paraissent tant de livres médiocres. Après la littérature à l’estomac, la littérature à l’uppercut : une formule que ne démentiront ni Rosa colère (Calmann-Lévy, 1995), ni Vise directement la tête (J.-J. Pauvert, 2000).
Mais revenons trois ans en arrière… Nous sommes en 1989. Le mur de Berlin vient de tomber. Les médias du monde entier s’emparent de cet événement majeur, l’un des plus commentés de l’histoire de l’Humanité. Parmi les fictions parues sur le sujet, ce qu’on appellera le Wenderoman, le premier, et sans doute le plus (d)étonnant, sera publié chez Flammarion par la prêtresse de l’édition française Françoise VernySon titre ? Berlin dernière.
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L’auteure, Kits Hilaire, vit à Berlin depuis plusieurs années. Elle chante dans un groupe punk, elle a les cheveux rouges et virevolte sa vie au cœur du quartier alternatif de Kreuzberg. Contrairement aux autres ouvrages publiés sur le sujet (fiction et documents confondus), Berlin dernière est le seul à prendre le contrepied de la doxa : effondrement du communisme, chute des dictatures du bloc de l’Est, fin de la guerre Froide, réunification des deux Allemagne ; le tout anticipant la folie capitaliste et son désastre écologique consubstantiel, dont on mesure avec effroi les ravages aujourd’hui. Les protagonistes du roman vivent mal la chute, qui leur fait craindre la disparition du quartier alternatif où ils sont installés. C’est ce que raconte le roman de Kits Hilaire. C’est ce qui fait sa force. Et qui fera son succès.
  Propulsé en tête des ventes grâce à un passage dans l’émission de Bernard Rapp Caractères (40.000 exemplaires), le roman connaît une carrière fulgurante. Kits Hilaire, qui a la bougeotte, quitte Berlin pour Paris, où Berlin est adapté au théâtre. Puis Séville et l’Andalousie, où elle réalise le long-métrage Saca la plata. Elle participera à l’écriture du scénario du film de Tony Gatlif Gadjo dilo. Plus tard, elle s’installera à Barcelone, où elle vit toujours, après un crochet par Cuba, les Canaries et la Chine.
  En 2001, nos chemins se croisent dans une résidence d’écrivain au Diable Vauvert, en Carmargue. Nous ne nous sommes plus quittés depuis… De ses dix dernières années passées à Barcelone, la capitale de cette Catalogne à qui les mauvais esprits postfranquistes voudraient dénier ses aspirations républicaines, elle a tiré Ivan, allégresse et liberté, un roman magnifique au titre étrange, quasi-incantatoire, où se retrouveront aussi bien les vieux militants anarchistes rescapés de la République mise à mort par Franco que les jeunes Catalans libertaires assoiffés de liberté, hors la Monarchie corrompue espagnole.
Kits Hilaire interviewée par Luis Fernandez Zaurin
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  Presque 30 ans après Berlin dernière, une génération est née, qui n’a pas connu le mur. Mais d’autres murs se sont levés un peu partout dans le monde. L’avenir est sinistre : la planète fond, la Méditerranée est devenue un cimetière, Israël érige un nouvel apartheid et assassine Gaza, la Syrie est vitrifiée par un psychopathe armé par Poutine, les Chinois rachètent l’Afrique, les démocraties européennes cèdent, doucement mais sûrement, aux sirènes du racisme et du nationalisme. Bref, tout est en place pour que naissent de nouvelles catastrophes.
 Et Berlin dernière est devenu un roman-culte, régulièrement cité dans les articles d’anthropologie urbaine sur le quartier de Kreuzberg. Et introuvable, qu’on réclame souvent à son auteure. Avec quelques écrivaines bourlingueuses au cosmopolitisme assumé, Kits Hilaire a créé le collectif Kierol24, une “association de malfaiteuses littéraires”. On y retrouvera Kits Hilaire, bien sûr. Mais aussi Nat Corales, Cécile Thi Dang, Olaya Sants, Élise Fugler et Adèle O’Longhauteure du récit Les Montagnes dans les nuages(Hoëbeke, coll. Étonnants voyageurs).
  Les éditions Après la Lune, qui ont cassé leur pipe en 2013, renaissent de leurs cendres pour éditer ces titres. On peut les commander sur le site de la librairie Après la Lune. La version numérique est disponible sur le site Kierol24.
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Berlin dernière, 170 pages, 15 € / Ivan, allégresse et liberté, 262 pages, 18 €
éditions Après la Lune

mercredi 29 août 2018

Les chasseurs nous emmerdent !

C’était l’été 1974. J’étais jeune et beau, plus timide qu’une bonne sœur, et je fourbissais mes armes de serveur Chez P’tit Louis, restaurant Routiers, à Flers (Orne), tandis que les Turcs et les Grecs se battaient pour de bon, après la décision de la dictature des colonels de réunir Chypre et la Grèce, suivie de l’invasion de l’île par la Turquie, connue sous le nom d’Opération Attila. Le soir, les clients de l’hôtel, des immigrés turcs récemment arrivés en France, pour des raisons davantage économiques que politiques, se pressaient devant la télévision. Comme ils ne parlaient pas un mot de français, ils devaient se contenter des images, qui parlaient d’elles-mêmes. Tout comme leurs visages, où se lisait la frustration chauvine d’hommes exilés à plusieurs milliers de kilomètres de la “mère-patrie".
 L’année suivante (1975-76), en Terminale au lycée de la même ville, nous nous retrouvions avec les copains dans ce même café tout proche du bahut, où P’tit Louis et son épouse Colette mettaient à notre disposition un électrophone pour écouter nos disques préférés. J’avais apporté le dernier 33 tours de Henri Tachan. P’tit Louis, qui était chasseur et préparait un bœuf bourguignon du tonnerre, appréciait moyennement quand je passais la chanson La Chasse, qui enchantait nos oreilles fraîchement acquises à l’écologie grâce à la candidature de René Dumont à l’élection présidentielle, après que Pompidou eût cassé sa pipe, au printemps de la même année. Comme il m’aimait bien, qu’il me faisait grâce de mes consommations et qu’il est difficile, pour ne pas dire impossible, de parler “chasse” (ou corrida) sans s’écharper avec les gens dont la passion consiste à tuer des animaux, je finis par m’autocensurer. Et me rabattre sur Ange, Catherine Ribeiro, François Béranger, voire Pink Floyd ou King Crimson.
  Si je pense aujourd’hui à P’tit Louis, c’est évidemment à cause de la démission fracassante de Nicolas Hulot, le ministre du Développement pas-du-tout-durable et de la Transition écologique-mieux-vaut-très-tard-que-jamais-mais-c’est-déjà-trop-tard du petit potentat de la start-up nation Emmanuel Macron, que de sombres crétins ont eu la curieuse idée de baptiser Jupiter, alors que Pinocchio lui eût tout à fait convenu, et que ses accointances névrotiques avec des types comme Thierry Coste l’obsédé de la gâchette et Alexandre Benalla l’obsédé du coup de poing et de la matraque mériteraient, si le tenancier de ce blog était coutumier de la démesure, qu’il fût surnommé Petit Poucet, voire Petit Pinochet.

lundi 20 août 2018

Pierre Cherruau, le plus africain des écrivains français, ne retournera pas en Afrique

L’ami Pierre Cherruau est décédé d’un arrêt cardiaque ce dimanche 19 août, après s’être porté au secours de son fils de 10 ans en train de se noyer dans un courant de “baïne”, sur une plage de Gironde, où il était en vacances en famille.
Pierre, on pouvait ne pas le voir pendant des semaines, des mois, voire des années, il ne fallait pas s’inquiéter : c’est qu’il était en Afrique, continent dont il a visité une quarantaine de pays, lors de ses incessants déplacements professionnels. Ainsi de 2014 à 2017, où il forma des journalistes au Nigeria, un pays qu’il connaissait remarquablement pour y avoir déjà séjourné deux décennies plus tôt. Il était alors pigiste pour Télérama, Le Monde et Le Nouvel économiste.
Fin juillet, nous déjeunions ensemble du côté de Stalingrad. Ce fut un repas de retrouvailles pétillant et joyeux, comme toujours avec cet homme lucide et plein de douceur, curieux de tout (et jamais à court d’informations plus ou moins secrètes sur la Françafrique, voire sur certain écrivain algérien fort connu). Nous avions prévu de nous revoir à la rentrée. Mais cette fois, il ne reviendra pas. L’effroyable océan l’a enlevé la veille de ses 49 ans.
Pour lui rendre hommage, je reprends un papier qui parut ici-même en avril 2013, lors de la parution de son livre De Dakar à Paris, un voyage à petites foulées (Calmann-Levy).

Pierre Cherruau était journaliste. Il a longtemps été responsable du service Afrique de Courrier International, avant d’être rédacteur en chef du site Slate Afrique, dont il fut viré dans des conditions très “étranges”, que l’on évitera prudemment d’évoquer ici. Depuis son retour du Nigeria en 2017, il travaillait au service numérique de Radio France.
Pierre était aussi écrivain. Tous ses romans parlent de l’Afrique. J’en ai personnellement édité trois. Le magnifique Nena Rastaquouère (Baleine, 1997) avec une préface hilarante de son voisin d’Aubervilliers de l’époque Didier Daeninckx, qui raconte comment, un matin, un homme le guettait à la sortie de son pavillon, un sac Monoprix sous le bras, pour lui soumettre son œuvre. Lagos 666 (Baleine, 2000) qui se déroule encore au Nigeria. Et Chien fantôme (Après la Lune, 2008), cocktail d’action, de comédie burlesque et de mystère, racontant un voyage haut en couleurs dans le "train bleu" reliant Dakar à Bamako, la capitale du Mali, et mettant l’accent sur une réalité africaine tragique, à travers l’actualité dramatique des émigrants prêts à affronter la mort en mer pour échapper à la mort en terre d’Afrique.
Il publia aussi Nok en stock et Ballon noir à L’Écailler du Sud, ainsi que deux épisodes du Poulpe (Baleine), Togo or not Togo et La Vacance du petit Nicolas, co-écrit avec son confrère journaliste Renaud Dély.
Pierre était également marathonien. En 2010, il décide de se lancer dans un défi un peu fou : parcourir Dakar-Paris en courant. De ce voyage, chroniqué à l’époque sur son blog Dakar-Paris, il tire un livre qui se lit comme on regarderait passer une course (de fond) à pied, en prenant son temps pour détailler les coureurs, voire en faisant un bout de chemin avec eux. De Dakar à Paris, un voyage à petites foulées est le condensé de ses trois professions (de foi) : écrivain, journaliste, marathonien.
Pour ceux qui, comme moi, n’ont jamais mis les pieds au Sénégal, De Dakar à Paris est une façon épatante de découvrir ce pays pauvre, attachant, où la démocratie est venue à bout des démons du népotisme, d’où partirent les esclaves en route vers le Nouveau Monde et d’où fut prononcé le tristement célèbre "discours de Dakar" sur “l’homme africain pas foutu d’entrer dans l’Histoire” du petit caporal Sarkozy et de son affidé Henri Guaino.

On y apprend comment y vivent les gens, comment ils s’accomodent du capitalisme le plus échevelé tout en respectant les traditions, comment ils accueillent le voyageur, qu’il soit noir ou toubab (la fameuse hospitalité sénégalaise, la teranga), comment des décennies de laisser-aller ont fait de ses rivages parmi les plus pollués de l’Atlantique (sidérant!) et de ses routes parmi les plus meurtrières d’Afrique (la trouille de l’auteur de se faire écraser en courant sur le bas-côté est récurrente). En ce sens, il peut se lire également comme un ouvrage d’anthropologue, l’auteur, de par son mode de déplacement "lent", ouvrant des portes que seul un coureur de fond peut encore prendre le temps de pousser, ce qui donne à ce voyage parfois enchanteur, souvent désenchanté, un côté humaniste. Du journalisme à hauteur d'homme, en quelque sorte, loin de certaines pratiques évoquées plus haut…
C’est aussi un bel hommage à un père homonyme, Pierre Cherruau, ex-journaliste au Monde à Bordeaux, mort d’un cancer, qui légua à son fils, en plus de la passion journalistique, celle de la course à pied. Si l’on peut regretter que tout le passage espagnol soit passé sous silence (mais peut-être Pierre Cherruau a-t-il pris l'avion, ah, ah!), le retour en Anjou (d’où est originaire l’auteur, né à Dunkerque) et les retrouvailles avec l’ami de déportation de son grand-père, sont bouleversants.
Cherruau par Cherruau. Lors de la parution de "Chien fantôme" (2008)

mercredi 8 août 2018

Marlène Schiappa et l’outrage sexiste. "Le harcèlement de rue peut-il être considéré comme un "outrage", au regard de la loi ?"

Dans son projet de loi sur la répression du harcèlement de rue, la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa évoque la création d’un délit d’outrage sexiste. Si l’affaire a été abondamment commentée par les médias, aucun n’a cru bon de noter que l’appella-tion “outrage sexiste” risquait de poser un problème technique, et de compliquer l’appréhension de ce délit, dont l’objectivité du constat ne sera déjà pas simple.
  En effet, si le harcèlement de rue peut être considéré, d’un point de vue sémantique, comme un outrage [offense ou injure extrêmement grave, de parole ou de fait], il en va autrement d’un point de vue juridiquepar rapport à la loi actuelle. Deux raisons à cela.
1. L’outrage, réprimé par l’article 433-5 du Code pénalprotège uniquement les personnes dépositaires de l’autorité publique et, depuis 2002, les personnes chargées d’une mission publique. Or, toutes les femmes potentiellement victimes de harcèlement ne font pas partie de ces deux catégories.
 2. L’outrage se caractérise par des paroles, gestes ou menaces non publics. Et le harcèlement de rue est forcément public.
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L’auteur de ces lignes (par ailleurs victime d’une dénonciation calomnieuse pour "violences volontaires", cousine germaine du harcèlement, et condamné en appel – l’affaire est devant la Cour de Cassation) n’est pas juriste. Mais il semblerait qu’il y ait là un vrai problème, auquel la très volubile secrétaire d’État n’a peut-être pas pensé. On imagine sans mal un avocat défendant un "harceleur" arguant du fait que son client ne s’est pas rendu coupable d’outrage, au regard de la loi.

lundi 21 mai 2018

"L’Esprit Bénuchot" ressuscite le 20 juin lors du 156e dîner-débat des Mille-Feuilles

La résurrection de L’Esprit Bénuchot, fauché par une mort subite du nourrisson en avril 2016, n’aura pas lieu dans une librairie, mais dans un restaurant, lors du 156e dîner-débat des Mille-Feuilles, la vénérable institution littéraire de Frédéric Fredj, dont la première eut lieu en janvier 1999 au restaurant La Canaille, sur le thème "Utopie et action", avec Henri Weber et Daniel Bensaïd.
Je serai en compagnie de Caroline Laurent, co-auteure avec Evelyne Pisier de Et soudain la liberté, et de Michèle Audin, fille de Maurice Audin, mathématicien assassiné par les parachutistes français en juillet 1957 lors de la bataille d’Alger.
Mercredi 20 juin, 19h30, Le Trumilou
84, quai de l’Hôtel-de-Ville, 75004 Paris

samedi 28 avril 2018

Quand Pôle Emploi te convoque par téléphone, ne t'avise pas de te rendre dans ton agence, tu risques de te faire radier, mon coco !

Le 27 mars, l’émission Les pieds sur terre de Sonia Kronlund (France Culture) révélait qu’à l’agence Pôle Emploi de Saint-Denis, chaque conseiller gère 500 chômeurs, au lieu de 350 en moyenne. Voici une petite histoire qui vient de m’arriver dans cette agence, dont je dépends, et que j’ai décidé de vous narrer, tant elle confine à l’absurde, au grotesque et à l’arbitraire.
24 avril 2018, 11h05. Je me rends à une convocation de mon agence Pôle Emploi de Saint-Denis. Les locaux sont flambants neufs, il y a un joli puits de lumière au centre, et une borne ultramoderne, où tu peux prévenir l’agent qui t’attend de ton arrivée. (Je serais curieux de savoir combien sont payés les génies bac + 7 qui imaginent ce genre d’appareil coûteux et totalement inutile.) Je tape mon identifiant. La machine me répond : Désolé, monsieur, vous n’êtes pas attendu. Ce qui est somme toute logique puisque j’ai dix minutes d’avance… Je tape mon nom. Idem.
  Dépité, je file à l'accueil. Une sympathique employée me confirme que je ne suis pas attendu puisqu’il s’agit d’une convocation téléphonique. Ce que je n’avais pas réalisé. (Très old school, quasi-rétif au progrès technique qui illumine nos vies modernes, j’avais compris qu’à 11h15 pétantes mon téléphone sonnerait pour me prévenir que l’agente Machin était prête à me recevoir.) L’accueillante dame appelle sa collègue pour la prévenir de mon passage intempestif et me prie de surveiller mon téléphone, qui ne va pas tarder à sonner. À ce moment-là, deux choses se passent simultanément. Ce qui fait beaucoup pour mon petit cerveau.
  1°) Je m'aperçois que la batterie de mon portable est presque déchargée.
  2°) L’accueillante dame se lève pour porter un dossier et me dit : "Ah, justement, Mme Machin est là-bas, vous la voyez !"
  – Ah, très bien, je vais aller directement la voir, ça lui évitera de me téléphoner ! m'exclamé-je.
  – Non, non, elle va vous appeler.
  – Ça m’aurait pourtant arrangé car ma batterie est presque à plat…
  – Elle va vous appeler, ne vous inquiétez pas.
Photo Yann Mambert, Le Journal de Saint-Denis
  Avisant une prise de courant au centre du hall, je branche l’engin, tout en regardant Mme Machin disparaître dans l’escalier dans sa belle robe jaune. (Authentique.) Et j’attends, l’œil rivé au téléphone pour ne pas louper l’appel.
  Par un de ces hasards dont la vie moderne a le secret, je n’entends pas la sonnerie, à 11h27. Un message m’attend. Ici Mme Machin de Pôle Emploi, j’ai essayé de vous joindre, vous n’étiez pas là, je vous rappellerai plus tard. J’appuie sur la touche 5 (rappel du numéro). Un message enregistré m’annonce qu’il est impossible d’obtenir l’appel. Pour obtenir Pôle Emploi, faites le 3949. De retour chez moi, j’envoie un courriel à Mme Machin (sans préciser que j’ai aperçu sa gracieuse silhouette dans l’escalier), qui me répond qu’elle me rappellera le lendemain après-midi.
  Trois jours plus tard, j’attends toujours l’appel, qui ne viendra pas. Par contre, ce qui arrive, c’est ce magnifique courriel de menace de radiation, signé d’un autre agent, assorti de la classique menace de fin d’indemnisation (me concernant, le RSA, auquel je suis un fidèle abonné depuis que j’ai bazardé la SARL Après la Lune il y a quelques années).
 Alors que j’ai bien évidemment donné signe de vie à cette agente.

  Vendredi 4 mai, retour à la Normale Raison de Pôle Emploi, suite à ma protestation.
    "Je prends compte de votre demande et demande un abandon de la procédure."

  Lundi 7 mai, retournement de situation !
    "Votre conseillère étant absente [sic], je vous invite à passer à l'agence mercredi 09 Mai 2018 matin (9h00 et 11h00) afin de régulariser votre situation."
  Ah bon, ce n’était pas déjà fait ?!?

Mercredi 9 mai, dénouement (provisoire)
  Je me pointe à l’agence, et là, surprise : aucune trace de ma convocation. L’agent d’accueil, dubitatif, me demande fort aimablement, bien qu’un tantinet suspicieux quant à ma santé mentale, si je n’aurais pas, par hasard, une preuve de ladite convocation. Comme on vit à la joyeuse époque du numérique, que je n’ai pas Internet sur mon téléphone (mon côté paysan rétif) et que j’ai négligé de photographier la dite convocation, une seule solution : allumer mon ordinateur portable. Las, la bête est rétive à l’allumage. Au bout de cinq ou six minutes (pendant lesquelles la queue derrière moi s’allonge), ça plante sec, et il me faut me rendre à l’évidence : mon disque dur vient de rendre l’âme (et avec lui une quantité industrielle de fichiers que je n’ai pas pensé à sauvegarder, mais ça, c'est une autre histoire…)

Mardi 15 mai, dénouement (quasiment définitif)
  Un courriel de Pôle Emploi récapitule (avec brio) la synthèse de mon entretien professionnel qui, rappelons-le, n’a jamais eu lieu : l’actualisation de mon PPAE a bien été enregistrée. Je vais donc pouvoir continuer à recevoir des offres d’emploi d’éditeur de solutions bancaires,  éditeur de logiciels, etc, dont je suis quotidiennement abreuvé par le grand algorithme charismatique de la maison. Ouf, je l’ai échappé belle…

Vendredi 25 mai, dénouement (net et sans bavures)
  Un courriel de Pôle Emploi me demande si je souhaite poursuivre mon abonnement aux alléchantes offres d’emploi d’éditeur de solutions bancaires, éditeur de logiciels, etc… Tel de Gaulle à Londres, je réponds simplement NON. Et c’est au moment où j’appuie sur la touche envoi que mon ordinateur (tout récemment doté d’un disque dur moderne censé durer mille ans) implose (je rigole).

Décembre 2019
   Rupture (a priori définitive, étant donné que j’ai 61 ans et des brouettes) de mes relations avec Pôle Emploi. Je deviens… veilleur de nuit. J’en parle dans ce papier [Expérience-limite]. Crier Macron démission sur un quai de gare pendant la grève de la RATP.

Dans le même esprit, lire aussi : Macron Ier et les soudards de la raie-publique.

Pour mémoire :  le fameux "stage du lendemain" proposé en décembre 2005 par l’ANPE du 9e arrondissement (auquel j’avais pu échapper car je créais mon entreprise), qui donna naissance au livre Chômeurs, qu’attendez-vous pour disparaître ? publié en 2007 dans ma (défunte) petite entreprise. Et plus récemment (2014), une missive de Pôle Emploi m’invitant à m’autoradier, euh, pardon, à me désinscrire.

mardi 3 avril 2018

"Mother Feeling", de Michel Chevron : un thriller étourdissant et cruel

Depuis Fille de sang (Canaille, 1993) et Séraphine l’adolescente massacrée qui se métamorphose en lionne vengeresse, Les Purifiants et son terrifiant tueur de la Mafia obèse et mélomane (1995), J’irai faire Kafka sur vos tombes et ses vampires ténébreux (Le Poulpe, 1996), Gavial poursuite et son incursion dans le domaine de la SF (1997) jusqu’à Icône (2007) où le suicide manqué de Richard Lenoir s’accompagne d’un singulier flash-back dans la Rome antiqueMichel Chevron construit une œuvre originale dans le polar français, saluée dès ses débuts par la critique et les festivaliers (La Roche-sur-Yon, Saint-Nazaire, Lamballe, Frontignan). Mais pas par les collections de poche, qui ont sans doute des chats plus juteux à fouetter…
On connaît le goût de Chevron pour la démesure, le baroque, et son efficacité à créer des galeries de personnages tous plus effrayants, monstrueux, hénaurmes, parfois grotesques, parfois fragiles. Le tout ciselé avec une précision d’horloger, quasi-mécanique, ce qui n’est peut-être pas le fruit du hasard quand on sait qu’avant d’enseigner la mécanique et de devenir écrivain, Michel Chevron fut ouvrier ajusteur !
  Mother Feeling, son septième roman, ne déroge pas à la règle. Chevron transcende les codes du thriller avec une langue vive et fleurie, qui donne au roman sa force, sa profondeur, et sa noirceur… Car dans les romans de Chevron, on meurt et on tue aussi vite que l’on vit, et la noirceur y est toujours souveraine.
  Rodolphe Dendron, jeune photographe, vit aux crochets de sa mère, dans le souvenir éploré de sa fiancée, tombée depuis cinq ans entre les griffes du mystérieux Nain jaune, dont on comprend vite que ses intentions ne sont guère pacifiques. Il passe ses nuits sur Mother Feeling, un site de rencontres fréquenté par des femmes cherchant un géniteur pour leur futur bébé, ce qui ne va pas sans poser quelques problèmes… éthiques ! Embauché par la CRS (Cellule Rainer Strauss) comme chasseur de dettes, Dendron fait équipe avec Bekrit, un ancien policier kabyle qui a quitté le métier après avoir été traumatisé par des meurtres de bébés. Au cours d'une intervention musclée, il découvre des 7 de carreau malodorants chez Louise Parmentier, avec qui il va vivre des amours torrides, et dont le fils pourrait être… une victime du Nain jaune !
  Tel est le point de départ de "ce thriller étourdissant, où la cruauté est tempérée par le bel humour décapant de l'auteur", pour reprendre les mots de Serge Safran, son éditeur.
Mother Feeling, de Michel Chevron (Serge Safran éditeur), 292 pages, 21 €
Icône est disponible à la librairie Après la Lune.
Les Purifiants, Gavial poursuite et Fille de sang aux éditions Baleine.

samedi 10 mars 2018

Affaire Églantine Laval. Condamné à 800 € d’amende avec sursis par la cour d’Appel pour violonces volontaires, je saisis la cour de cassation

Suivant le réquisitoire de l’avocate générale, qui proposa généreusement de "couper la poire en deux", la cour d’Appel de Paris, présidée par la très inspirée Nadia Ajjan, m’a déclaré coupable de violences volontaires à l’égard d’Églantine Laval (à qui j’ai juste dit : "Et vous arrivez à dormir la nuit ?") et condamné à une amende de 800 € avec sursis.
J’ai déposé un pourvoi en cassation et rédigé mon "mémoire personnel". En attendant le "mémoire ampliatif", qui sera rédigé par mon futur avocat, si la justice consent à m’octroyer une aide juridictionnelle dans cette affaire kafkaïenne. Prochaine étape : ma plainte pour dénonciation calomnieuse contre la femme Laval, qui eut le culot entretemps – c’est sa marque de fabrique – de me poursuivre en diffamation pour "avoir porté atteinte à sa dignité d’artiste". (Plainte classée pour cause de prescription, j’ai eu chaud.)
Page d’accueil du site d’Églantine Laval, artiste à la dignité bafouée par l'infâme JJR
  La cour de cassation, qui ne juge pas sur le fond mais sur la forme, dira si elle a constaté des irrégularités de procédure dans cette affaire abracadabrante, qui me pourrit la vie depuis bientôt trois ans. (J’en ai pour ma part dénombré sept ou huit, mais je ne suis pas un spécialiste en droit…)
  Dès le début des débats, la présidente Ajjan avait émis de sérieux doutes sur la véracité des blessures infligées à la prétendue victime, le médecin n'ayant relevé aucune trace de lésions physiques, mais d’un "retentissement fonctionnel". Qu’est-ce qui a bien pu la faire changer d’avis, saperlipopette ?
  Il semblerait que mon choix d’assurer moi-même ma défense n’ait pas été très judicieux. Et que certaines envolées de ma part, qui eussent passé pour des effets oratoires dans la bouche d’un avocat, furent peu goûtées par la cour.
  Ne dites jamais à un magistrat : "Si je suis condamné, fût-ce à une amende de 1€ avec sursis, j’irai en cassation." Ne dites jamais : "Il semblerait que le fait d’être un homme fasse de moi un potentiel acteur de violence à l’égard d’une femme." Ne dites jamais : "Je suis écrivain. Contrairement à Églantine Laval, quand j'invente des histoires, je le fais dans des livres." Ne dites jamais : "Si vous le permettez, je vais reproduire au décibel près les cris de la prétendue victime lors de son sketch…"
  Cette fort désagréable expérience judiciaire fera l’objet d’un pamphlet, intitulé comme il se doit Et vous arrivez à dormir la nuit ?

mercredi 7 février 2018

Compte-rendu du procès en appel Reboux-Laval (verdict le 9 mars)

Églantine Laval, mythomane, escroc
  Le 2 février, je comparaissais devant la cour d'appel de Paris, saisie à ma demande suite à ma condamnation dans l'hallucinante affaire Églantine Laval, où j'étais poursuivi pour violences volontaires par une mythomane à qui j'ai juste demandé Et vous arrivez à dormir la nuit ?
  Quatrième procès depuis 2008, 5e comparution (un flic, l'Opus Dei, une flic devenue écrivaine, une magistrate, une escroc), il est heureux que la série Reboux au tribunal prenne fin. (Après, juré, craché, je ne sors plus de ma grotte…)
  N'ayant pas d'avocat, j'ai assuré ma propre défense. Une première pour moi. J'avais déjà été chroniqueur judiciaire pour le procès Guaino (pour L'Humanité), mais avocat, jamais !

Le fait d'être un homme fait-il de moi un potentiel acteur de violences à l'égard d'une femme ?
   Si la cour n'a guère apprécié cette remarque, mettant indirectement en cause la partialité du parquet de Montreuil, et même si je n'ai pas pu dire le quart de tout ce que j'avais prévu de dire, tout s'est à peu près bien passé. La présidente laissa d'emblée entendre qu'elle n'était pas dupe du manège de la femme Laval. "Quatre jours d'ITT sans traces de lésions traumatiques, c'est étrange !"
Églantine Laval ne manque pas d'air
  L'avocate générale, déchaînée – c'est l'usage, dit-on, lorsque les dossiers sont vides –, faillit avaler ses lunettes en apprenant que j'avais pris du sursis pour outrage et digéra assez mal de m'entendre dire, au détour de mon coming-out d'écrivain : "La violence, je me contente de la faire subir aux personnages de mes romans. Je n'ai jamais frappé personne. Et surtout pas une femme…"
  Mettant l'accent sur le témoignage d'un témoin avec qui je n'ai même pas pu être confronté et sur un certificat médical exempt de lésions traumatiques, elle recommanda la reconduction de la peine (800 € d'amende), se disant malgré tout prête à… couper la poire en deux ! À quoi je rétorquai qu'il ne saurait être question pour moi d'accepter la moindre condamnation. "Même condamné à un euro avec sursis, je me pourvoirai en cassation !" Lançai-je, en me drapant, à défaut de robe, dans ma dignité.
Verdict le 9 mars à 13h30

jeudi 18 janvier 2018

"Et vous arrivez à dormir la nuit ?" Quand une simple question se transforme en "violences volontaires". Procès devant la Cour d'appel le 2 février 2018

Le 2 février 2018 à 13h30, je comparais devant la Cour d'appel de Paris pour une histoire abracadabrante, qui donne une idée assez stupéfiante dont la justice française (avec l'assentiment de certains magistrats) peut se comporter, expliquant au passage le fameux engorgement des tribunaux.
La Cour d'appel devra décider si le fait de dire à une mythomane notoirement dérangée "Et vous arrivez à dormir la nuit ?" entre dans le domaine des "violences volontaires", comme en a décidé le tribunal de Montreuil dans son verdict du 13 juin 2017 me condamnant à 800 € d'amende pour un délit imaginaire, ainsi qu'ont pu le constater les deux policiers chargés de ma confrontation avec l'escroc mythomane Églantine Laval. Ou s'il s'agit d'une calomnie, ouvrant voie à des poursuites judiciaires ultérieures pour dénonciation calomnieuse.

mardi 16 janvier 2018

"Le Sang noir" de Louis Guilloux à l'émission "Un livre, un lecteur" (Radio RCJ)

Certains l'aiment Proust. Moi, je serais plutôt Guilloux. Proust m'endort, j'ai beau avoir tenté tous les traitements possibles et imaginables, arrivé à la page 26 de La Recherche, je pique du nez… Avec Louis Guilloux, au contraire : je me réveille ! Cripure, c'est ma mascotte, ma boussole. Dans ma poche, tout comme Gabriel Lecouvreur dans mon Poulpe La Cerise sur le gâteux, j'ai glissé un exemplaire de La Cripure de la raison tic. Pour les jours mauvais, ça peut toujours servir…
Même que jadis, à l'époque où, avec l'ami briochin Jean-François Dézier, nous avions réparé l'injustice criante dont souffrait ce bijou de la littérature en dressant un casting époustouflant d'une adaptation cinématographique, j'ai même rêvé que je lisais La Chresthomanie du désespoir, cet ouvrage mythique que ce pauvre Cripure n'eut jamais le loisir de terminer, à cause des clébards de Maïa qui s'en gavèrent comme d'une vulgaire pâtée…
Le 6 janvier 2018, Florence Berthout, maire du Ve arrondissement, m'invita à parler de son chef d’œuvre Le sang noir dans son émission Un livre, un lecteur, sur Radio RCJ.