“Kits Hilaire est une écrivaine européenne à vocation transversale. Ce n’est pas une auteure confortable. Son tempérament la conduirait plutôt à gratter les plaies en voie de cicatrisation, pour qu’on ne les oublie pas.”
Ainsi Pierre Maury commentait-il dans le journal belge Le Soir son deuxième roman La Pitié (Flammarion, 1992), qui raconte la plongée aux enfers d’une jeune femme aux prises avec un homme pervers, qu’elle prend pour Dieu. Le diagnostic visait juste.
Depuis, Kits Hilaire a peu publié (quatre romans), constituant une œuvre romanesque fulgurante, âpre et sauvage, résolument hors des sentiers battus, étrangement absente des collections de poche françaises, où paraissent tant de livres médiocres. Après la littérature à l’estomac, la littérature à l’uppercut : une formule que ne démentiront ni Rosa colère (Calmann-Lévy, 1995), ni Vise directement la tête (J.-J. Pauvert, 2000).
Ainsi Pierre Maury commentait-il dans le journal belge Le Soir son deuxième roman La Pitié (Flammarion, 1992), qui raconte la plongée aux enfers d’une jeune femme aux prises avec un homme pervers, qu’elle prend pour Dieu. Le diagnostic visait juste.
Depuis, Kits Hilaire a peu publié (quatre romans), constituant une œuvre romanesque fulgurante, âpre et sauvage, résolument hors des sentiers battus, étrangement absente des collections de poche françaises, où paraissent tant de livres médiocres. Après la littérature à l’estomac, la littérature à l’uppercut : une formule que ne démentiront ni Rosa colère (Calmann-Lévy, 1995), ni Vise directement la tête (J.-J. Pauvert, 2000).
Mais revenons trois ans en arrière… Nous sommes en 1989. Le mur de Berlin vient de tomber. Les médias du monde entier s’emparent de cet événement majeur, l’un des plus commentés de l’histoire de l’Humanité. Parmi les fictions parues sur le sujet, ce qu’on appellera le Wenderoman, le premier, et sans doute le plus (d)étonnant, sera publié chez Flammarion par la prêtresse de l’édition française Françoise Verny. Son titre ? Berlin dernière.
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L’auteure, Kits Hilaire, vit à Berlin depuis plusieurs années. Elle chante dans un groupe punk, elle a les cheveux rouges et virevolte sa vie au cœur du quartier alternatif de Kreuzberg. Contrairement aux autres ouvrages publiés sur le sujet (fiction et documents confondus), Berlin dernière est le seul à prendre le contrepied de la doxa : effondrement du communisme, chute des dictatures du bloc de l’Est, fin de la guerre Froide, réunification des deux Allemagne ; le tout anticipant la folie capitaliste et son désastre écologique consubstantiel, dont on mesure avec effroi les ravages aujourd’hui. Les protagonistes du roman vivent mal la chute, qui leur fait craindre la disparition du quartier alternatif où ils sont installés. C’est ce que raconte le roman de Kits Hilaire. C’est ce qui fait sa force. Et qui fera son succès.
Propulsé en tête des ventes grâce à un passage dans l’émission de Bernard Rapp Caractères (40.000 exemplaires), le roman connaît une carrière fulgurante. Kits Hilaire, qui a la bougeotte, quitte Berlin pour Paris, où Berlin est adapté au théâtre. Puis Séville et l’Andalousie, où elle réalise le long-métrage Saca la plata. Elle participera à l’écriture du scénario du film de Tony Gatlif Gadjo dilo. Plus tard, elle s’installera à Barcelone, où elle vit toujours, après un crochet par Cuba, les Canaries et la Chine.
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L’auteure, Kits Hilaire, vit à Berlin depuis plusieurs années. Elle chante dans un groupe punk, elle a les cheveux rouges et virevolte sa vie au cœur du quartier alternatif de Kreuzberg. Contrairement aux autres ouvrages publiés sur le sujet (fiction et documents confondus), Berlin dernière est le seul à prendre le contrepied de la doxa : effondrement du communisme, chute des dictatures du bloc de l’Est, fin de la guerre Froide, réunification des deux Allemagne ; le tout anticipant la folie capitaliste et son désastre écologique consubstantiel, dont on mesure avec effroi les ravages aujourd’hui. Les protagonistes du roman vivent mal la chute, qui leur fait craindre la disparition du quartier alternatif où ils sont installés. C’est ce que raconte le roman de Kits Hilaire. C’est ce qui fait sa force. Et qui fera son succès.
Propulsé en tête des ventes grâce à un passage dans l’émission de Bernard Rapp Caractères (40.000 exemplaires), le roman connaît une carrière fulgurante. Kits Hilaire, qui a la bougeotte, quitte Berlin pour Paris, où Berlin est adapté au théâtre. Puis Séville et l’Andalousie, où elle réalise le long-métrage Saca la plata. Elle participera à l’écriture du scénario du film de Tony Gatlif Gadjo dilo. Plus tard, elle s’installera à Barcelone, où elle vit toujours, après un crochet par Cuba, les Canaries et la Chine.
En 2001, nos chemins se croisent dans une résidence d’écrivain au Diable Vauvert, en Carmargue. Nous ne nous sommes plus quittés depuis… De ses dix dernières années passées à Barcelone, la capitale de cette Catalogne à qui les mauvais esprits postfranquistes voudraient dénier ses aspirations républicaines, elle a tiré Ivan, allégresse et liberté, un roman magnifique au titre étrange, quasi-incantatoire, où se retrouveront aussi bien les vieux militants anarchistes rescapés de la République mise à mort par Franco que les jeunes Catalans libertaires assoiffés de liberté, hors la Monarchie corrompue espagnole.
Presque 30 ans après Berlin dernière, une génération est née, qui n’a pas connu le mur. Mais d’autres murs se sont levés un peu partout dans le monde. L’avenir est sinistre : la planète fond, la Méditerranée est devenue un cimetière, Israël érige un nouvel apartheid et assassine Gaza, la Syrie est vitrifiée par un psychopathe armé par Poutine, les Chinois rachètent l’Afrique, les démocraties européennes cèdent, doucement mais sûrement, aux sirènes du racisme et du nationalisme. Bref, tout est en place pour que naissent de nouvelles catastrophes.
Et Berlin dernière est devenu un roman-culte, régulièrement cité dans les articles d’anthropologie urbaine sur le quartier de Kreuzberg. Et introuvable, qu’on réclame souvent à son auteure. Avec quelques écrivaines bourlingueuses au cosmopolitisme assumé, Kits Hilaire a créé le collectif Kierol24, une “association de malfaiteuses littéraires”. On y retrouvera Kits Hilaire, bien sûr. Mais aussi Nat Corales, Cécile Thi Dang, Olaya Sants, Élise Fugler et Adèle O’Longh, auteure du récit Les Montagnes dans les nuages, (Hoëbeke, coll. Étonnants voyageurs).
Kits Hilaire interviewée par Luis Fernandez Zaurin
..Presque 30 ans après Berlin dernière, une génération est née, qui n’a pas connu le mur. Mais d’autres murs se sont levés un peu partout dans le monde. L’avenir est sinistre : la planète fond, la Méditerranée est devenue un cimetière, Israël érige un nouvel apartheid et assassine Gaza, la Syrie est vitrifiée par un psychopathe armé par Poutine, les Chinois rachètent l’Afrique, les démocraties européennes cèdent, doucement mais sûrement, aux sirènes du racisme et du nationalisme. Bref, tout est en place pour que naissent de nouvelles catastrophes.
Et Berlin dernière est devenu un roman-culte, régulièrement cité dans les articles d’anthropologie urbaine sur le quartier de Kreuzberg. Et introuvable, qu’on réclame souvent à son auteure. Avec quelques écrivaines bourlingueuses au cosmopolitisme assumé, Kits Hilaire a créé le collectif Kierol24, une “association de malfaiteuses littéraires”. On y retrouvera Kits Hilaire, bien sûr. Mais aussi Nat Corales, Cécile Thi Dang, Olaya Sants, Élise Fugler et Adèle O’Longh, auteure du récit Les Montagnes dans les nuages, (Hoëbeke, coll. Étonnants voyageurs).
Les éditions Après la Lune, qui ont cassé leur pipe en 2013, renaissent de leurs cendres pour éditer ces titres. On peut les commander sur le site de la librairie Après la Lune. La version numérique est disponible sur le site Kierol24.
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Berlin dernière, 170 pages, 15 € / Ivan, allégresse et liberté, 262 pages, 18 €
éditions Après la Lune
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