lundi 25 février 2013

Quand une école privée fait la quête auprès des petits éditeurs pour financer ses ateliers d'écriture


Depuis que j'ai eu l'idée (chevaleresque mais stupide) de créer les éditions Après la Lune (66 titres publiés depuis mars 2006), il ne se passe pas de semaine sans que je ne reçoive des courriers d'enseignants, d’instituteurs, de parents d’élèves ou de bibliothèques fauchées demandant, pour une tombola, un rallye, un défi-lecture, un concours du plus gros mangeur de livres, que sais-je encore, l’envoi de livres gratuitsQuand j’ai le temps et que je ne suis pas trop énervé (ce qui est rare), il m’arrive de répondre, en substance : "Vous êtes bien aimable de faire appel à nous, mais savez-vous, cher enseignant censé avoir fait des études et, donc, connaître certaines choses élémentaires constitutives de notre société, parmi lesquelles l’économie du livre, ce truc relié avec plein de feuilles, dont vous vous servez tous les jours pour enseigner aux petits z’enfants de la patrie comment ça marche tout le bazar, la société, la nature, l'histoire, la géographie, les mathématiques, bref, tout ce qui nous distingue des animaux [j'ai été instituteur dans une vie antérieure] et qui s'appelle l'INTELLIGENCE, que les livres ne poussent pas directement dans les arbres, qu'il faut auparavant les fabriquer, puis payer le libraire, le diffuseur, le distributeur, l’auteur, bref, que tout cela a un coût, et que vous pourriez, au moins, proposer de payer les frais postaux (prohibitifs)" [ce que ne m’ont jamais proposé aucun de nos culottés quémandeurs]. En général, on se confond en plates excuses, du genre "pardonnez-nous si nous vous avons offensé, cher petit courageux éditeur, on ne savait pas, on n'y avait pas pensé, on ne nous l’avait pas dit, on pensait que, comme les agriculteurs, vous aviez des excédents…" et l’on en reste sur cet acte de contrition.Voici le courrier gonflé (au gaz de christe?) que j'ai reçu, émanant d'une école privée catholique du Morbihan, dont j'ai biffé le nom, par pure charité chrétienne. Bon, je vais me servir un petit calvados pour soigner mon courroux…Madame, Monsieur,







Pourquoi des enfants normalement scolarisés, sans problème d'apprentissage spécifique, et ayant acquis les mécanismes de la lecture, ne vont-ils pas naturellement vers le livre ?
Partant du constat que plus de la moitié de la population n'achète pas de livre et, depuis l'école, n'a aucune pratique de la lecture-plaisir, l'équipe pédagogique de l'école Saint-Joseph de [………] dans le Morbihan, propose une démarche engagée au service du monde de l'enfance et de la jeunesse en organisant un séjour autour du désir d'écrire, du 2 au 6 avril 2013. L'objectif principal de cette expérience est de développer l'intérêt pour la lecture en fédérant les enfants autour d'un projet commun d'écriture, en un lieu magique : Belle-île.
Ce projet concerne les élèves de CE1, CE2, CM1 et CM2 soit en tout cinquante-cinq enfants. Il sera l'occasion exceptionnelle de rencontrer Paul Beaupère, auteur jeunesse, illustrateur, indépendant multifacettes particulièrement impliqué dans les causes et les conséquences de l'écriture comme moyen d'ouvrir des horizons, de développer l'imaginaire, de donner le goût de lire. Cette aventure donnera naissance à un livre dont le sujet est encore tenu secret...
Le coût brut du séjour est de 265 euros par élève. Le budget total du projet s'élève ainsi à 14,575 euros. Des réductions viennent s'appliquer en fonction des recettes réalisées au cours des différentes manifestations de l'APEL (Association des Parents d'Élèves) et de l'OGEC (Organisme de Gestion des Écoles Catholiques), un co-voiturage entre parents est mis en place pour réduire le plus possible les frais mais le coût demandé aux familles, souvent issues de milieu modeste, reste néanmoins conséquent. Certaines d'entre elles ont parfois même deux enfants participant à ce projet.
Connaissant votre engagement à soutenir et promouvoir la littérature d'enfance et de jeunesse, nous vous saurions gré de bien vouloir attacher un intérêt tout particulier à notre demande de soutien financier en encourageant la créativité littéraire des enfants et en leur donnant par là-même le goût de lire.
Nous serions particulièrement honorés de vous compter comme partenaire exceptionnel de l'école Saint Joseph dans la réalisation de son projet « Écrivains en herbe », atelier d'écriture à Belle île. Nous nous tenons bien entendu à votre entière disposition pour plus de renseignements utiles.
Dans l'attente du plaisir de vous lire nous vous prions de croire, Madame, Monsieur, en l'expression de nos sincères salutations.

1 commentaire:

Unknown a dit…

Salut Jean-Jacques.
À l'époque où j'étais moi-même éditeur (les éditions du Barbu fermées en 2011) j'ai reçu aussi des demandes pour offrir des livres. Je les ai toutes refusées évidemment. J'ai cependant participé à des "ateliers d'écriture" dans des écoles publiques. J'y allais gratuitement... par principe. On ne se refait pas. Mais jamais, je n'ai reçu un mail comme celui-là. Je l'aurai vite fait bien fait envoyé paître...
Solidairement. Christian Blanchard