Pourquoi aussi peu de gens se ressemblent-ils ?
Comme j’évoquais en juin, à la librairie Eureka Street à Caen, l’une des obsessions de Bénuchot, l’homme qui voulait tout connaître de la foule, une amie (Mireille Brun, pour ne pas la nommer) fit cette réponse lapidaire, à laquelle je n’avais tout bêtement pas pensé, bien qu’elle tombât sous le sens : "C’est l’infini."
Dans un papier intitulé L’être pareil, précédé de cet exergue, L’esprit Bénuchot est à la pataphysique ce que l’amphore est à la métaphore, un autre lecteur, Jean Argenty, qui dit ce qu'il pense du roman sur Babelio, parvient à la même conclusion. Voici son texte.
L’être pareil
Jules
Bénuchot n’est pas seul à s’être posé la question de savoir pourquoi nous
sommes tous, chacun d’entre nous, si différents les uns des autres. Regardez-y
bien, autour de vous. À noter que ça n’est pas un service que je vous rends de
vous induire à cette constatation terrifiante.
Non,
Bénuchot n’est pas seul à être fou. Je me suis posé cette abyssale question la
première fois en regardant un film de la série des Marvel dans lequel s’ébattent
hardiment plusieurs super-héros. À part qu’ils étaient assemblables de par la
différence des sexes, tout en eux était radicalement différent. Cela m’a semblé
étrange. Pourquoi, me suis-je dit bien avant d’avoir été contacté par l’esprit
de Jules Bénuchot, pourquoi diantre n’y en aurait-il pas deux ou plusieurs pareils,
comme dans un défilé de l’armée rouge ? Ben tiens, l’armée, l’uniforme. Là,
tous dissemblables au plus haut degré les Marvel puppys.
Alors
bien sûr s’il t’arrive de prendre le métro, à Toulouse où ailleurs, tu pourras
constater que dans le métro c’est effarant au point que, psychanalytiquement
parlant, je me demandais si, cette différence répétée, cette infinité des
figures, des vêtures, des bigarrures, insaisissable dans son ensemble, dont la
totalité ne peut qu’échapper à l’entendement, n’avait pas à voir avec ce qui
est appelé "le Réel" ?
Je marchais l’autre jour aux
abords de la Garonne à Muret, dans une rue en revenant de chez Biffures,
la librairie où je venais de récupérer L’Esprit
Bénuchot ; je marchais donc le long d’un parapet
dont la partie supérieure était faite d’un assemblage de briques roses carrées
posées les unes à coté des autres comme des livres rangés sur une étagère et
là, dans une sorte de vertige, je me rendis compte qu’aucune de ces briques n’était
semblable à celles par lesquelles elle était jouxtée. Mon regard coula le long
du parapet pendant que j’avançais devant moi et je ressentis là aussi ce touché
du Réel, cette sensation d’un Infini de la différence.
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