Retraité de l’Éducation nationale, titulaire d’un diplôme de pataphysique obtenu sous l’autorité de Fernand Wouters (dont on sait que Raymond Queneau le tint en grande estime), ami du spécialiste mondial de la brouette Francis Mizio, Christian Dufour vit tout près de Limoges. C’est à sa vigilance grammaticale que l’on doit la remarquable absence de coquilles dans l’additif L’Esprit bénuchot, la résurrection.
Pendant un an, chaque matin, il s’est imposé de publier sur Facebook un écrit (savoureux) sur le Limousin en lien avec la date du jour : traditions, événements historiques ou faits divers, personnages célèbres ou écrivains – qui pour être parfois imaginaires ne le sont pas moins... Bref, de ces chroniques, comme disait Martial au Livre premier de ses Épigrammes : Sunt bon, sunt quaedam mediocria, sunt mala plura, / Quae legs : hic aliter non fit, Auite,liber (Parmi ces épigrammes que tu lis, Avitus, il y en a de bonnes, quelques-unes de passables et beaucoup de mauvaises : les livres ne se font pas autrement).
Christian ne pourra hélas pas être présent au Printemps bénuchot, suite à un accident de brouette (sans gravité, même si celle-ci chut), mais nous lirons quelques-unes de ses “Fantaisies limousines”, dont celle du 17 janvier ne déplairait pas à Jules Bénuchot s’il lui venait l‘idée de sortir des pages du roman pour prendre vie.
Pendant un an, chaque matin, il s’est imposé de publier sur Facebook un écrit (savoureux) sur le Limousin en lien avec la date du jour : traditions, événements historiques ou faits divers, personnages célèbres ou écrivains – qui pour être parfois imaginaires ne le sont pas moins... Bref, de ces chroniques, comme disait Martial au Livre premier de ses Épigrammes : Sunt bon, sunt quaedam mediocria, sunt mala plura, / Quae legs : hic aliter non fit, Auite,liber (Parmi ces épigrammes que tu lis, Avitus, il y en a de bonnes, quelques-unes de passables et beaucoup de mauvaises : les livres ne se font pas autrement).
Christian ne pourra hélas pas être présent au Printemps bénuchot, suite à un accident de brouette (sans gravité, même si celle-ci chut), mais nous lirons quelques-unes de ses “Fantaisies limousines”, dont celle du 17 janvier ne déplairait pas à Jules Bénuchot s’il lui venait l‘idée de sortir des pages du roman pour prendre vie.
Le zinc est, selon la pertinente formule d’Antoine Blondin, « le seul métal conducteur d'amitié ». De préférence quand il recouvre un comptoir. De bistro. Au point que, par une synecdoque vieille d’un siècle et demi et que l’on doit à Zola dans Le Ventre de Paris, « le zinc », c’est un comptoir.
Mais les plus beaux zincs étaient en étain. Leur patine qui leur donnait une merveilleuse teinte vieil argent était particulièrement attractive au soiffard que j’étais. Je crois n’avoir pas été le seul à y user mes condyles huméraux. Était-il de zinc, d’étain, ou de vil formica, ce zinc glissant comme verglas sur lequel, selon le récit qu’il m’en fit, partit en vrille le coude du défunt Marquis, accident de comptoir qui lui valut la perte irrémédiable de quelques incisives maxillaires ? Je l’ignore.
Agricole Perdiguier célébré en sa ville natale de Morières |
Nous étions alors quelques-uns à prendre régulièrement la route d’Eymoutiers pour nous rendre dans une maison louée en commun où nous nous livrions aux douces délices de la méditation transcendantale et de la longue, immense et raisonnée absorption de spiritueux médicaux. Une si longue expédition imposait quelques arrêts : on ne plaisante pas avec les risques de la déshydratation. Le premier était, passé Feytiat, à La Croix-Rouge, l’Auberge de la Charmille. Le patron n’était pas n’importe qui. Pierre Louis, dit Limousin le Cœur Fidèle, était Compagnon du Devoir de Liberté, émule d’Agricol Perdiguier dont il avait donné le prénom à son fils. Il était meilleur ouvrier de France en menuiserie. Il était aussi étainier. Et quel ! Son comptoir ? une merveille. Et qui avait une histoire : il avait fait, comme son propriétaire, la Résistance. Un texte gravé dans l’étain le rappelait ; pour échapper à la réquisition des métaux, le comptoir avait pris le maquis pour n’en sortir qu’à la Libération. Autant dire que boire un coup sur pareil monument historique donnait aux consommations un goût tout particulier, et qu’il importait de les savourer avec un tel respect qu’il convenait de renouveler l’opération afin de bien s’imprégner de la solennité du lieu.
Pierre Louis s’est éteint à l’âge de 80 ans, en 1986. Son comptoir, lui, se trouve aujourd’hui à la Cité des Métiers et des Arts de Limoges, rue de la Règle, en bordure du jardin de l'Évêché.
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